Œuvres complètes de Béranger/La Vieillesse
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LA VIEILLESSE
Nous verrons le temps qui nous presse
Semer les rides sur nos fronts ;
Quoi qu’il nous reste de jeunesse,
Oui, mes amis, nous vieillirons.
Mais à chaque pas voir renaître
Plus de fleurs qu’on n’en peut cueillir ;
Faire un doux emploi de son être ;
Mes amis, ce n’est pas vieillir.
En vain nous égayons la vie
Par le champagne et les chansons ;
À table, où le cœur nous convie,
On nous dit que nous vieillissons.
Mais jusqu’à sa dernière aurore
En buvant frais s’épanouir ;
Même en tremblant chanter encore ;
Mes amis, ce n’est pas vieillir.
Brûlons-nous pour une coquette
Un encens d’abord accueilli,
Bientôt peut-être elle répète
Que nous n’avons que trop vieilli.
Mais vivre en tout d’économie,
Moins prodiguer et mieux jouir ;
D’une amante faire une amie ;
Mes amis, ce n’est pas vieillir.
Si longtemps que l’on entretienne
Le cours heureux des passions,
Puisqu’il faut qu’enfin l’âge vienne,
Qu’ensemble au moins nous vieillissions.
Chasser du coin qui nous rassemble,
Les maux prêts à nous assaillir ;
Arriver au but tous ensemble ;
Mes amis, ce n’est pas vieillir.
Air noté dans Musique des chansons de Béranger :
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