Album des missions catholiques, tome IV, Océanie et Amérique/L'épiscopat des États-Unis

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Collectif
Société de Saint-Augustin (p. 112-123).

L'ÉISCOPAT DES ÉTATS-UNIS.

Son Éminence le cardinal MAC-CLOSKEY (Jean),
archevêque de New-York.
(1810-1885.)

OUS avons donné plus haut p. 92 la biographie de l'éminent prélat qui gouverna pendant plus de vingt ans le diocèse de New-York et fut le premier cardinal américain.

Son successeur, Mgr Michel-Augustin Corrigan, fut de 1873 à 1880 évêque de Newark avant de devenir le coadjuteur de Mgr Mac-Closkey. L'archevêque actuel de New-York est né à Newark le 13 août 1839.




Son éminence le cardinal GIBBONS (Jacques), archevêque de Baltimore.

Les premières années du ministère épiscopal de ce prélat qui occupe aujourd'hui le plus ancien siège des États-Unis furent consacrées à la Caroline. Devenu, d'évêque de Richmond, coadjuteur de Mgr Bayley,


Le cardinal MAC-CLOSKEY, ancien archevêque de New-York. Le cardinal GIBBONS, archevêque de Baltimore.
Les deux premiers cardinaux américains


il ne tarda pas à succéder à ce pontife (V.p.116). Mgr Gibbons a été élevé à la pourpre romaine en 1886.




Mgr PURCELL (Jean-Baptiste)
ancien archevêque de Cincinnati.
(1800-1883.)

Cet évêque dot le nom tient une grande place dans les annales ecclésiastiques américaines, était le doyen de la hiérarchie épiscopale des États-Unis, lorsqu'il s'est éteint doucement, le 4 juillet 1883, au monastère des Ursulines de Saint-Martin (Ohio), dans la cinquantième année de son pontificat.

Les dernières années du vénérable prélat furent malheureusement remplies d’amertume : il avait multiplié les fondations pieuses avec un zèle qui ne connaissait pas de difficultés, et son diocèse finit par se trouver dans une situation financière des plus critiques. Les récriminations, auxquelles la presse prêtait un douloureux retentissement, arrivèrent à un tel point que l’archevêque se crut, en 1879, obligé de donner sa démission. Rome refusa de l'accepter par égard pour ses longs services : le Saint-Siège se borna à lui envoyer un coadjuteur dans la personne du pieux et éloquent évêque de Natchez. En 1880, Mgr Purcell abandonna entièrement à Mgr Elder l'administration du diocèse. Il se retira au monastère des Ursulines de Saint-Martin qu'il avait fondé.

Né à Mallow (diocèse de Cloyne), le 26 février 1800, Jean-Baptiste Purcell fit ses premières études en Irlande. A l'âge de dix-huit ans, il partit pour l'Amérique, passa trois années au collège d'Emmittsburg et reçut les Ordres mineurs. C'est au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, que le futur archevêque de Cincinnati compléta son instruction cléricale. Le 21 mai 1826, il fut ordonné prêtre à Notre-Dame. De retour à Baltimore en 1827, il fut successivement professeur de philosophie morale, suppléant de théologie et enin président du collège de Mont-Sainte-Marie, où il avait été élevé. M. Purcell était prêtre depuis six ans quand le siège de Cincinnati devint vacant par la mort de son premier titulaire, Mgr Fenwick (1822-1832). La haute réputation que le jeune supérieur s'était acquise, dans la direction du collège d'Emmittsburg fit jeter les yeux sur lui ; il fut préconisé dans le consistoire du 8 mars 1838, et le 13 octobre suivant, il reçut la consécration épiscopale. Cincinnati ne comptait qu'une chapelle à cette époque : c'est l'infatigable activité du prélat qui a doté la ville d'écoles paroissiales, de trente-deux belles églises, d'une cathédrale, et a couvert le diocèse d'un grand nombre de sanctuaires. Le 18 juillet 1850, Cincinnati ayant été érigée en métropole, Mgr Purcell fut promu archevêque.

Son jubilé sacerdotal (21 mai 1876) avait donné lieu à des fêtes magnifiques. Les catholiques américains se flattaient que le Seigneur prolongerait les jours du prélat jusqu'au cinquantième anniversaire de son sacre ; le vénérable vieillard lui-même caressait un peu cette pensée. On se proposait de donner un éclat inouï à ces noces d'or, uniques dans les annales de l'Église des États-Unis. Mais Dieu brisa toutes ces espérances en appelant à lui le pieux archevêque juste cent jours avant la date jubilaire.




Mgr ELDER (Guillaume-Henri),
archevêque de Concinnati.

Cet éminent prélat est né à Baltimore. Il fit ses études au collège du Mont-Sainte-Marie, à Emmittsburg, puis au collège de la Propagande, à Rome, où il reçut le bonnet de docteur et fut ordonné prêtre. En 1846, il retourna aux États-Unis, et professa pendant neuf ans au collège Sainte-Marie. Au septième concile provincial de Baltimore, Mgr Spalding, alors évêque de Louisville, le prit pour son théologien. Le siège épiscopal de Netchez étant devenu vacant le 13 novembre 1855, par la mort de Mgr Van de Velde, le Saint-Siège choisit M. Elder pour lui succéder.

Nommé le 9 janvier 1857, Mgr Elder fut sacré à Baltimore, le 3 avril suivant, par Mgr Kenrick. Le nouvel évêque s’empressa de se rendre dans son diocèse qui ne comptait alors que neuf prêtres, onze églises, un seul orphelinat, et 10,000 catholiques. Vingt ans après, il devait le laisser pourvu de 41 églises, 19 prêtres séculiers, 6 religieux, 6 étudiants en théologie, 5 communautés de femmes, 5 pensionnats, 13 écoles paroissiales, dont une pour les enfants nègres, et une population catholique de 12,500 âmes.

À Natchez, Mgr Elder se consacra entièrement au soin de son peuple. Durant l’épidémie de 1878, lorsque la fièvre jaune dépeuplait la ville de Vicksburg, il quitta Natchez et se dévoua au soulagement spirituel et temporel de ses diocésains. Il passait les jours et ses nuits au chevet des mourants, leur prodiguant les secours de la religion, et les assistants de toute manière. Mais sa faible constitution ne put supporter tant de fatigues, il tombe lui-même malade et fut bientôt réduit à l'extrémité. Les derniers sacrements qu'ils avait donnés à tant de malheureux lui furent administrés. On désespérait de le sauver, la nouvelle de sa mort fut même télégraphiée en Amérique et en Europe. Dieu avait d'autres desseins sur l'héroïque prélat, qui revint peu à peu à la santé. Dans le courant de cette même année 1878, Mgr Elder fut nommé évêque d'Avara in partibus et coadjuteur, avec future succession, de Mgr Alemany, archevêque de San Francisco ; mais, peu après, une nouvelle décision du Saint-Siège le maintint au diocèse de Natchez, avec le titre d'administrateur apostolique.

L'année suivante, il fut donné pour coadjuteur au vénérable Mgr Purcell et le remplaça au commencement du mois de juillet 1883.




Mgr WOOD (Jacques-Frédéric)
ancien archevêque de Philadelphie.
(1813-1883.)

Le 20 juin, quelques minutes après onze heures du
Mgr PURCELL, ancien archevêque de Cincinnati. (Voir p. 111.)


Mgr ELDER, archevêque de Cincinnati. (Voir p. 111.)


Mgr WOOD, ancien archevêque de Philadelphie. (Voir p. 113.)


Mgr François BLANCHET, ancien archevêque d'Orégon-City. (V. p. 113.)


soir, la grosse cloche de la cathédrale de Saint-Pierre et de Saint-Paul à Philadelphie annonçaient la mort de Mgr Jacques-Frédéric Wood. Cette triste nouvelle était attendue : l’illustre archevêque était malade depuis plusieurs mois et il avait, la veille, demandé et reçu les derniers sacrements en présence de tout le clergé de sa ville épiscopale.

Mgr Wood était un converti. Né dans la capitale de la Pennsylvanie, de parents anglais et protestants, le 27avril 1813, il avait fait son éducation en Angleterre, puis était revenu en Amérique, où il se livra d’abord au commerce. Il était directeur d’une maison de banque de Cincinnati lorsqu’au mois d’avril 1836, il prononça son abjuration entre les mains de Mgr Purcell ; l’année suivante, il abandonna sa belle position et partit pour Rome. Après de brillantes études au collège de la Propagande, il fut ordonné prêtre par le cardinal Franzoni, le 25 mars 1844. De retour à Cincinnati, l’ancien financier fut d’abord vicaire à la cathédrale, puis, en 1854, nommé curé de Saint-Patrice. Il n’occupa que trois ans cette dernière charge. Le 16 avril 1857, Mgr Purcell le sacrait coadjuteur de Philadelphie dont il devint évêque en titre à la mort de Mgr Neuman (5 janvier 1860). Sous l’administration de Mgr Wood, toutes les œuvres du diocèse continuèrent à prospérer : il acheva et bénit la cathédrale (novembre 1864), ouvrit nombre d’églises, créa des écoles, fonda le séminaire de Saint-Charles, etc... Les progrès du catholicisme en Pennsylvanie décidèrent le Saint-Siège à ériger Philadelphie en métropole : le 17 juin 1875, Mgr Wood était promu archevêque.




Mgr BLANCHET (François-Norbert),
ancien archevêque d’Orégon-City.
(1795-1883.)

Deux jours avant l’archevêque de Philadelphie, mourait un illustre pontife à l’autre extrémité des États-Unis.

Il n’y avait que deux ans que Mgr Blanchet avait résigné son siège archiépiscopal et s’était retiré à l’hôpital de Portland.

« Après soixante-deux ans de prêtrise, disait l’illustre vieillard dans la touchante et dernière lettre pastorale par laquelle il prenait congé de sa famille spirituelle, le 13 mars 1881, après soixante-deux ans de prêtrise, quarante-trois ans de travaux apostoliques dans cette contrée, trente-six d’épiscopat, nous pouvons dire avec l’apôtre : « Le temps de ma dissolution approche... » (Voir p. 98.)

Mgr François-Norbert Blanchet était né à Québec, le 5 septembre 1795. 11 fut ordonné prêtre le 18 juillet 1819 par Mgr Plessis, et exerça le saint ministère dans son diocèse natal jusqu’en 1838. A cette époque, des instances ayant été faites par la Compagnie de la Baie d’Hudson pour obtenir des missionnaires, Mgr Signay, archevêque de Québec, choisit MM. Blanchet et Demers. Partis au mois d’avril, ils n’atteignirent que le 24 novembre leur destination, Fort Vancouver.

Leur mission allait des monts Rocheux au rivage du Pacifique, et pendant plusieurs années, les deux humbles apôtres furent les seuls représentants du sacerdoce catholique dans cette immense région.

Le 1er décembre 1843, l'Orégon fut érigé en vicariat apostolique et le R. P. Blanchet nommé premier vicaire apostolique : les brefs de nomination ne lui parvinrent que le 4 novembre 1844. Le missionnaire se mit en route aussitôt pour le Canada afin de recevoir la consécration épiscopale. De Montréal où il fut sacré, Mgr Blanchet se rendit à Rome : il y arriva en janvier 1846. La même année, Pie IX le créa archevêque.

Il est impossible de rappeler tout ce que le saint prélat dépensa de zèle pendant sa longue carrière épiscopale : mentionnons seulement le pénible voyage de deux années dans l’Amérique du Sud, auquel il se condamna en 1855 pour trouver les ressources nécessaires à l’organisation de son diocèse. En 1870, il reçut pour coadjuteur le vaillant évêque de Vancouver (voir p. 66) ; il put dès lors songer à prendre un repos noblement gagné. Il donna sa démission et se retira à l’hôpital de Portland qu’il avait fondé. C’est là que l’auguste vieillard a rendu sa belle âme à Dieu le 18 juin 1883.




Mgr SALPOINTE (Jean-Baptiste),
archevêque de Santa-Fé.

Ce prélat est originaire du diocèse de Clermont. Parti en 1850 pour les États-Unis, il fut élevé à l’épiscopat en 1868 et nommé vicaire apostolique de l’Arizona. Mgr Lamy (voir p. 118) le demanda pour coadjuteur en 1 884. Mgr Salpointe fut, à cette occasion, promu à l’archevêché titulaire d’Anazarbe. Un an après, il succéda au vénérable archevêque de Santa Fé.

Trente ans d’apostolat ont grandement éprouvé la robuste constitution du prélat. Il écrivait récemment :

« J'ai pu me convaincre, dans ma dernière tournée apostolique, que je ne suis plus jeune : marcher longtemps, gravir les montagnes, camper dehors, agissent sur moi d'une manière bien différente de ce que j'éprouvais autrefois. J'ai encore la volonté d'antan, j'aime encore à admirer le spectacle grandiose de l'œuvre de la création dans l'immensité des forêts et jusque dans l'aridité de ces hautes montagnes qui se succèdent de loin en loin pour varier l'aspect du paysage ; mais mes forces ne sont plus les mêmes. Sans être malade précisément, la débilité que j'éprouve parfois m'oblige à me demander s'il ne vaudrait pas mieux retourner sur mes pas pour ne pas m'exposer à me voir arrêté complètement. Rien ne m'a manqué cependant dans mon dernier voyage. M. l'abbé Lestra, qui voulut bien se faire mon guide dans le pays que j'avais à traverser, avait su tout arranger pour que le trajet pût se faire rapidement et d'une manière agréable. Enfin, je m'en remets à la volonté de Dieu : Non recuso laborem, tant que je sentirai la force de le supporter. »




Mgr HENRI (Jean-Martin),

ancien archevêque de Milwaukee.
(1805-1881.)

Quand il mourut le 8 septembre 1881, Mgr Henni était un des plus anciens évêques de l'Amérique.

Né en 1805, dans le canton des Grisons (Suisse), il fit ses études à Saint-Gall et à Lucerne, puis, après avoir obtenu ses grades universitaires, il visita Rome. Là, il se rencontra avec Mgr Fenwick, évêque de Cincinnati, qui enflamma son cœur de montagnard suisse, et n'eut pas de peine à l'engager à le suivre en Amérique. En 1829, il abordait donc à Baltimore et la même année il était consacré prêtre. Cincinnati, puis l'Ohio, furent les premiers pays où il exerça son saint ministère, et bientôt il fut nommé vicaire général du diocèse. En 1835, il visitait l'Europe pour recueillir des secours, il en revint après une moisson des plus fructueuses, et fonda l’orphelinat de Saint-Aloysius, ainsi qu'un journal catholique allemand, le Wahrheits Freund (l'Ami de la vérité).

Il fut consacré premier évêque catholique de Milwaukee, le 19 mars 1844, par Mgr Purcell, dans la vieille cathédrale de Cincinnati, dix jours après le sacre de Mgr Mac-Closkey, comme évêque coadjuteur de New-York.

Dès sont arrivé au trône épiscopal, il déploya une ardeur et un zèle si grands, qu'en peu de temps ses travaux eurent d'importants résultats. En 1847, l'église de Sainte-Marie était consacrée, le nombre des prêtres avait augmenté de trente, les fondations d'une nouvelle cathédrale sortaient du sol, et l'hôpital Sainte-Marie était fondé. En 1848, il revint faire un second voyage en Europe, mais la révolution qui bouleversait la France ne lui permit pas de faire une tournée bien profitable. Après avoir visité son pays natal, il retourna dans son diocèse, où il fit suspendre les travaux de la cathédrale, voulant en employer les fonds pour la création plus urgente d'un orphelinat. Pour procurer de nouvelles ressources à son diocèse, le prélat n'hésita pas à se rendre au Mexique et à Cuba où sa mission eut un si grand succès qu'à la fin de 1855, la nouvelle cathédrale catholique était consacrée avec l'assistance du nonce du Pape, Mgr Bedini. L'œuvre à laquelle se livra ensuite l'infatigable prélat, fut la création d'un séminaire diocésain qui, dès l'année 1860, contenait dans ses murs cent vingt-cinq aspirants aux saints ordres. Il faut joindre à ces travaux, la fondation d'un asile d'orphelin, d'un institut pour les sourds-muets et de plusieurs monastères d'ordres religieux.

En 1875, il fut nommé archevêque de Mulwaukee, et, en 1879, il célébrait le cinquantième anniversaire de sa prêtrise. Plus de cent ecclésiastiques et neuf évêques assistaient à ce « jubilé d'or » dont le sermon fut prêché par Mgr Purcell, archevêque de Cincinnati, qui, trente ans auparavant, avait consacré évêque le digne prélat. Après une salve de cinquante coups de canon, le service fut exécuté en grande solennité dans cette cathédrale de Saint-Jean, que Mgr Henni avait lui-même édifiée. Le soir, une procession aux flambeaux, accompagnée de près de cinq mille porteurs de torches, clôturait cette magnifique cérémonie.

Mgr Henni a vu son humble mission devenir une des plus prospères des États-Unis.

Dans ce diocèse, fondé seulement depuis quarante-trois ans, grâce au travail infatigable et à la sage administration de son premier évêque, une cathédrale a été bâtie et consacrée, deux cent soixante-deux églises ordinaires, vingt-quatre chapelles et vingt-cinq stations ont été fondées, ainsi qu’un séminaire ecclésiastique, treize communautés religieuses, onze institutions charitables, une école normale, trois académies d’hommes, et cinq de femmes. Ce diocèse compte actuellement cent quatre-vingt-dix prêtres séculiers et trente-huit réguliers.

Mgr HENNI, ancien archevêque de Milwaukee. (Voir p. 114.)


Mgr ROOSEVELT BAYLEY, ancien archevêque de Baltimore. (Voir p. 116.)


Mgr LAMY, ancien archevêque de Santa-Fé. (Voir p. 118.)


Mgr Magloire BLANCHET, ancien évêque de Nesqually (Voir p. 118.)

Mgr Henni a été remplacé par son coadjuteur Mgr Michel Heiss, qui fut son compagnon de route dans son premier voyage au Wisconsin.




Mgr ROOSEVELT BAYLEY (Jacques)
ancien archevêque de Baltimore.
(1814-1877.)

Il était né à New-York, le 23 août 1814, de Guy Carlton Bayley et de Grâce Roosevelt, tous deux protestants. Son arrière-grand-père paternel, le Dr William Bayley, descendant d’une vieille famille anglaise du Yorkshire, avait émigré en 1710 aux États-Unis et s’était marié à New-York, avec Mlle Lecomte, protestante française émigrée. Son grand-père, chirurgien éminent, occupait en 1792 la chaire d’anatomie à Columbia-College, et son père était lui-même un des médecins les plus distingués de New-York. Sa mère, Grâce Roosevelt, appartenait à une des familles les plus considérées des États-Unis.

Après avoir terminé ses études au collège de la Trinité, à Hartford, M. Bayley prit, en 1835, ses grades universitaires et commença l’étude de la médecine, profession héréditaire dans sa famille. Au bout d’un an, il laissa la médecine pour la théologie et se disposa à entrer, comme ministre, dans l’Église épiscopalienne. En 1840, il fut nommé recteur de l’église de Saint-André, à Harlem. Vers 1841, le choléra fit de grands ravages à New-Vork. Le jeune clergyman n’hésita pas à aller porter les consolations religieuses à un grand nombre de malades. Là, il eut l’occasion de connaître un vieux missionnaire catholique, le P. Carran, dont la paroisse comprenait Harlem et Astoria. Il fut profondément touché par la piété et l’esprit de sacrifice du prêtre catholique, et, malgré la différence de communion religieuse, tous deux devinrent des amis et se rendirent ensemble à l’appel des cholériques.

À la même époque, M. Bayley rencontra sur le chemin qui devait le conduire à la vérité, un jeune prêtre, qui mourut cardinal-archevêque de New-York, M. Mac Closkey. Une révolution se fit bientôt dans son esprit. Vers la fin de 1841, il résigna sa charge de recteur de Harlem, et partit pour l’Europe. Le 26 avril 1842, à Rome, le R. P. Esmond, de la Compagnie de Jésus, recevait son abjuration. Le 28 avril, le néophyte était confirmé, dans la chambre de saint Ignace au Gesù, par le cardinal Fransoni, préfet de la Propagande. Il entra ensuite au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, où se trouvaient alors comme étudiants, le R. P. Howkins et l'archevêque actuel de Boston, Mgr Williams. En revenant à la foi catholique, M. Bayley n'avait écouté que la voix de sa conscience, sans se préoccuper d'aucune considération humaine, ni d'aucun intérêt matériel. A la nouvelle de sa conversion, sont oncle maternel, M. Jacques Roosevelt, annula le legs de 100,000 dollars (500,000 fr.) qu'il lui avait fait par testament, pour en faire bénéficier un séminaire protestant.

Ordonné prêtre à New-York, le 4 mars 1843, par Mgr Hughes, M. Bayley fut envoyé comme vice-président au collège de Saint-Jean, à Fordham, dont, en 1845, il fut nommé le président. Au mois de juillet 1846, il fut chargé de la paroisse de Staten Island, près du lazaret de Lower, et en même temps de l'hôpital maritime. Le 8 décembre suivant, Mgr Hughes, évêque de New-York, l'appelait auprès de lui pour remplir les fonctions de secrétaire particulier.

Le 29 juillet 1853 M. Bayley était nommé par le Siège premier évêque de Newark. Le 30 octobre, il recevait la consécration épiscopale dans la cathédrale de Saint-Patrick, à New-York, des mains de Mgr Bedini, alors nonce extraordinaire du Saint-Siège au Brésil, chargé d’un message pour le président Pierce, et qui consacrait aussi le même jour NN. SS. Loughlin, évêque de Brooklyn, et de Goësbriand, évêque de Burlington.

Une des plus grandes sollicitudes du nouvel évêque fut l’éducation catholique. En 1856, il fonda, à South-Orange, le collège de Seton-Hall, auquel était attaché un séminaire ; l’année suivante, il installa un couvent de religieuses de la Charité à Madison. Il introduisit et établit également dans son diocèse les Passionistes, les Dominicains, les Augustins, les Franciscains et plusieurs autres Ordres religieux.

Le 30 juillet 1872, Mgr Bayley fut transféré au siège métropolitain de Baltimore, en remplacement de Mgr Spalding, décédé. Il en prit solennellement possession le 13 octobre suivant.

Mgr Bayley avait fait à Rome de nombreux pèlerinages. Il avait assisté, en 1862, à la canonisation des martyrs japonais ; en 1867, aux fêtes du centenaire de Saint-Pierre, et, en 1869, aux délibérations du concile du Vatican.

Depuis plusieurs années, la santé de Mgr Bayley était altérée. Au printemps de 1876, il vint en Europe, et fit une saison aux eaux de Vichy. Il espérait

Mgr DUBUIS, évêque de Galveston. (Voir p. 118.)


Mgr GLORIEUX, vicaire apostolique d'Idaho. (Voir p. 118.)


Mgr HENNESSY, évêque de Dubuque. (Voir p. 118.)


Mgr MAC-FARLAND, ancien évêque de Hartford. (Voir p. 118.)


pouvoir se rendre à Rome, mais son mal s’étant aggravé, il dut, sur l’ordre des médecins, retourner aux États-Unis. Il débarqua à New-York le 21 août et fut conduit à Newark, au palais épiscopal, auprès de Mgr Corrigan. C’est là qu’il est mort le 3 octobre 1877.

Le 25 juin dernier, le Saint-Siège avait donné pour coadjuteur à Mgr Bayley, avec future succession, Mgr Gibbons, évêque de Richmond.

Mgr Bayley était un homme de grand savoir et un esprit éminent. Il parlait et écrivait purement le français et l’italien, il a laissé plusieurs ouvrages fort estimés, entre autres : Sketch of the history of the Catholic Church on the Island of New-York (New-York, 1853) ; et Memoirs of Simon Gabriel Bruté, first Bishop of Vincennes (1860).




Mgr LAMY (Jean),
ancien archevêque de Santa-Fé.

Né dans le diocèse de Clermont le 11 octobre 1814, Mgr Lamy fut pendant plusieurs années missionnaire dans l’ouest des États-Unis. En 1850 il était nommé évêque titulaire d’Agathonique ; il fut transféré au siège de Santa-Fé en 1853, puis promu archevêque en 1875. Brisé avant l’âge par les fatigues de l’apostolat, le vaillant prélat donna sa démission en 1885. Il a été transféré à l’Église archiépiscopale titulaire de Cyzique.




Mgr BLANCHET (Magloire),
ancien évêque de Nesqualy.

Comme son illustre frère l’archevêque d’Orégon, ce prélat se dévoua de bonne heure à l’évangélisation des provinces du Far-West. Nommé en juin 1849, évêque de Walla-Walla (territoire de Washington), il fut sacré le 27 septembre de la même année et transféré à Nesqualy le 31 mai 1850. Mgr Blanchet est actuellement évêque titulaire d’Ibora.




Mgr DUBUIS (Claude-Marie),
évêque de Galveston.

C’est en 1882, après plus de trente-six années d’un laborieux apostolat dans le sud des États-Unis que ce vaillant évêque a obtenu de S.S.le Pape Léon XIII d’être déchargé du gouvernement de son diocèse, et M. Louis Gallagher en a été nommé administrateur.

Mgr Claude-Marie Dubuis était depuis vingt ans à la tête dudiocèse de Galveston. Nommé, le 15 octobre 1826 en remplacement de Mgr Odin, il reçut la consécration épiscopale le 23 novembre suivant. C'est en 1846 que Mgr Dubuis quitta le diocèse de Lyon, dont il est originaire, pour aller se dévouer aux population du Texas, qui pour la plupart n'avaient pas encore entendu la parole de Dieu. Comme missionnaire et comme évêque, il n'a cessé de s'occuper des intérêts spirituels de ses ouailles et on lui doit, en grande partie, les progrès de la religion dans l'immense État du Texas.




Mgr GLORIEUX (Alphonse)
vicaire apostolique d'Idaho.

Ce prélat a été préconisé, le 27 février 1885, évêque titulaire d'Apollonie et vicaire apostolique d'Idaho.




Mgr HENNESSY (Jean),
évêque de Dubuque.

Ce prélat, originaire d'Irlande, a été nommé évêque de Dubuque le 24 avril et sacré le 30 septembre 1866.




Mgr MAC-FARLAND (Françaois-Patrice),
ancien évêque de Hartford.
(1819-1874.)

Mgr Mac-Farland était né le 4 avril 1819 à Franklin (Pensylvanie). Après avoir fait ses études au collège du Mont-Sainte-Marie à Emittsburgh et au collège de Saint-Jean à Fordham, il fut ordonné prêtre, le 18 mai 1845, par Mgr Hughes, alors évêque de New-York.

Il exerça pendant quelque temps le ministère dans le comté de Jefferson (État de New-York), puis fut nommé curé de la paroisse Sainte-Marie à Watertown, où il resta dix années. En 1856, il fut transféré à l’église de Saint-Jean à Utica (diocèse d’Albany). Il administrait cette paroisse lorsque le Saint-Siège le nomma évêque de Hartford, en remplacement de Mer O’Reilly. Le 14 mars 1858, il reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr Hughes, archevêque de New-York.

Mgr Mac-Farland est mort le 12 octobre 1874.




Mgr MACHEBEUF (Joseph-Projet),
évêque de Denver.

Nous avons déjà donné page 100 la biographie de ce saint prélat et raconté les touchantes

Mgr MACHEBEUF, évêque de Denver. (Voir p. 118.)


Mgr KRAK, ancien évêque de Marquette et Sault-Sainte-Marie. (V p. 120.)


Mgr LYNCH, ancien évêque de Charleston (Voir p. 120.)


Mgr MARTIN, ancien évêque de Natchitoches. (Voir p. 121.)

manifestations dont a été l'occasion le cinquantenaire de son ordination. Avec le clergé. heureux de voir à sa tête un chef dont les années n'ont point diminué à la ferveur apostolique, tous les fidèles du vicariat ont tenu à s'associer à cette fête des « noces d'or » de leur pasteur, fête qui, ayant commencé par une grande messe pontificale et un sermon du Père Mageuney de la Compagnie de Jésus, s'est terminée dans les réjouissances les plus cordiales.

Après avoir gouverné durant près de vingt ans l'Église du Colorado avec le titre d'évêque d'Épiphanie et de vicaire apostolique, Mgr Machebeuf a été nommé en 1887 évêque de Denver et a reçu, sur sa demande, pour évêque coadjuteur, un de ses missionnaire les plus zélés, M. Nicolas Matz, né en Alsace en 1851.




Mgr MRAK (Ignace),
ancien évêque de Marquette.

Ce prélat est autrichien de naissance.

Né à Polland (diocèse de Laybach), le 10 octobre 1810, il partit de bonne heure pour les États-Unis et évangélisa de préférence la portion voisine du Canada.

Nommé au siège de Marquette et Sault-Sainte-Marie le 25 septembre 1868, après vingt ans d'un apostolat fécond au milieu des Indiens du lac Michigan, Mgr Mrak ne put recevoir la consécration épiscopale que l'année suivante. Le prélat continua avec zèle l'Œuvre commencée par Mgr Baraga (1855 1868), et remplit les obligations de sa charge jusqu'en 1878, époque où il obtint du Saint-Siège d'en être relevé. Il a remis aux mains de son successeur, Mgr Vertin, le diocèse de Marquette dans un état florissant : sous son administration, le nombre des prêtres s'est élevé de 15 à 27 ; celui des églises et chapelles, de 22 à 35, et celui des catholiques de 22,000 à 29,000. Mgr Mrak s'est retiré depuis huit ans à Menominee et y exerce les fonctions pastorales comme un simple missionnaire.




Mgr LYNCH (Patrice-Niesen),
ancien évique de Charleston.
(1817-1882.)

C'était un des plus savants prélats des États-Unis.

« L'évêque Lynch, dit le Charleston News, journal protestant, était un des hommes les plus remarquables de notre temps. Peu de personnes alliaient, à une variété de connaissances aussi grande, une esprit aussi clair. Il savait jeter la lumière dans les questions les plus difficiles et les plus complexes ; il était familiarisé avec toutes les branches des sciences humaines : astronomie, géologie, médecine, droit, il avait tout étudié et approfondi. Passionné pour l'étude et doué d'une facilité extraordinaire, il avait appris à Rome le sanscrit, outre le latin et le grec ; il parlait élégamment le français, l'espagnol, l'italien, l'allemand ; sa connaissance de l'hébreu le fit choisir une année pour prononcer à la Propagande une adresse dans cette langue en présence de Grégoire XVI. »

Né, le 10 mars 1817, de parents irlandais, Patrice-Niesen Lynch avait été envoyé, dès l'âge de seize ans, au collège de la Propagande par Mgr England. Il fit des études brillantes à Rome, reçut l'ordination sacerdotale en 1840, et conquit le grade de docteur en théologie. De retour dans son diocèse, il fut pourvu d'une cure, puis chargé de la direction du Collegiale Institue à Charleston, enfin nommé vicaire général. A la mort de Mgr Reynolds, deuxième évêque (1844-1855), il fut choisi pour l’administrateur du diocèse, puis, deux ans après, appelé à remplacer le prélat défunt. Préconisé le 11 décembre 1857, il fut sacré le 14 mars 1858.

A l'époque où il en devint le premier pasteur, le diocèse de Charleston était roche et prospère ; mais la guerre de sécession, qui éclata peu après, le couvrit de ruines. Pendant cette malheureuse époque, le cœur paternel de l'évêque souffrit cruellement des maux de toutes sortes qui affligeaient son troupeau. Jusqu'à sa mort, il ne cessa de travailler à relever les ruines et à réparer ces affreux désastres. Les dernières années de Mgr Lynch furent éprouvées par une longue et douloureuse maladie.

Le pieux et vénérable évêque est mort le 26 février 1881, dans sa ville épiscopale, à l'âge de soixante-cinq ans. Ses funérailles eurent lieu le 1er mars. Huit évêques rehaussaient par leur présence la cérémonie funèbre. L’archevêque de Baltimore, Mgr Gibbons, officia à la messe de Reguiem.

« D'autres, remarque un journal protestant, relèveront le fardeau qui est tombé des épaules du prélat et reprendront sa tâche où il l'a laissée. Mais aucun ne sera plus attaché à son Église, plus aimé des hommes de toutes les conditions, plus actif, plus dévoué à son peuple, plus loyal que le bon évêque qui vient d'être enlevé. Pour lui, plus rien des soucis de ce monde ; la trêve de Dieu a mis fin à sa laborieuse carrière : il est entré dans le dimanche éternel, dans ce jour de repos qui n’aura pas de fin. »




Mgr MARTIN (Auguste-Marie-Louis),
ancien évêque de Natchitoches.
(1803-1875.)

Mgr Auguste Martin, premier évêque de Natchitoches, est mort dans sa résidence épiscopale, le 2 octobre 1875.

Ce prélat était né à Saint-Malo (diocèse de Rennes) le 2 février 1803. Entré au séminaire de Saint-Brieuc en 1819, il fut ordonné sous-diacre à Beauvais en 1824, par l’évêque de ce diocèse, Mgr de Lesquen, et diacre l’année suivante, à Paris, par Mgr de Quélen. Le 21 juin de la même année, le cardinal de Croy le nommait supérieur du collège royal de Saint-Denis. Il n'avait que vingt-deux ans.

En 1828, M. Martin suivit Mgr de Lesquen dans le diocèse de Rennes, et fut chargé de la paroisse de Saint-Armegilde, puis, en 1832, transféré à celle de Saint-Martin à Vern. En 1839, il était nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Rennes, et, peu après, aumônier du collège royal de cette ville.

La même année, cédant à son attrait pour les missions, il répondit à l’appel d’un de ses compatriotes, Mgr Bruté, évêque de Vincennes (États-Unis), et partit pour ce diocèse. En 1840, il en fut nommé le vicaire général, fonction qu’il remplit pendant plus de six années. Le 24 décembre 1846, il fut nommé curé de Saint-Joseph, à Bâton-Rouge (diocèse de la Nouvelle-Orléans). Le 17 décembre 1849, il devint vicaire général de ce dernier diocèse et curé de l’église Saint-François, à Natchitoches.

Enfin, le 28 juillet 1853, S.S. Pie IX nomma Mgr Martin, premier évêque de Natchitoches. Le nouvel évêque fut sacré dans la cathédrale de la Nouvelle-Orléans, le 30 novembre de la même année, par Mgr Blanc.

Le 8 décembre 1868, il publia une lettre pastorale pour le rétablissement de l’Œuvre de la Propagation de la Foi dans son diocèse.

Au mois d’avril 1875, Mgr Martin vint en France recruter quelques prêtres pour combler les vides faits dans son clergé par la terrible épidémie de 1873. Il repartit pour la Nouvelle-Orléans le 31 juillet, avec cinq missionnaires et une religieuse. Deux mois après, Dieu l’appelait à l’éternelle récompense.




Mgr VÉROT (Augustin),
de la Société de Saint-Sulpice,
ancien évêque de Saint-Augustin.
(1810-1876.)

M. Vérot était arrivé aux États-Unis en 1836. Il fut d’abord attaché au grand séminaire de Sainte-Marie à Baltimore, où il professa successivement les mathématiques, la philosophie et la théologie. En 1854, il fut nommé curé de Ellicott’s Mills (Maryland) et avait en même temps sous sa charge Doughoregann, Manor, Sykesville, Clarkesville et autres stations.

Le 21 décembre 1857, M. Vérot fut nommé évêque de Danabée in partibus et vicaire apostolique


Mgr VÉROT, ancien évêque de Saint-Augustin (Floride).


de la Floride, que le Saint-Siège venait d’ériger en vicariat. Sacré à Baltimore, le 25 avril 1858,le nouvel évêque faisait son entrée à Saint-Augustin le 1er juin suivant.

Le 14 juillet 1861, le Saint-Père nomma Mgr Vérot évêque de Savannah (Géorgie), et lui consacra, en même temps, l'administration du vicariat apostolique de la Floride. Le 21 mars 1870, il le transférait au siège, nouvellement créé, de Saint-Augustin (Floride).

C'est dans sa résidence épiscopale, qu'il est mort subitement le 13 juin 1876, d'une attaque d'apoplexie.