Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 05/7/24

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XXIV

Comment sainte Claire, par ordre du Pape, bénit le pain qui était sur une table, et comment sur chaque pain apparut le signe de la sainte croix.

Sainte Claire, très-pieuse disciple de la croix du Christ, et belle plante de saint François, était d’une si grande sainteté, que non-seulement les évêques et les cardinaux, mais aussi le Pape, désiraient avec grande ardeur la voir et l’entendre ; et plusieurs fois le Pape la visita en personne. Une fois entre autres, le Saint-Père alla au monastère où elle était, pour l’entendre parler des choses célestes et divines. Et comme ils étaient ensemble, tenant divers discours, sainte Claire, pendant ce temps, fit mettre la table et y posa le pain, afin que le Saint-Père le bénît. Ensuite, l’entretien spirituel étant terminé, sainte Claire s’agenouilla avec grand respect, et pria le Pape de vouloir bien bénir le pain placé sur la table. Le Saint-Père lui répondit : « Sœur Claire très-fidèle, je veux que tu bénisses ce pain, et que tu fasses sur lui le signe de la sainte croix du Christ, auquel tu t’es toute donnée. » Sainte Claire lui dit : « Très-Saint Père, pardonnez-moi ; je serais digne de trop de blâme, si, en présence du vicaire du Christ, moi qui suis une humble et misérable femme, j’avais la hardiesse de donner cette bénédiction. Le Pape répondit : « Afin que ceci ne te soit pas imputé à présomption, mais pour que tu aies le mérite de l’obéissance, je t’ordonne, par la sainte obéissance, de faire sur ce pain le signe de la très sainte croix, et de le bénir au nom de Dieu. » Alors sainte Claire, comme une véritable fille de l’obéissance, bénit pieusement le pain avec le signe de la très-sainte croix. Merveilleuse chose ! aussitôt le signe de la croix parut parfaitement tracé sur chaque pain. Alors une partie de ces pains fut mangée, et. l’autre partie fut réservée à cause du miracle. Le Saint-Père, qui avait vu le miracle, prit un de ces pains, et, rendant grâce à Dieu, il partit, laissant sainte Claire avec sa bénédiction. En ce temps, sœur Ortulane, mère de sainte Claire, et Agnès, sa sœur, demeuraient toutes deux dans ce monastère avec sainte Claire, pleines de vertus et pleines de l’Esprit-Saint. Avec elles vivaient beaucoup d’autres saintes religieuses, a qui saint François envoyait un grand nombre de malades ; et elles, par leurs oraisons et par le signe de la sainte croix, les rendaient tous à la santé.