Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 007

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Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 10-11).

FABLE VII.

L’HIRONDELLE ET LA PIE.


Eh ! vous voilà, ma bonne amie,
Disoit la babillarde pie
À l’hirondelle au retour du printemps
Vous paroissez vous bien porter, ma mie,
Ainsi que votre époux et vos jolis enfans ?
Vous êtes tous heureux, vous faites bon ménage ;
C’est assez rare dans ce temps.
Contez-moi donc histoires de voyage.
Qu’avez-vous vu de curieux,
Et rencontré de dangereux ?
Dans nos forêts point de nouvelles :
Ces criailleurs de geais sont toujours en querelles ;
Les avides moineaux dévastent prés et champs ;
Les fauvettes enfin chez nous sont infidelles
Sans cesse à leurs maris, et même à leurs amans.
Non loin de ce chêne où j’habite,
Et près de la masure autrefois votre gîte,

Demeurent depuis peu de tendres tourtereaux ;
Ce sont de bons voisins, mais de tristes oiseaux :
La tourterelle
Est douce et belle ;
Mais, entre nous, il n’est rien de si sot :
Elle reste avec moi toute l’après-dînée,
Sans desserrer le bec, sans me dire un seul mot ;
Je crois que sans parler elle passe l’année :
Avez-vous connu de vos jours
Plus insupportable femelle ?…
Oh ! oui, repartit l’hirondelle,
C’est celle qui parle toujours.