Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 117

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Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 131-132).

FABLE CXVII.

LE CROYANT ET L’ATHÉE.


Comment tu suis le cours des globes lumineux,
Tu contemples toujours la majesté des cieux,
Sans que ton âme enfin soit attendrie
Par leur touchante et divine harmonie ?
— Non, tout est par hasard, la voix d’un créateur
Ne s’est jamais fait entendre à mon cœur.
Je satisfais mon goût, j’aime l’Astronomie,
L’ordre du ciel me plaît, sans lui trouver d’auteur.
— Un astronome athée… Oh ! quelle inconséquence !

Mais cache ton erreur source d’extravagance.
Prends modèle plutôt sur ce fameux Neuton
Qui de Dieu révéroit les ouvrages, le nom,
Et qui dans les calculs de son vaste génie
Sentoit de l’Éternel la puissance infinie.
Bien plus que toi je suis heureux,
Et la seule raison m’éclaire.
Tu ne vois point ce Dieu dans la splendeur des cieux
Je le vois partout sur la terre :
À mes yeux l’univers paroît son sanctuaire.