Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses/20
CHAPITRE XX.
Religieuses hospitalières de la miséricorde
de Jésus, à Paris.
Le couvent des Hospitalières de la Miséricorde
de Jésus était situé rue Mouffetard, no 69. Il fut
fondé d’abord à Gentilly, en 1652, par Jacques le
Prévost d’Herbelay, maître des requêtes, qui assura
aux Hospitalières, chargées de soigner les filles
et femmes malades, une rente de 1500 livres. En
1655, elles obtinrent des lettres patentes et l’autorisation
de s’établir dans un faubourg de Paris.
Elles avaient acheté, en avril 1653, deux maisons
avec cours et jardins, situées dans la rue Mouffetard ;
elles les firent réparer.
Au commencement du dix-huitième siècle, les bâtiments tombaient en ruines. Ces religieuses, comme celles de plusieurs autres couvents, eurent recours aux bienfaits du sieur Dargenson, lieutenant-général
de police et grand amateur des religieuses, qui obtint pour elles, comme il avait fait pour plusieurs autres couvents nécessiteux, la permission d’établir une loterie, dont les profits seraient employés à la reconstruction de plusieurs parties de leur couvent.
Voici comme le fait est raconté dans un ouvrage moderne : « M. Dargenson, dégoûté de madame de Tencin, devint amoureux d’une petite et jolie novice des Hospitalières du faubourg St-Marceau, qu’il avait séduite au point de l’engager à s’évader en lui promettant de faire sa fortune. La supérieure, qui eut des avis de cette fuite, en empêcha d’abord l’exécution, ce qui mit M. Dargenson dans une telle colère, qu’il suspendit un bâtiment qu’il avait accordé et fait commencer dans un couvent. La supérieure, qui aurait voulu que la moitié de ses filles se fussent évadées et que son bâtiment eût été fini, trouva moyen d’apaiser M. Dargenson, en lui abandonnant l’objet de ses amours, et le bâtiment fut achevé dans la suite. »