Air de la Contredanse des petits pâtés (Air noté ♫)
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.
Guilain, sous les charmilles,
Au temps de Rabelais,
Mit en train femmes, filles,
Bourgeois, manants, varlets.
Les bigots, par rancune,
Au sorcier criaient tous,
Disant : Au clair de lune
Il fait danser les loups.
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.
Qu’il ait ou non un charme,
Par lui tout va sautant ;
Vieux que la danse alarme,
Jeunes qui l’aiment tant.
Son coup d’archet sonore
Fit, et point n’en riez,
Danser jusqu’à l’aurore
Deux nouveaux mariés.
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.’
Un jour, sous sa fenêtre,
Passe un enterrement :
Le cortége et le prêtre
Entendent l’instrument.
Ils sautent ; la prière
Cède aux joyeux accords ;
Et jusqu’au cimetière
On danse autour du corps.
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.
À la cour on l’appelle :
Il y va, le pauvret !
Là, que d’or étincelle !
Quel brillant cabaret !
Là, rois, princes, princesses,
Rubis, perles, velours ;
Tout jusqu’à des caresses ;
Tout, hors de vrais amours.
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.
Il joue, et l’on dédaigne
Ce qu’il y met de soin.
Où l’ambition règne
La gaîté perd son coin.
Maint danseur de quadrille
Se dit : N’oublions pas
Que plus le parquet brille
Plus on fait de faux pas.
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.
Dieu ! chacun bâille ! ô rage !
Guilain désespéré
Fuit, et meurt au village,
De tout Meudon pleuré.
La nuit, revient son ombre.
Oyez ces sons lointains.
Guilain, dans le bois sombre,
Fait sauter les lutins.
Dansez vite ! obéissez donc
Au ménétrier de Meudon ;
Dansez vite ! obéissez donc,
Il est le roi du rigodon.