Almanach olympique pour 1920/02

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Imprimeries Réunies. S. A. (p. 3-8).

Propos divers.

On conte que jadis un négociant anversois, recevant dans sa demeure l’empereur Charles-Quint, jeta au feu après le repas et sous les yeux de son hôte une reconnaissance de dix millions de florins prêtés par lui au trésor impérial. Et comme le souverain s’étonnait de ce geste inattendu :

— Je suis assez payé, aurait dit le ploutocrate, par l’honneur de recevoir à ma table Votre Majesté.

L’incident à grand genre, mais surtout il en dit long sur les richesses fabuleuses que le commerce hanséatique accumulait en ce temps-là dans la cité flamande. Les beaux jours pourtant ne devaient point durer. À la fin du seizième siècle, les guerres de religion inauguraient sa décadence. Puis les traités de Westphalie fermèrent les bouches de l’Escaut à la navigation, ruinant le commerce d’Anvers qui ne devait retrouver qu’à l’époque contemporaine sa prospérité.

Parlons correctement.

On a fait ces temps-ci grand abus du terme « olympique » et parfois, semble-t-il, avec l’arrière-pensée de provoquer des confusions intéressées.

Il est aussi peu raisonnable de donner le nom de Jeux olympiques à des réunions ne comportant que certains concours de gymnastique et de sports athlétiques que de dénommer course de Marathon une épreuve courue sur une distance de 15 à 20 kilomètres, alors que le parcours classique est de plus du double. Il l’est moins encore de qualifier Olympiades des célébrations locales et restreintes organisées à des intervalles irréguliers et quelconques.

Savez-vous quel est le meilleur instrument de culture physique ? Eh bien ! c’est le ballon. On s’imagine que le ballon exige des partenaires et des règlements de jeu pour être bon à quelque chose. Grande erreur. Emmenez sur n’importe quel bout de pelouse un ballon de football et vous verrez l’incroyable variété de mouvements qu’il vous fera faire. Le conduire avec les pieds ou avec les mains en courant de plus en plus vite constitue une gymnastique singulièrement éducative. Que si vous êtes deux, la série des lancers et des passers intervient, vous forçant aux mouvements les plus imprévus, à une attention soutenue, à un mélange très dosé de force et de finesse. Quels sont, s’il vous plaît, les extenseurs capables d’exiger un pareil travail ? Et au lieu de l’accomplir entre quatre murs, ce travail, vous le faites en plein air, dans l’école de culture physique du bon Dieu qui est encore la meilleure et devrait être la plus fréquentée.

Les records olympiques de la course à pied sont les suivants : 100 mètres en 10 ⅗ secondes ; 200 mètres en 21 ⅗ secondes ; 400 mètres en 48 ⅕ secondes ; 800 mètres en 1 minute, 56 secondes ; 1500 mètres en 3 minutes, 56 ⅘ secondes ; 5000 mètres en 14 minutes, 36 ⅗ secondes ; 10000 mètres en 31 minutes, 20 ⅘ secondes ; 110 mètres haies en 15 secondes. Les records des sauts sont les suivants : saut en hauteur avec élan, 1 mètre 93 ; sans élan, 1 mètre 65 ; — saut en longueur avec élan, 7 mètres 60 ; sans élan, 3 mètres 48 ; — saut à la perche, 3 mètres 95. Les records du lancement du poids, du disque et du javelot sont, respectivement, de 15 mètres  34, 45 mètres 21 et 61 mètres. Presque tous sont des records du monde ; notons cependant qu’au saut à la perche il a été atteint 4 mètres 3, et aux lancements du javelot et du disque, 62 mètres 32 et 48 mètres 27 ; à celui du poids 15 mètres 64 ; qu’enfin le saut en longueur avec élan est arrivé à 7 mètres 61. Il convient de faire deux remarques très intéressantes à ce propos. Premièrement les records olympiques sont, au point de vue des dates, dans la proportion suivante : un date de la iime Olympiade (1900) ; trois de la iiime (1904) ; trois de la ivme (1908) et onze de la vme (1912). Que nous réserve la viime ? Sans doute un léger recul parce que les athlètes ne sont pas en aussi bonne forme, mais il sera curieux de voir si, en 1924, la gradation reprend. Secondement, les records olympiques qui ont été battus (nous venons d’en citer quatre) l’ont été les années suivant immédiatement les Jeux olympiques, soit en 1901, en 1909 et en 1913, ce qui correspond évidemment à l’émulation engendrée par ces manifestations.