Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses/19

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Tome 2. Chapitre XIX.



CHAPITRE XIX.

Religieuses de Notre-Dame de
Bon Secours.


Le prieuré de l’ordre de saint Benoit, situé à Paris, rue de Charonne, n° 95, était la maison qu’habitaient les religieuses de Bon Secours. La dame Claude de Bouchavanne, veuve du sieur Vignier, avait obtenu dès l’an 1646 la permission d’établir un couvent à Paris ; elle fit en conséquence, le 12 septembre 1647, l’acquisition d’une maison située rue de Charonne ; et ayant obtenu les autorisations nécessaires, elle y plaça, en 1648, Magdeleine Emmanuelle de Bouchavanne, sa sœur, religieuse au monastère de Notre-Dame de Soissons, en qualité de prieure. Cette dame s’y rendit avec deux religieuses de son couvent. Tel fut le noyau de cet établissement, qui ne fut approuvé qu’en 1667 par lettres patentes enregistrées le 16 mai 1670.

L’église et le couvent furent réparés et agrandis en 1780, sur les dessins du sieur Louis.

Ce couvent fut le théâtre de plusieurs scènes galantes. On ne s’en étonnera point, quand on saura qu’il était devenu l’asile des jeunes femmes séparées de leurs maris. Un mousquetaire y allait souvent visiter deux de ses parentes. Il y vit une demoiselle connue sous le nom de Mimi, et en devint amoureux. Cette fille, qui, de maîtresse du duc de Choiseuil était, dit-on, passée au Parc-aux-Cerfs, et avait épousé ensuite un Américain appelé Dupin, qui l’avait délaissée quelques jours après son mariage, consentit, ainsi qu’une autre pensionnaire, à escalader pendant la nuit les murs du couvent, et à aller trouver son amant dans une maison voisine. L’abbesse, soupçonneuse et jalouse, découvrit toute l’intrigue. Les pensionnaires galantes sortirent du couvent ; et le mousquetaire, nommé La Parquerie, fut envoyé prisonnier à Vincennes.