Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses/18

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Tome 2. Chapitre XVIII.



CHAPITRE XVIII.

Religieuses de Saint Louis de Louviers.


En 1647, le sieur Desmarets, prêtre de l’oratoire et sous-pénitencier de Rouen, sous la dictée de Magdeleine de Bavent, religieuse, sa pénitente, rédigea un mémoire où sont dévoilés les étranges débordements des religieuses de ce couvent et des prêtres, leurs directeurs ; elle ne craignit pas de dédier en 1652 ce tableau d’impiété et de dissolution à la duchesse d’Orléans.

Pierre David, directeur de Saint Louis de Louviers, fut, à ce qu’il paraît, le premier qui plongea les religieuses de ce couvent dans un abîme de corruption. Magdeleine de Bavent dit : Les religieuses qui paraissent pour les plus saintes, parfaites et vertueuses, se dépouillaient toutes nues, dansaient en cet état, y paraissaient au chœur et allaient au jardin. Ce n’est pas tout ; on nous accoutumait à nous toucher les unes les autres impudiquement, et, ce que je n’ose dire, à commettre les plus horribles péchés contre nature.

T. 2.                                                                                                  P. 110.
Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788, Figure Tome 2 P. 110.
Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788, Figure Tome 2 P. 110.

Le directeur disait qu’il fallait faire mourir le péché par le péché, et, pour imiter l’innocence de nos premiers pères, rester nus comme eux ; qu’il valait mieux obéir à l’impulsion de nos sens que de leur imposer un frein insuffisant, etc., etc. En conséquence, ces religieuses se présentaient à la communion nues jusqu’à la ceinture. Pierre David étant mort, Mathurin Picard, curé de Ménil Jourdan, lui succéda dans ce couvent. Sous ce nouveau directeur, les profanations et le libertinage reçurent un caractère plus révoltant encore. Ce que la religion catholique a de plus auguste était outragé et mêlé aux actes de la luxure la plus débordée, actes qui se commettaient dans des orgies nocturnes par les religieuses, en présence les unes des autres, et dont le curé Picard et son vicaire Boulé étaient les instigateurs et les complices. L’autel servait de siége à la débauche ; l’hostie consacrée, collée sur une feuille de parchemin, découpée au centre… il m’est impossible de dire l’emploi de cette hostie, et de peindre l’alliance monstrueuse des plus épouvantables profanations aux excès du libertinage. L’imagination ne peut concevoir rien de plus sacrilége.

Le parlement de Rouen, par arrêt du 21 août 1647, condamna le curé Picard au supplice du feu ; il mourut quelques jours avant d’être condamné, le vicaire Boulé fut brûlé vif.