Amours et Haines (1869)/L’Hirondelle

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Amours et HainesMichel Lévy frères, éditeurs (p. 221-222).
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L’HIRONDELLE.


Oui, madame, je vois que vous êtes très-belle.
Madame, regardez là-haut cette hirondelle :
Pour la grâce du vol, c’est un oiseau sans pair.
N’est-elle pas jolie alors que d’un coup d’aile,

Dans les rayures d’ombre et dans le soleil clair,
Elle passe en criant, vive comme un éclair,
La faucheuse d’azur ? et dirait-on pas d’elle
La navette de jais d’un tisserand de l’air ?


Votre œil aime à la suivre où son vol s’évertue ;
Vous croyez qu’elle joue ? Hélas ! non, elle tue !
Sa souplesse est un piège et son charme un moyen ;

Dieu la fit pour séduire et pour tuer ensemble…
Sauriez-vous d’aventure à qui l’oiseau ressemble ?
Moi, je ne le sais pas, si vous n’en savez rien.