Académie des sciences – Séance hebdomadaire/03
28 juillet 1873
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ACADÉMIE DES SCIENCES
M. Tyndall assiste à la séance.
— Au nom de son collègue de la guerre, le ministre de l’instruction publique s’informe du sort des nombreux mémoires relatifs à l’aérostation que depuis trois ans l’Académie a reçus, par l’entremise du premier de ces départements. — Aucun rapport n’est prêt et comme on ne peut prévoir quand ils le seront tous, M. Dumas propose d’extraire immédiatement de l’amas de pièces à examiner ce qui est évidemment mauvais et de faire du reste l’objet d’un rapport qui, restreint à cet ordre de documents, pourra être promptement terminé.
— L’orage qui a éclaté le 26 juillet, à Troyes (Aube) et sur lequel une lettre de M. Eugène Parent donne d’intéressants détails est digne d’attention non-seulement comme ayant offert de nombreux exemples de foudre globulaire mais aussi à cause des caractères inusités qu’elle a présentés. Ici, c’est un globe de feu de la grosseur d’une orange qu’on voit courir dans la rue et disparaître sans bruit. Un peu plus loin, un autre globe de feu se montre dans un magasin, en sort par la porte, y rentre par le même chemin et disparaît encore sans bruit après avoir imprimé sur le plafond le dessin d’un store placé sur son passage. Ailleurs enfin un troisième globe éclate toujours sans bruit en projetant une pluie de feu dans tous les sens. Cette allure silencieuse est comme on peut le voir par la notice d’Arago sur le Tonnerre un caractère qui n’avait pas encore fixé l’attention. M. Dumas constate que les éclairs en boule paraissent fréquents cette année et il cite la Manche comme en ayant été plus particulièrement témoin.
— Le secrétaire présente au nom de M. Lawrence Smith professeur à l’Université de Louisville (Kentucky) la collection en un volume de tous les mémoires minéralogiques et géologiques de l’éminent savant américain. Il signale spécialement un grand travail sur le corindon de la Caroline du Nord ; on en trouve des cristaux transparents et propres à la joaillerie et en même temps d’opaques et fendillés qui atteignent parfois l’énorme poids de 300 à 400 kilogrammes. Un autre volume non moins précieux dans un genre différent est offert de la part de M. le docteur Marey qui y a réuni ses ingénieuses et savantes expériences sur la mécanique animale.
La détermination du volume d’air nécessaire à la salubrité des lieux habités est l’objet d’un mémoire du général Morin. Il a pris son point de départ sur les recherches si précises faites naguère sur le même sujet par le savant et modeste M. Félix Leblanc qui analysant en 1842 l’air de l’amphithéâtre de la Sorbonne à l’issue d’une leçon de M. Dumas, lui trouvait des caractères véritablement toxiques. Il s’en faut de beaucoup que ces recherches aient produit les fruits qu’on eût pu en attendre. Prenez l’air de nos modernes casernes, où l’espace moyen est par homme de 10 à 12 mètres cubes, cet air aurait besoin d’être renouvelé à raison de 80 à 90 mètres cubes par homme et par heure, pour être salubre ; or on ne le renouvelle pas du tout ! Les choses se passent autrement en Angleterre, où d’abord les casernes sont relativement plus vastes, l’espace y étant de 17 mètres cubes par tête et où le renouvellement se fait à raison de 87 mètres cubes. La nécessité d’une circulation si active n’étonne pas, quand on sait que chaque homme exhale en une heure 12 litres de vapeur d’eau et 20 litres d’acide carbonique.
Un dernier fait. Une chambre à coucher cubant 60 mètres et habitée par une seule personne n’est salubre que s’il y passe 40 mètres cubes par heure. Que le jour de l’hygiène est donc encore loin de nous !
— Une exhibition de Cucujos petits insectes envoyés de Cuba à M. des Cloizeaux et qui ont la propriété de devenir lumineux quand on les immerge dans l’eau, procure une agréable distraction. L’Académie, à notre connaissance, jouit de ce joli spectacle pour la seconde fois. De 1500 insectes expédiés de la reine des Antilles il ne reste plus qu’une douzaine de sujets vivants.