Du célibat fidèle appui,
Je vois avec colère
L’Amour essuyer aujourd’hui
Les larmes de son frère.
Grâces, talents, et vertus,
Ont droit à mille tributs.
Mais un célibataire
Ne peut chanter des nœuds si doux :
On n’aura rien à faire
Chez de pareils époux.
Monsieur prend femme, c’est fort bien,
Il la prend jeune et belle :
Mais, comptant ses amis pour rien,
Monsieur la prend fidèle.
Il faudra dans cinquante ans
Célébrer leurs feux constants.
Non, tout célibataire
Ne peut chanter des nœuds si doux :
On n’aura rien à faire
Chez de pareils époux.
Morbleu ! Qui n’aurait de l’humeur
En pensant que Madame
De Monsieur fera le bonheur,
Bien qu’elle soit sa femme ?
Jours de paix et nuits d’amour ;
Le diable y perdra son tour.
Non, tout célibataire
Ne peut chanter des nœuds si doux :
On n’aura rien à faire
Chez de pareils époux.
Encor si l’Amour avait pris
Une dîme en cachette !
Mais le plus heureux des maris,
En quittant sa couchette,
Demain se pavanera,
Et les mains se frottera…
Non, tout célibataire
Ne peut chanter des nœuds si doux :
On n’aura rien à faire
Chez de pareils époux.