Almanach olympique pour 1920/06
Parmi les initiatives prises par l’Institut olympique de Lausanne au cours de l’année dernière, il convient de mentionner comme l’une des plus pratiques, l’institution de la « cure de sport ». Qu’est-ce à dire et de quelle cure s’agit-il ? D’une cure préventive, non d’une cure curative. La seconde, celle qu’on va chercher dans un établissement thermal, est ordinairement coûteuse, peu agréable et d’une efficacité incertaine ; elle risque de s’imposer brusquement à une heure mal commode. La première équivaut à un rajeunissement certain ; chacun peut en choisir le moment et le lieu, et de plus, la réglementer et en ordonner la durée et les détails à sa guise.
La théorie de la « cure de sport » a été exposée, voici une quinzaine d’années (Pierre de Coubertin, La Gymnastique utilitaire, 1 vol., Alcan, édit.), ainsi que les bienfaits qu’on en peut attendre, et les règles générales qu’on y doit appliquer. La première de ces règles et la plus essentielle, c’est de sortir de chez soi, car dans le décor de la vie familière on ne parvient pas à se soustraire à l’ambiance des préoccupations habituelles. La seconde est de mettre à contribution des sports variés, afin de combiner l’intérêt et l’agrément avec l’utilité pratique. La troisième est d’alterner l’exercice musculaire (plus ou moins intensif selon les capacités de chacun), avec le « dételage » complet du corps. Mais ce sont là des indications insuffisantes. Pour répandre l’idée et l’habitude de la cure de sport, il convenait d’aller plus loin. C’est ce qu’a fait l’Institut olympique en « catégorisant » les choses. D’abord au point de vue de l’âge. Au-dessous de 30 ans — de 30 à 45 ans — au dessus de 45 ans, ce sont là trois régimes susceptibles de se différencier quelque peu, non point tant par la nature des exercices pratiqués que par l’intensité d’action qu’on y apporte et surtout par le nombre et la durée des « dételages » consécutifs à chaque exercice. D’autre part, une cure de dix jours, une cure de trois semaines, une cure de six semaines ne sauraient s’accommoder d’un programme identique. Ce sont là les modalités-types adoptées en ce qui concerne l’étendue de la cure. Enfin, le non-entraîné est tenu de prendre certaines précautions dont le « demi-entraîné » (voir dans la Gymnastique utilitaire ce qu’il faut entendre par ce mot) a le droit de se dispenser.
L’exclusive, en tous cas, est prononcée contre celui qui souffre de surmenage. Celui-là pourrait être tenté de chercher dans la cure de sport un antidote à son état. Rien de moins indiqué. Il ne ferait qu’aggraver son cas. C’est aux bien-portants que l’on adresse, à ceux qui comprennent l’intérêt qu’ils ont à consolider en temps opportun leur santé et à accroître prudemment leurs réserves de forces.
À eux conviennent les programmes établis par l’Institut olympique, programmes où, jour par jour et heure par heure, leur est proposé un emploi du temps de nature à assurer à leur effort le maximum d’efficacité, combiné avec le maximum d’agrément.