Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 02/Géométrie analitique, article 3

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GÉOMÉTRIE ANALITIQUE.

Discussion des équations du second degré entre deux
variables ;
Par M. BRET, professeur de mathématiques transcendantes
au lycée de Grenoble.
≈≈≈≈≈≈≈≈≈
§. 1.
Construction des courbes qui ont un centre.

L’équation générale des courbes du second ordre qui ont un centre, peut toujours, comme l’on sait, être facilement ramenée à la forme

et désignant des coordonnées rectangulaires.

Nous allons chercher à construire, le plus simplement possible, les différentes courbes que cette équation peut représenter.

L’équation

construite sur les axes obliques des déterminés de position par rapport aux premiers, et ayant la même origine, donnera les mêmes courbes, si, en substituant pour dans l’équation (2), les fonctions équivalentes de on obtient une équation identiquement la même que l’équation (1).

Or, les formules connues qui donnent les valeurs des coordonnées obliques en coordonnées rectangulaires, sont

dans lesquelles et désignent respectivement les angles que font les axes de et avec l’axe des , du côté des positifs, et où on a fait, pour abréger

Effectuant donc le calcul que nous venons d’indiquer, et exprimant que l’équation résultante est identique avec l’équation (1), il viendra

De ces équations on déduit facilement, savoir : la valeur de la somme en ajoutant les deux premières, et la valeur du produit en retranchant de leur produit le quarré de la troisième. Ces valeur sont

et par conséquent l’équation du second degré qui a pour racines et sera

(5)

ses racines sont imaginaires lorsqu’on a

ce qui emporte la condition

et donne

dans ce cas seulement l’équation (2) cesse de représenter les courbes comprises dans l’équation (1). Ainsi, la plus petite valeur que puisse atteindre est donnée par l’équation

alors les racines de l’équation (5) sont égales, c’est-à-dire, qu’on a alors ce qui démontre que l’angle obtus formé par les diamètres conjugués égaux est le plus grand de tous ceux que puissent former deux diamètres conjugués.

En éliminant et à entre les équations (3) on obtient

ou

(6)

cette équation sert à fixer la position des nouveaux axes.

On conclut de tout ce qui précède qu’il y a une infinité de systèmes de coordonnées pour lesquels l’équation des courbes du second ordre qui ont un centre, conserve la forme

[1]

Cherchons maintenant si, parmi ces systèmes, il en peut exister de rectangulaires. Supposons l’angle droit et prenons l’axe des , dans l’angle des et positifs ; il viendra

d’après quoi les équations (3) se transformeront en celles-ci

prenant la différence des deux premières, il viendra

or,

donc

cette dernière formule fait connaître la direction des axes principaux.

Mais il est nécessaire de distinguer, par quelques caractères, la valeur de de celle de . Pour cela nous observerons que étant, par hypothèse, moindre que le quadrans, est plus petit que deux angles droits ; d’où il suit que est positif ; la différence aura donc le signe qui affectera c’est-à-dire, que, si est positif, on prendra pour la plus grande racine, et que, si est négatif, on choisira, au contraire, pour la plus petite de ces racines. Ainsi, par ce qui précède, les courbes du second ordre qui ont un centre, se trouvent entièrement connues de grandeur et de situation par rapport aux axes primitifs.

Les racines de l’équation

sont essentiellement réelles.

1.o Si ces racines sont de même signe, la courbe est une ellipse.

2.o Si elles sont de signes contraires, la courbe est une hyperbole.

3.o Si, en particulier, elles sont numériquement égales, la courbe sera un cercle ou une hyperbole équilatérale.

On déduit très-simplement des équations (4 et 6) les relations qui ont lieu entre les grandeurs des axes principaux et les grandeurs et directions des diamètres conjugués. Considérons, en effet, l’équation

dans deux systèmes différens de coordonnées ; nous aurons deux équations correspondantes des mêmes courbes auxquelles nous donnerons les formes suivantes :

La première, dans laquelle désignent des coordonnées rectangulaires, répond à l’équation (1) ; et la seconde, dans laquelle expriment des coordonnées obliques, répond à l’équation (2). Comparant ces équations entre elles, on obtient

d’après quoi les équations (4 et 6) deviennent

d’où on déduit, sur-le-champ, les relations connues

Nous terminerons par l’application de ces méthodes à la construction d’une ellipse donnée par l’équation

en portant l’origine au centre, dont les coordonnées sont l’une et l’autre égales à l’unité, cette équation deviendra

Reprenant alors les formules

on trouve

or, comme doit être positif, il s’ensuit que en sorte que l’ellipse a pour équation

§. 2.
Construction de la parabole.

L’équation générale de la parabole est

en écrivant que .

Si on la résout successivement par rapport à et par rapport à , on trouvera

Soient ensuite posées les équations

Soient désignés par et les points où la droite (3) coupe les diamètres (1) et (2), et par et ceux où la droite (4) rencontre ces mêmes diamètres. On voit que ces droites (3) et (4) sont tangentes à la parabole aux points et . Si maintenant des points et on abaisse sur les droites (2) et (1) des perpendiculaires qui aboutissent respectivement aux points et de ces lignes, et qu’ensuite on joigne le point au milieu de et le point au milieu de , par deux droites, ces droites se couperont au sommet de la parabole.

Cette construction est fondée sur cette propriété de la parabole rapportée soit à son axe soit à ses diamètres, savoir : que la sous-tangente est double de l’abscisse du point de contact.

On peut employer une construction semblable pour déterminer d’autres points que le sommet. Si, en effet, au lieu d’abaisser des points et des perpendiculaires sur les diamètres (2) et (1), on mène, par ces points, des parallèles , sous un angle quelconque ; en continuant la construction, comme ci-dessus, on obtiendra le point de la parabole où sa tangente est parallèle aux droites ou .

Ayant le sommet, il est facile de trouver le foyer ; il suffit, en effet, pour cela de mener le rayon vecteur du point , c’est-à-dire, de mener par le point une droite faisant avec la droite (1) un angle égal à celui que fait celle-ci avec la droite (3), cette droite par sa rencontre avec l’axe de la courbe qui est maintenant connu, déterminera le point cherché. On pourrait aussi déterminer le foyer par l’intersection des rayons vecteurs des points et  ; mais quelquefois ces rayons vecteurs pourraient se confondre.

Ayant ainsi le sommet et le foyer de la courbe, il est facile de la tracer, soit par points, soit par un mouvement continu.

  1. Non seulement il y a une infinité de systèmes de coordonnées pour lesquels l’équation conserve cette forme, mais il n’est aucune droite menée par le centre de la courbe, qui ne puisse être prise pour l’un des axes d’un de ces systèmes ; et c’est là un point sur lequel il conviendrait d’appuyer un peu plus dans les élémens.
    (Note des éditeurs.)