Œuvres complètes (M. de Fontanes)/Réponse au Compte-Rendu, 1806

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RÉPONSE


DU PRÉSIDENT DU CORPS LÉGISLATIF


AU COMPTE RENDU


DE LA SITUATION DE L’EMPIRE,


Que vinrent présenter dans cette Assemblée (séance du 5 mars 1806) M. de Champagny, ministre de l’intérieur, MM. Bigot-Préamenen et Cretet, conseillers d’État.


Monsieur le Ministre de l’Intérieur et Messieurs les Conseillers d’État,


La présence et les paroles de l’Empereur avaient laissé dans ces lieux des impressions profondes qui se réveillent quand vous nous parlez de lui. Nous devions être accoutumes aux prodiges ; mais les derniers exploits du vainqueur d’Austerlitz ont pourtant surpris ceux qui l’admiraient le plus, comme s’ils ne le connaissaient pas encore. Il ne fut donné qu’à lui de renouveler toujours l’admiration qui semblait toujours épuisée. Mais tant de triomphes ne sont aujourd’hui qu’une partie de sa gloire.

L’homme devant qui l’Univers se tait est aussi l’homme en qui l’Univers se confie. Il est à la fois la terreur et l’espérance des peuples ; il n’est pas venu pour détruire, mais pour réparer. Au milieu de tant d’États où la vigueur manquait à tous les conseils, et la prévoyance à tous les desseins, il a montré tout à coup ce que peut un grand caractère. Il a rendu à l’histoire moderne l’intérêt de l’histoire ancienne, et ces spectacles extraordinaires que notre faiblesse ne pouvait plus concevoir.

Dès que les sages le virent paraitre sur la scène du monde, ils reconnurent en lui tous les signes de la domination, et prévirent que son nom marquerait une nouvelle époque de la société. Ils se gardèrent bien d’attribuer à la seule fortune cette élévation préparée par tant de victoires, et soutenue par une si haute politique. La fortune est d’ordinaire plus capricieuse. Elle n’obéit si longtemps qu’aux génies supérieurs. Qui ne reconnaît l’ascendant de celui qui préside à nos destinées ? Puissent les exemples qu’il donne à l’Europe n’être pas perdus, et que tout ce qu’il y a de gouvernements éclairés sur leurs véritables intérêts se réunisse autour du sien, comme autour d’un centre nécessaire à l’équilibre et au repos général !

Cependant, quelles que soient au dehors la renommée de nos armes et l’influence de notre politique, le Corps législatif craindrait presque de s’en féliciter, si la prospérité intérieure n’en était pas la suite nécessaire. Notre premier vœu est pour le peuple ; nous devons lui souhaiter le bonheur avant la gloire. Ce vœu, qui est la première pensée de l’Empereur, sera rempli. Nous en avons pour garant ses promesses, dont nous voyons déjà l’accomplissement dans le tableau que vous avez développé.

Le système des finances va devenir plus simple. le revenu public s’accroîtra, et le peuple sera soulagé. Le même esprit anime tout ; et, lorsque nous vous entendions rappeler tant de travaux, presque aussitôt achevés qu’entrepris, les canaux ouverts dans les campagnes, les chemins tracés sur les sommets des Alpes, les hospices enrichis par l’économie et la probité, les temples réparés, les villes embellies, chacun de nous songeait au Ministre digne de concourir par ses lumières et son zèle aux bienfaits d’une administration si sage et si puissante.

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Messieurs les Conseillers d’État, le Corps législatif vous donne acte de l’exposé que vous venez de lui faire : il se formera en comité général pour s’occuper de cette communication.