Œuvres complètes de François Villon/Notes

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Œuvres complètes de François Villon, Texte établi par éd. préparée par La Monnoye, mise à jour, avec notes et glossaire par M. Pierre JannetA. Lemerre éd. (p. Notes).
NOTES.

(Les chiffres renvoient aux pages du volume. V. signifie vers ; Pr., Prompsault ; P. L., M. Paul L. Jacob, bibliophile.)

P. 1. Clément Marot aux Lecteurs. Cette préface, avec le huitain qui l’accompagne, est en tête de l’édition de Paris, Galiot du Pré, 1533, la première donnée par Marot.

P. 2, lig. 28. Toutesfoys… Marot dit clairement qu’il n’a pas consulté un seul manuscrit. Il n’a pas non plus eu sous les yeux toutes les éditions du XVe siècle.

P. 4, lig. 5. Après… Les vers que Marot dit avoir refaits sont au nombre de dix ou douze seulement, et, chose singulière, on les trouve tels quels dans les manuscrits et les anciennes éditions. (P. L.)

P. 7. Le Petit Testament. Ce titre, que Villon n’avait pas eu l’intention de donner à ses lays (voy. p. 50, v. 11), se trouve en tête des plus anciennes éditions de ses œuvres.

P. 8-9. Les huitains IV à IX ont été publiés pour la première fois par Prompsault, d’après un mss. La Monnoye ne les a pas connus.

P. 9, huitain IX. L’invocation par laquelle Villon commence son Testament n’est qu’une affaire de simple formule. Ce n’est pas là qu’il faut chercher la preuve de ses sentiments religieux.

P. 14, huit. XXIII. Ce huitain, publié pour la première fois par Prompsault, se trouve en manuscrit dans l’exemplaire annoté de La Monnoye.

P. 17-19. Les huitains XXXVI-XXXIX, publiés pour la première fois par M. Prompsault, n’étaient pas connus de La Monnoye. C’est une satire du jargon scolastique du temps. Il n’est pas certain que Villon en soit l’auteur. J’ai conservé quelques-unes des corrections introduites dans ce texte par M. P. L.

P. 21. Le Grand Testament. Huit. I. En l’an trentiesme de mon eage… On a conclu de ce vers que Villon n’avait pas trente ans accomplis en 1461. La mesure du vers ne lui permettait pas d’être plus exact ; mais dans le Débat du corps et du cœur (p. 113), fait dans la prison de Meung, il dit positivement : « Tu as trente ans. » Il était donc réellement né en 1431.

P. 22, huit. V. La leçon de l’édition Prompsault est meilleure que celle de La Monnoye. La voici :

Si prieray pour lui de bon cueur,
Par l’ame du bon feu Cotard…

C’est-à-dire que Villon jure par l’âme de son procureur Cotard (voy. ce nom au Glossaire-index), de prier Dieu pour Thibault d’Aussigny. La suite nous apprend ce qu’il entend par là.

P. 37-38. On a cru que dans les huitains XLIII—XLV Villon parlait de lui-même ; c’est évidemment une erreur. Pour le reconnaître, il suffit de se rappeler qu’il n’avait que trente ans, et n’était pas un « pauvre vieillart. »

P. 45, huit. LIV. Je n’ai pas adopté la correction de La Monnoye, qui termine ainsi ce huitain :

C’est pure verité decellée :
Pour une joye cent doulours.

P. 56. Les six premiers vers de l’Envoi donnent en acrostiche le nom de Villon, ainsi que M. Nagel l’a remarqué le premier. Il a découvert aussi que le premier huitain de la Ballade de Villon à s’amye, p. 57, donne en acrostiche le nom de Françoys. Le second huitain donne Martheos, sans doute par l’effet du hasard.

P. 90. Lays. Publié pour la première fois par Prompsault. En manuscrit dans La Monnoye. Il en est de même du huitain CLIII, p. 91.

P. 99. « Et je croy bien que pas n’en ment. » Le huitain qui commence par ce vers et le reste de la ballade ont été publiés pour la première fois par Prompsault. Ils existent en manuscrit dans La Monnoye.

P. 101. Poésies diverses. Le titre de plusieurs éditions annonce un Codicille, ce qui a préoccupé quelques éditeurs plus que de raison. L’édition de Pierre Levet, l489, et une autre édition du XVe siècle (la troisième décrite par M. Brunet), disent ce qu’il faut entendre par là. Dans celle de Pierre Levet on lit : Cy commence le grant Codicille et Testament de maistre François Villon, et dans l’autre : S’ensuit le grant Testament et Codicille de maistre François Villon. Le Codicille n’est donc autre chose que le Grand Testament, postérieur de cinq ans au Petit Testament.

Les poésies diverses ont été classées de différentes façons, selon le gré des éditeurs. J’ai cherché à les ranger chronologiquement. Le quatrain et l’épitaphe (p. 101), la Requeste au Parlement (p. 103), la Ballade de l’appel (p. 104), le Dit de la naissance Marie (p. 105) et la Double ballade (p. 107) se rapportent au procès de 1457. Je parlerai des autres pièces plus tard.

P. 105. Le Dit de la naissance Marie. Cette pièce et les deux suivantes se trouvent dans un très-beau manuscrit des Poésies de Charles d’Orléans, conservé à la Bibliothèque impériale. Elles ont été publiées pour la première fois par M. Prompsault.

P. 107. Double ballade. Cette pièce, adressée à Marie d’Orléans, fut composée longtemps après la précédente, et lorsque la princesse était déjà grande, et avait « port assuré, maintien rassis » (p. 109, v. 17).

P. 110. Ballade Villon. Cette pièce est incontestablement de Villon, dont elle porte le nom dans le manuscrit des poésies de Charles d’Orléans. Il n’est pas aussi certain que les deux autres pièces tirées du même manuscrit soient de lui, mais c’est on ne peut plus vraisemblable.

Cette ballade fut composée sur un sujet donné par le duc d’Orléans. On trouve dans le manuscrit de ses poésies celles qui furent composées à la même occasion par onze autres poëtes.

P. 111. Epistre. Cette pièce fut composée dans la prison de Meung. Elle a été publiée pour la première fois par Prompsault, mais elle existe en manuscrit, avec des variantes, dans La Monnoye.

P. 112. Le Débat du cueur et du corps. Composé dans la prison de Meung. Les précédents éditeurs n’ont pas remarqué que le nom de Villon se trouve en acrostiche dans les six vers qui, non compris le refrain, forment l’envoi.

P. 113. La Requeste à Monseigneur de Bourbon. Prompsault se trompe lorsqu’i1 dit que Marot a fait le titre de cette ballade. On le trouve dans les éditions du XVe siècle tel qu’il est reproduit ici.

Le duc de Bourbon était Jean II, qui mourut en 1487 ; ce ne pouvait être Charles Ier, mort en décembre 1456, à l’époque précisément où Villon, peu connu comme poëte, se faisait fouetter publiquement.

P. 119. Ballade des povres housseurs. Cette pièce a éte tirée du Jardin de plaisance par Prompsault. Il n’est pas bien prouvé qu’elle soit de Villon. On ne sait pas au juste ce que signifie ce mot housseurs. Cotgrave le traduit par balayeurs, ramoneurs ; M. P. L., par batteurs de tapis ; Prompsault, par porteurs de housseaux ou de bottes ; M. Campeaux, par écoliers portant des housses, comme ceux du collége de Navarre. Son explication me paraît la meilleure, à moins que housseurs ne signifie faiseurs de houseaux. Il y a un rapprochement à faire entre cette supposition et, d’une part, les conjectures de M. Campeaux relativement à la profession du père de Villon ; d’autre part, l’affirmation très-nette de la onzième des pièces attribuées à Villon, que je publie, p. 139. « … Mon père est cordouennier. » Malheureusement ce rondeau n’est pas plus certainement de Villon que la Ballade des povres housseurs.

P. 120. Probleme ou Ballade Publié pour la premiere fois par Prompsault. En manuscrit dans La Monnoye.

P. 121. Ballade contre les mesdisans de la France. Prompsault a cru publier cette pièce pour la première fois ; mais il en existe une édition en caractères gothiques, reproduite par M. A. de Montaiglon dans les Anciennes Poésies françoises, t. V, p. 320, qui m’a fourni de bonnes variantes. La Monnoye la connaissait. Elle existe en manuscrit dans son exemplaire annoté, avec le titre qu’elle porte ici.

P. 124. Le Jargon ou Jobelin. Tous les éditeurs de Villon ont reculé devant l’explication de ces ballades en argot. Je suis leur exemple ; mais cela ne doit pas décourager ceux qui voudraient tenter l’entreprise. En recueillant avec soin toutes les variantes des anciennes éditions, en rapprochant les ballades de Villon des monuments assez nombreux de ce langage qui nous restent du XVe siècle et du commencement du XVIe, on arriverait probablement à quelque chose de satisfaisant.

P. 133. Poésies attribuées à Villon. J’ai choisi ce titre à cause de son élasticité. Je ne suis pas convaincu que ces pièces soient de notre poëte ; mais je n’ai pas voulu, en les donnant comme émanant de ses disciples, lui faire tort de celles qui peuvent lui appartenir.

P. 133-143. Dix-sept pièces choisies parmi celles que M. Campeaux a tirées du Jardin de plaisance. On ne peut lire son travail sans être tenté d’admettre que plusieurs de ces pièces sont réellement de Villon.

P. 144-146. Les ballades XVIII, XIX et XX ont été réunies pour la première fois aux œuvres de Villon dans l’édition de 1723. Je ne crois pas qu’elles soient de lui.

P. 147. Ballade joyeuse des taverniers. Cette pièce se trouve dans toutes les éditions de la Chasse et le Départ d’Amours, d’Octavien de Saint-Gelais, dont la première est de 1509. Je dois cette indication à mon ami M. Louis Moland.

P. 150. Monologue du franc archier de Baignollet. Réuni pour la première fois aux œuvres de Villon en 1532, dans une édition de Galiot du Pré. Il existe de ce monologue une édition gothique, format d’agenda, qui a été reproduite dans l’Ancien théâtre françois, t. II, p. 326. J’en ai tiré quelques variantes.

P. 164. Dialogue de messieurs de Mallepaye et de Baillevent. De même que le Monologue du franc archer, cette pièce fut réunie pour la première fois aux œuvres de Villon dans l’édition de Galiot du Pré, 1532. Elle est écrite, comme l’a remarqué le premier M. A. de Montaiglon, « en strophes de six vers sur deux rimes, qui s’enchaînent de telle façon que la rime placée dans une strophe au troisième et au sixième vers se répète, dans la strophe suivante, aux quatre autres vers, c’est-à-dire au premier, au second, au quatrième et au cinquième. » Je l’ai divisée selon ces indications, et l’on conviendra qu’elle y a beaucoup gagné.

Deux strophes sont incomplètes, l’une d’un vers, p. 172, et l’autre de deux, p. 177.

P. 178. Les Repeues franches. Ce recueil fut imprimé plusieurs fois dans le XVe siècle et la première moitié du XVIe. Il n’est pas de Villon ; mais le poëte y joue un tel rôle qu’on ne peut se dispenser de le joindre à ses œuvres, ce qu’on fait, du reste, depuis plus de trois cents ans. Il est écrit presque tout entier en strophes de huit vers, ce que les précédents éditeurs n’avaient pas assez remarqué, comme l’a dit M. A. de Montaiglon. Il y a vers la fin quelques strophes que je n’ai pu compléter, bien que j’aie consulté plusieurs éditions anciennes, y compris celle de Jean Trepperel, que je crois la première.

P. 187. La Manière d’avoir du poisson. Le moyen employé par Villon pour se débarrasser du porte-pannier rappelle le fabliau des Trois Avugles de Compiengne, par Cortebarbe. Voir aussi les Aventures de Til Ulespiègle, chap. LXXI (Nouvelle collection Jannet) ; Morlini, nouv. XIII ; les Facétieuses Nuits de Straparole, édition Jannet, Paris, 1857, t. Ier, p. liv.

P. 190. La Manière d’avoir des trippes. Voir un expédient analogue dans les Aventures de Til Ulespiègle, édition citée, chap. LXXII.

P. 191. La Manière d’avoir du pain. Imité par l’auteur des Aventures de Til Ulespiègle, chap. VI.

P. 192. La Manière d’avoir du vin. Se retrouve dans Til Ulespiègle, chap. LVII.

P. 206. La Repeue franche du Soufreteux. Imité par l’auteur de Til Ulespiègle, chap. LXI, et par Bonaventure Des Périers. Voy. l’édition de M. Louis Lacour, 1856. In-16, p. 122.