ANALISE TRANSCENDANTE.
Essai sur la sommation d’une classe très-générale
de séries ;
M. Querret, chef d’institution à St-Malo.
≈≈≈≈≈≈≈≈≈
1. Par les premiers principes de la théorie des fonctions circulaires, on a
d’où, en multipliant par
Mais si, dans la première équation, on change successivement en et en , il viendra
ce qui donnera, en substituant dans la seconde équation,
En multipliant de nouveau celle-ci par il viendra
mais, par la première équation,
substituant donc ces valeurs dans l’équation précédente, elle deviendra
et on pourrait ainsi pousser le procédé si loin qu’on voudrait.
2. Si présentement on fait égal à dans la première, à dans la seconde, à dans la troisième, et qu’en outre on fasse dans l’équation on aura
et ainsi de suite.
3. Si, dans les résultats auxquels nous venons de parvenir, on change respectivement en il viendra
et ainsi de suite.
4. Pour écrire ces formules sous une forme plus briève et pouvoir en généraliser l’expression, adoptons les notations que voici : étant des quantités en nombre quelconque, et la caractéristique d’une fonction quelconque ; nous poserons
On voit d’après cela que, si les quantités sont au nombre de
On voit assez, d’après cela, ce que signifieront
et toutes les autres expressions analogues.
5. Au moyen de ces notations, les résultats auxquels nous sommes parvenus ci-dessus (2, 3) pourront être écrits comme il suit :
Pour un arc,
Pour deux,
Pour trois,
Pour quatre,
Pour un arc,
Pour deux,
Pour trois,
Pour quatre,
6. La loi de ces divers résultats devenant ainsi manifeste, nous pourrons, en la généralisant, parvenir aux trois lemmes que voici :
étant des arcs en nombre quelconque , et leur somme ,
LEMME I.
On a, quel que soit
la suite devant être poussée à autant de termes qu’on pourra le faire, sans que le nombre des arcs dont le double de la somme se trouve retranché à excède la moitié du nombre et le dernier terme devant être réduit à sa moitié, lorsque est un nombre pair.
LEMME II.
Lorsque est un nombre pair, on a
le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris, suivant que est de la forme ou de la forme la série devant s’arrêter au terme dans lequel le nombre des arcs dont le double de la somme est retranché à sera précisément égal à la moitié de et ce dernier terme devant être réduit à sa moitié seulement.
LEMME III.
Lorsque est un nombre impair ; on a
le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris suivant que est de la forme ou et la série devant être poussée à autant de termes qu’on pourra le faire sans que le nombre des arcs dont le double de la somme se trouve retranché à excède la moitié du nombre
7. Si présentement nous supposons tous les arcs égaux entre eux et au premier, ce qui donnera nous déduirons, comme corollaires de ces trois lemmes, les formules connues que voici :
Corollaire I.
On a, quel que soit le nombre entier positif
série qu’il faudra pousser aussi loin qu’on pourra le faire, sans admettre d’arcs négatifs, et où il ne faudra prendre seulement que la moitié du dernier terme, si est un nombre pair.
Corollaire II.
Lorsque est un nombre pair, on a
le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris, suivant que sera de la forme ou de la forme et la série devant être poussée aussi loin qu’on pourra le faire sans y admettre d’arcs négatifs, en réduisant son dernier terme à sa moitié seulement.
Corollaire III.
Lorsque est un nombre impair, on a
le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris suivant que sera de la forme ou de la forme et la série devant être poussée aussi loin qu’on pourra le faire sans y admettre d’arcs négatifs.
8. Soit
une série infinie que l’on sache sommer, et dans laquelle sont des coefficiens numériques ; on aura les deux remarques suivantes :
Remarque I.
La somme finie de la série infinie
est
Remarque II.
La somme de la série infinie
est
En effet, 1.o suivant la définition de les sommes des deux séries
ou de leurs équivalentes
sont respectivement
donc la demi-somme de ces deux séries et le quotient de leur demi-différence par lesquelles ne sont autre chose que les deux séries proposées, doivent avoir respectivement pour sommes la demi-somme de leurs sommes respectives et le quotient de la demi-différence de ces mêmes sommes par ainsi que nous l’avons annoncé.
9. Soient respectivement les fonctions auxquelles se réduisent
lorsqu’on les a débarrassées des imaginaires qu’elles contiennent, on aura les théorèmes suivans :
THÉORÈME I.
La somme de la série infinie
dans laquelle on suppose les arcs au nombre de et leur somme a pour expression finie
en observant, par rapport à la limitation de cette série, ce qui a déjà été dit (Lemme I).
THÉORÈME II.
Si est un nombre pair, la somme de la série infinie
a pour expression finie
en observant, pour le signe et la limitation de cette série, ce qui a été prescrit (Lemme II).
THÉORÈME III.
Si est un nombre impair, la somme de la série infinie
a pour expression finie
en observant, pour le signe et la limitation de cette série, ce a été dit (Lemme III).
Il nous suffira de démontrer le premier de ces deux théorèmes pour faire voir de quelle manière doivent se démontrer les deux qui le suivent.
Par le Lemme I, on a successivement
En prenant la somme des produits respectifs ds ces équations par la somme des premiers membres sera la suite infinie proposée multipliée par quant à la somme des seconds membres elle sera composée de cette suite de séries infinies que voici :
Or, d’après la définition de la fonction et la Remarque I, la somme de la première série est et les sommes des autres séries, sous le signe sont successivement
en les ajoutant donc et divisant ensuite par on obtiendra la somme annoncée de la série proposée.
On démontrera les deux autres théorèmes, à l’aide des Lemmes II et III, comme nous avons démontré celui-là à l’aide du Lemme I.
10. En supposant, dans nos trois théorèmes, que les arcs deviennent égaux entre eux et au premier, ce qui donne on en conclut les trois corollaires que voici :
Corollaire I.
Quel que soit le nombre entier positif la somme de la série infinie
a pour expression finie
en observant les limitations prescrites (7, Corollaire I).
Corollaire II.
Si est un nombre pair, la somme de la série infinie
a pour expression finie
en observant, pour le choix du signe et pour le nombre des termes, ce qui a été prescrit (7, Corollaire II).
Corollaire III.
Si est un nombre impair, la somme de la série infinie
a pour expression finie
en observant, pour le choix du signe et le nombre des termes du développement, ce qui a été prescrit (7, Corollaire III).
Remarque générale.
11. Comme toutes les séries que nous avons considérées (8, 9, 10) sont dépourvues de leur premier terme, il faudra avoir soin, lorsque le contraire arrivera, d’ajouter ce premier terme à la somme donnée par ce qui précède
12. On sait que
d’où
de sorte qu’on a ici
donc, 1.o la somme de la série
sera (Remarque I.)
ou bien
de sorte qu’en ajoutant de part et d’autre, on a
2.o La somme de la série
sera (Remarque II)
ou bien
de sorte qu’on aura
[1]
13. D’après cela, on aura ici
substituant donc ces valeurs dans les formules ci-dessus (9, 10), nous aurons, par le Théorème I, quel que soit
par le Théorème II, pour pair,
par le Théorème III, pour impair,
par le Corollaire I, quel que soit
par le Corollaire II, pour pair,
et par le Corollaire III, pour impair,
14. Si, par exemple, on suppose les première, deuxième, quatrième et cinquième formules deviendront, en ayant toujours égard aux limitations prescrites pour les seconds membres,
1.o
2.o
3.o
4.o
Ces deux dernières formules avaient déjà été données par M. Stein, à la page 112 du présent volume.
15. Si l’on suppose les première, troisième, quatrième et sixième formules deviendront
1.o
2.o
3.o
4.o
et ainsi de suite.
APPLICATION II.
16. On sait qu’en faisant usage des logarithmes naturels on a
de sorte qu’ici
donc, 1.o la somme de la série
sera (Remarque I)
ou bien
ou enfin
2.o la somme de la série
sera (Remarque II)
ou bien
En vertu de la formule connue
cette somme devient
c’est-à-dire,
17. D’après cela, on aura ici
substituant donc ces valeurs dans les formules ci-dessus (9, 10), nous aurons, par le Théorème I, quel que soit ,
par le Théorème II, pour pair,
par le Théorème III, pour impair,
par le Corollaire I, quel que soit
par le Corollaire II, pour pair,
par le Corollaire III, pour impair,
18. Si, par exemple, on suppose les première, deuxième, quatrième et cinquième formules deviendront, en ayant toujours égard aux limitations prescrites pour les seconds membres,
1.
o
2.
o
3.
o
4.
o
19. Si l’on suppose les première, troisième, quatrième et sixième formules donneront
1.o
2.o
3.
o
4.
o
20. Nous ne pousserons pas plus loin, pour le moment, ces applications qui n’ont, comme l’on voit, rien de bien difficile, et qui conduisent à des résultats très-remarquables. Il nous suffisait d’établir les principes généraux et de montrer la marche du calcul. Mais, dans un supplément au présent mémoire, nous nous occuperons de la construction des formules générales servant à sommer les séries infinies de la forme
lorsqu’on sait sommer la série infinie
[2]