Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 13/Trigonométrie, article 5

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ANALISE TRANSCENDANTE.

Essai sur la sommation d’une classe très-générale
de séries ;

M. Querret, chef d’institution à St-Malo.
≈≈≈≈≈≈≈≈≈
1. Par les premiers principes de la théorie des fonctions circulaires, on a

d’où, en multipliant par

Mais si, dans la première équation, on change successivement en et en , il viendra

ce qui donnera, en substituant dans la seconde équation,

En multipliant de nouveau celle-ci par il viendra

mais, par la première équation,

substituant donc ces valeurs dans l’équation précédente, elle deviendra

et on pourrait ainsi pousser le procédé si loin qu’on voudrait.

2. Si présentement on fait égal à dans la première, à dans la seconde, à dans la troisième, et qu’en outre on fasse dans l’équation on aura

et ainsi de suite.

3. Si, dans les résultats auxquels nous venons de parvenir, on change respectivement en il viendra

et ainsi de suite.

4. Pour écrire ces formules sous une forme plus briève et pouvoir en généraliser l’expression, adoptons les notations que voici : étant des quantités en nombre quelconque, et la caractéristique d’une fonction quelconque ; nous poserons

 

On voit d’après cela que, si les quantités sont au nombre de

 

On voit assez, d’après cela, ce que signifieront

et toutes les autres expressions analogues.

5. Au moyen de ces notations, les résultats auxquels nous sommes parvenus ci-dessus (2, 3) pourront être écrits comme il suit :

Pour un arc,
Pour deux,
Pour trois,
Pour quatre,
Pour un arc,
Pour deux,
Pour trois,
Pour quatre,

6. La loi de ces divers résultats devenant ainsi manifeste, nous pourrons, en la généralisant, parvenir aux trois lemmes que voici :

étant des arcs en nombre quelconque , et leur somme ,

LEMME I.

On a, quel que soit

la suite devant être poussée à autant de termes qu’on pourra le faire, sans que le nombre des arcs dont le double de la somme se trouve retranché à excède la moitié du nombre et le dernier terme devant être réduit à sa moitié, lorsque est un nombre pair.

LEMME II.

Lorsque est un nombre pair, on a

le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris, suivant que est de la forme ou de la forme la série devant s’arrêter au terme dans lequel le nombre des arcs dont le double de la somme est retranché à sera précisément égal à la moitié de et ce dernier terme devant être réduit à sa moitié seulement.

LEMME III.

Lorsque est un nombre impair ; on a

le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris suivant que est de la forme ou et la série devant être poussée à autant de termes qu’on pourra le faire sans que le nombre des arcs dont le double de la somme se trouve retranché à excède la moitié du nombre

7. Si présentement nous supposons tous les arcs égaux entre eux et au premier, ce qui donnera nous déduirons, comme corollaires de ces trois lemmes, les formules connues que voici :

Corollaire I.

On a, quel que soit le nombre entier positif


série qu’il faudra pousser aussi loin qu’on pourra le faire, sans admettre d’arcs négatifs, et où il ne faudra prendre seulement que la moitié du dernier terme, si est un nombre pair.

Corollaire II.

Lorsque est un nombre pair, on a


le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris, suivant que sera de la forme ou de la forme et la série devant être poussée aussi loin qu’on pourra le faire sans y admettre d’arcs négatifs, en réduisant son dernier terme à sa moitié seulement.

Corollaire III.

Lorsque est un nombre impair, on a


le signe supérieur ou le signe inférieur devant être pris suivant que sera de la forme ou de la forme et la série devant être poussée aussi loin qu’on pourra le faire sans y admettre d’arcs négatifs.

8. Soit

une série infinie que l’on sache sommer, et dans laquelle sont des coefficiens numériques ; on aura les deux remarques suivantes :

Remarque I.

La somme finie de la série infinie

est

Remarque II.

La somme de la série infinie

est

En effet, 1.o suivant la définition de les sommes des deux séries

ou de leurs équivalentes

sont respectivement

donc la demi-somme de ces deux séries et le quotient de leur demi-différence par lesquelles ne sont autre chose que les deux séries proposées, doivent avoir respectivement pour sommes la demi-somme de leurs sommes respectives et le quotient de la demi-différence de ces mêmes sommes par ainsi que nous l’avons annoncé.

9. Soient respectivement les fonctions auxquelles se réduisent

lorsqu’on les a débarrassées des imaginaires qu’elles contiennent, on aura les théorèmes suivans :

THÉORÈME I.

La somme de la série infinie

dans laquelle on suppose les arcs au nombre de et leur somme a pour expression finie

en observant, par rapport à la limitation de cette série, ce qui a déjà été dit (Lemme I).

THÉORÈME II.

Si est un nombre pair, la somme de la série infinie

a pour expression finie

en observant, pour le signe et la limitation de cette série, ce qui a été prescrit (Lemme II).

THÉORÈME III.

Si est un nombre impair, la somme de la série infinie

a pour expression finie

en observant, pour le signe et la limitation de cette série, ce a été dit (Lemme III).

Il nous suffira de démontrer le premier de ces deux théorèmes pour faire voir de quelle manière doivent se démontrer les deux qui le suivent.

Par le Lemme I, on a successivement

 

En prenant la somme des produits respectifs ds ces équations par la somme des premiers membres sera la suite infinie proposée multipliée par quant à la somme des seconds membres elle sera composée de cette suite de séries infinies que voici :

 

Or, d’après la définition de la fonction et la Remarque I, la somme de la première série est et les sommes des autres séries, sous le signe sont successivement

en les ajoutant donc et divisant ensuite par on obtiendra la somme annoncée de la série proposée.

On démontrera les deux autres théorèmes, à l’aide des Lemmes II et III, comme nous avons démontré celui-là à l’aide du Lemme I.

10. En supposant, dans nos trois théorèmes, que les arcs deviennent égaux entre eux et au premier, ce qui donne on en conclut les trois corollaires que voici :

Corollaire I.

Quel que soit le nombre entier positif la somme de la série infinie

a pour expression finie

en observant les limitations prescrites (7, Corollaire I).

Corollaire II.

Si est un nombre pair, la somme de la série infinie

a pour expression finie

en observant, pour le choix du signe et pour le nombre des termes, ce qui a été prescrit (7, Corollaire II).

Corollaire III.

Si est un nombre impair, la somme de la série infinie

a pour expression finie

en observant, pour le choix du signe et le nombre des termes du développement, ce qui a été prescrit (7, Corollaire III).

Remarque générale.

11. Comme toutes les séries que nous avons considérées (8, 9, 10) sont dépourvues de leur premier terme, il faudra avoir soin, lorsque le contraire arrivera, d’ajouter ce premier terme à la somme donnée par ce qui précède

12. On sait que

d’où

de sorte qu’on a ici

donc, 1.o la somme de la série

sera (Remarque I.)

ou bien

de sorte qu’en ajoutant de part et d’autre, on a

2.o La somme de la série

sera (Remarque II)

ou bien

de sorte qu’on aura

[1]

13. D’après cela, on aura ici

substituant donc ces valeurs dans les formules ci-dessus (9, 10), nous aurons, par le Théorème I, quel que soit



par le Théorème II, pour pair,



par le Théorème III, pour impair,



par le Corollaire I, quel que soit



par le Corollaire II, pour pair,



et par le Corollaire III, pour impair,



14. Si, par exemple, on suppose les première, deuxième, quatrième et cinquième formules deviendront, en ayant toujours égard aux limitations prescrites pour les seconds membres,

1.o 


2.o 


3.o 

4.o 

Ces deux dernières formules avaient déjà été données par M. Stein, à la page 112 du présent volume.

15. Si l’on suppose les première, troisième, quatrième et sixième formules deviendront

1.o 


2.o 


3.o 


4.o 

et ainsi de suite.

APPLICATION II.

16. On sait qu’en faisant usage des logarithmes naturels on a

de sorte qu’ici

donc, 1.o la somme de la série

sera (Remarque I)

ou bien

ou enfin

2.o la somme de la série

sera (Remarque II)

ou bien

En vertu de la formule connue

cette somme devient

c’est-à-dire,

17. D’après cela, on aura ici

substituant donc ces valeurs dans les formules ci-dessus (9, 10), nous aurons, par le Théorème I, quel que soit ,



par le Théorème II, pour pair,


par le Théorème III, pour impair,



par le Corollaire I, quel que soit



par le Corollaire II, pour pair,



par le Corollaire III, pour impair,


18. Si, par exemple, on suppose les première, deuxième, quatrième et cinquième formules deviendront, en ayant toujours égard aux limitations prescrites pour les seconds membres,

1.o 


2.o 


3.o 


4.o 

19. Si l’on suppose les première, troisième, quatrième et sixième formules donneront

1.o 

2.o 


3.o 


4.o 

20. Nous ne pousserons pas plus loin, pour le moment, ces applications qui n’ont, comme l’on voit, rien de bien difficile, et qui conduisent à des résultats très-remarquables. Il nous suffisait d’établir les principes généraux et de montrer la marche du calcul. Mais, dans un supplément au présent mémoire, nous nous occuperons de la construction des formules générales servant à sommer les séries infinies de la forme




lorsqu’on sait sommer la série infinie

[2]

Séparateur

  1. Nous ne connaissions pas encore le Cours d’analise de M. Cauchy, où la première de ces deux séries se trouve sommée, lorsque nous en avons donné la somme, à la page 107 du présent volume.
  2. Presque en même temps que ce qu’on vient de lire nous est parvenu, nous avons reçu de M. Sturm de Genève, sur la sommation de diverses classes de séries, un travail qui, sans être aussi étendu que celui de M. Querret, offre néanmoins quelques résultats curieux, et que nous ferons prochainement connaître.
    J. D. G.