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Œuvres de Lucile de Chateaubriand/Au vicomte de Chateaubriand, 1804 (7)

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Texte établi par Louis Thomas Élément soumis aux droits d’auteur. Cliquer pour en savoir plus.Société des trentes, Albert Messein (p. 108-109).


Au vicomte de Chateaubriand


Saint-Michel (1804).


Mon ami, jamais le son de ta voix ne m’a fait tant de plaisir que lorsque je l’entendis hier dans mon escalier. Mes idées, alors, cherchaient à surmonter mon courage. Je fus saisie d’aise de te sentir si près de moi ; tu parus et tout mon intérieur rentra dans l'ordre. J’éprouve quelquefois une grande répugnance de cœur à boire mon calice. Comment ce cœur, qui est un si petit espace, peut-il renfermer tant d'existence et tant de chagrins ? Je suis bien mécontente de moi, bien mécontente. Mes affaires et mes idées m’entraînent ; je ne m’occupe presque plus que de Dieu et je me borne à lui dire cent fois par jour : — Seigneur, hâtez-vous de m’exaucer, car mon esprit tombe dans la défaillance.