Pour tout Paris quel outrage !
Amis, nous v’là licenciés.
Est-ce parc’ que not’ courage
Brilla contre leurs alliés ? (bis.)
C’est quelqu’ noir projet qui perce.
Morbleu ! pour nous prêter s’cours,
Il faut qu’ chacun d’ nous s’exerce.
Du mêm’ pied partons toujours.
N’ cessons pas,
Chers amis, d’ marcher au pas.
Moitié d’ la gard’ nationale
S’ composait d’anciens soldats ;
Des braves d’ la gard’ royale
Aussi faisions-nous grand cas.
Sans l’ ministère, nul doute
Qu’on eût pu nous voir quelqu’ jour,
Dans not’ verre, eux boir’ la goutte,
Nous, marcher à leur tambour.
N’ cessons pas,
Chers amis, d’ marcher au pas.
Nos voix ont paru sinistres :
D’ nouveau pourtant il faudra
Crier à bas les ministres,
Les jésuit’ et cætera.
Pour son argent j’ crois qu’ la foule
A bien l’ droit d’ former un vœu ;
N’est-c’ que quand la maison croule
Qu’on permet d’ crier au feu ?
N’ cessons pas,
Chers amis, d’ marcher au pas.
Au lieu d’ monter à la Chambre,
Nous aurions bien dû, je l’ sens,
Des injur’s de plus d’un membre
D’mander raison aux trois cents.
La Charte qu’on y tiraille
Est leur rempart ; mais, au fond,
On peut franchir c’te muraille
Par les brèches qu’ils y font.
N’ cessons pas,
Chers amis, d’ marcher au pas.
Au château faire l’ service
Sans cartouch’s pour se garder ;
En voir donner à chaqu’ Suisse ;
En arrièr’ ça fait r’garder.
Qui rétrograde se blouse ;
Gens d’ la cour, sauf vot’ respect,
Vous risquez quatre-vingt-douze
Pour ravoir quatre-vingt-sept.
N’ cessons pas,
Chers amis, d’ marcher au pas.
Puisqu’ Mont-Rouge nous menace,
Et rêv’ quelqu’ Saint-Barthél’my,
Préparons-nous, quoi qu’on fasse,
À repousser l’ennemi.
Quand vers un’ perte certaine
L’ navire est conduit foll’ment,
En dépit du capitaine,
Faut sauver le bâtiment.
N’ cessons pas,
Chers amis, d’ marcher au pas.