Œuvres posthumes (Verlaine)/Mémoires d’un veuf
MÉMOIRES D’UN VEUF
I
La Victime, ruinée, couvre l’avoué roux d’un tas de coups de revolver, n’ayant pas d’autre arme sous sa main.
Envoi des clercs. On interroge ce client.
— Ça et ça ?
— Ça et ça.
— Alors pourquoi n’avoir pas tué votre femme, cause de tout, au lieu de M. Untel qui ne fut que son agent ?
— Parce qu’on ne fusille pas de la m....
Par un de ces hasards qui arrivent rarement, la Victime s’est évadée du Dépôt des Condamnés et a tué sa femme je ne sais pas avec quoi.
Comme on lui rappelle son dernier propos touchant son avant-dernier crime, propos qui infirmait d’avance toute apologie du crime récent :
— Je me trompais alors, dit-il en tendant ses poings aux menottes. J’ai réfléchi depuis. Il faut que tout le monde meure.
Décembre 1885.