Aller au contenu

Amours et Haines (1869)/La Falaise (Pailleron, 1869)

La bibliothèque libre.
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir La Falaise.
Amours et HainesMichel Lévy frères, éditeurs (p. 67-68).
Le Gué  ►


LA FALAISE.


Nous allions dans le bois silencieux et sombre,
Nous allions tous les deux dans le calme et la paix,
Sur la mousse muette et sous l’ombrage épais,
Écoutant ce silence et regardant cette ombre.

Oublieux et perdus, traversant pas à pas
Les molles épaisseurs de l’obscurité verte,
Nous allions, l’âme ailleurs et ne nous parlant pas…
Tout à coup la forêt sombre s’est comme ouverte !


Devant nous le soleil inondait le chemin,
Et la mer s’étalait étincelante, unie,
Et dans un baiser doux comme un baiser humain
Le ciel pur s’unissait à la mer infinie…


Et nous sommes restés palpitants, anxieux.
Vous avez dit : « Mon Dieu ! » moi, j’ai dit : « Je vous aime ! »
Et devant ce spectacle immense et radieux
Nous n’ayons pu trouver que ces deux mots, — le même !