Œuvres de Camille Desmoulins/Tome II/Acte de naissance d’Horace Desmoulins

La bibliothèque libre.

ACTE DE NAISSANCE D’HORACE DESMOULINS
FILS DE CAMILLE DESMOULINS[1]


Extrait du registre provisoire des naissances, constatées à la ci-devant maison commune de Paris, année 1792.

8 juillet, 1792.

Ce jourd’hui, 8 juillet 1792, l’an IV de la liberté, est comparu devant nous officier municipal, administrateur de police, étant actuellement à la maison commune dans le lieu des séances ordinaires du corps municipal, les portes étant ouvertes, Benoît-Camille Desmoulins, citoyen membre du conseil général de cette commune, demeurant à Paris, rue du Théâtre-Français.

Lequel nous a dit que le 6 de ce mois, à neuf heures lu matin, il lui était né un fils du légitime mariage de lui comparant, avec Anne-Lucile-Philippe Laridon-Duplessis.

Que la liberté des cultes étant décrétée par la Constitution, et par un décret de l’Assemblée nationale législative, relatif au mode de constater l’état civil des citoyens autrement que par des cérémonies religieuses, il doit être élevé dans chaque municipalité chef-lieu un autel sur lequel le père, assisté de deux témoins, présentera à la Patrie ses enfants.

Le comparant voulant user des dispositions de la loi constitutionnelle, et voulant s’épargner un jour, de la part de son fils, le reproche de l’avoir lié par serment à des opinions religieuses, qui ne pourraient pas encore être les siennes, et de l’avoir fait débuter dans le monde par un choix inconséquent, entre neuf cents et tant de religions qui partagent les hommes, dans un temps où il ne pouvait pas seulement distinguer sa mère.

En conséquence, il nous requiert, pour constater la naissance et l’état civil de son fils, qu’il nous a fait présenter sur le bureau en présence de Laurent Lecointre et de Merlin de Thionville, citoyens députés de l’Assemblés nationale, de recevoir la présente déclaration, voulant que son fils se nomme Horace-Camille Desmoulins. De laquelle déclaration il requiert qu’il en soit fait transcription dans le registre qui sera ouvert conformément à la loi ci-dessus rappelée, et que la présente minute, soit par nous en attendant, déposée au greffe de la municipalité, et dont expédition lui sera donnée aussi signée par le déclarant avec nous et les témoins désignés, les jours et an que dessus.

Signé : Camille Desmoulins, Merlin
de Thionville, et Lecointre
.

Le dépôt de l’acte ci-dessus a été fait au secrétariat de la municipalité, et reçu par moi, secrétaire-greffier, le 9 juillet 1792, l’an IV de la liberté.

Signé : Royer.
  1. Il serait sans doute peu curieux d’exhumer cette pièce si elle était en tout semblable à toute autre ; mais en dehors des formules d’usage il y a des déclarations toutes particulières dont le lecteur appréciera l’intérêt.