Almanach olympique pour 1920/01

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Imprimeries Réunies. S. A. (p. 1-3).
La viime Olympiade.

Nous voici au seuil de la viime Olympiade de l’ère moderne. La célébration en a été attribuée à la ville d’Anvers, qui avait dès 1914 posé sa candidature pour les Jeux de 1920. Car, on le sait, la tradition classique reprise voici vingt-cinq ans, est appliquée intégralement. Tous les quatre ans, l’ouverture de la nouvelle Olympiade est célébrée par des Jeux olympiques. Seulement, dans l’antiquité, ces jeux avaient toujours lieu au même endroit, à Olympie, tandis que, à notre époque d’universalisme et de cosmopolitisme, ils circulent à travers le monde. C’est ainsi que la ire Olympiade a été célébrée à Athènes en 1896, la iime à Paris en 1900, la iiime à Saint-Louis en 1904, la ivme à Londres en 1908, la vme à Stockholm en 1912. La vime (1916) devait l’être à Berlin et ne le fut point ; elle demeurera marquée dans l’histoire d’une croix sanglante. La viime va être en quelque sorte l’Olympiade de la résurrection. Le comité organisateur est au travail depuis dix mois ; toutes les difficultés, financières et autres, ont été hardiment affrontées et habilement résolues. Si aucun événement, de ceux que la tempête récente et encore mal apaisée rend toujours possibles, ne vient à se produire, les représentants des pays les plus lointains s’assembleront à Anvers du 10 août au 8 septembre 1920 pour honorer, en même temps que le « printemps humain » toujours renaissant même au lendemain des pires catastrophes, la vaillance obstinée de la Belgique.

Tout du long de la terrible guerre, les Belges ont renouvelé, tel un acte répété de foi et d’espérance, l’expression de leur désideratum olympique pour 1920. Jamais ils n’y renoncèrent. Sait-on que le 6 septembre 1915, à Lyon, dans le cabinet du sénateur Herriot, maire de Lyon, un accord fut signé par lequel cette ville, qui avait aussi posé sa candidature à la célébration de la viime Olympiade, s’engageait à la retirer si les circonstances permettaient à Anvers de maintenir la sienne.

C’est pourquoi le Comité international, en se prononçant pour la grande métropole des rives de l’Escaut, a tenu à spécifier que son vote était rendu « en hommage unanime à la Belgique ». Et, en tous lieux, on a compris et approuvé. Cette manifestation en faveur d’une nation patriote entre toutes est une victoire du sentiment patriotique, mais c’est aussi une victoire de la pédagogie sportive, la proclamation devant le monde que le rôle éducatif du sport est désormais reconnu par tous.