Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 14/Dynamique, article 1

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DYNAMIQUE.

Démonstration de la proportionnalité des forces aux vitesses ;

Par M. Fauquier, capitaine de génie, ancien élève
de l’école polytechnique.
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Une observation de tous les instans prouve que les phénomènes du mouvement sont les mêmes, soit à bord d’un navire, soit à la surface de la terre, quels que soient la vitesse du navire ou celle de la terre ; de sorte que l’on peut admettre, comme principe d’expérience, que le mouvement relatif des corps n’est aucunement influencé par l’action d’une vitesse qui leur est commune.

Ce principe admis, soient un mobile quelconque, sa vitesse due au mouvement de la terre, et la force dont il est animé, en vertu de cette vitesse ; on aura généralement d’où mais, comme et doivent s’évanouir en même temps, nous pourrons écrire

Soit décomposée la force en trois autres parallèles à trois axes rectangulaires, et soient les vitesses du mobile suivant ces trois axes, nous aurons

(1)

Si nous supposons en outre ce même mobile soumis à l’action d’une autre force étrangère au mouvement de la terre, et dont soient les composantes, suivant les trois mêmes axes ; ce mobile sera sollicité, suivant ces axes, par les forces

sa vitesse, suivant le premier de ces axes, résultant de l’action simultanée des deux forces sera donc

de sorte qu’en désignant par l’accroissement de vitesse dû à la force on aura

(2)

mais, en développant par rapport à on a

en substituant donc dans (2) et développant, on obtiendra un résultat de cette forme

seront des fonctions de sans Retranchant enfin de cette dernière la première des équations (1), on aura

(3)

et il s’agira de déterminer les quantités

Or, puisque le premier membre de cette équation exprime la vitesse relative du mobile, et que cette vitesse doit être indépendante de la vitesse de la terre, le second membre devra aussi en être indépendant, et conséquemment ne pas contenir les coefficiens doivent donc être des quantités constantes.

Mais, d’un autre côté, au lieu de substituer, dans l’expression à la place de ce qui donne, comme nous l’avons vu,

il revient évidemment au même d’y changer d’abord en ce qui donne

et de changer ensuite de nouveau, dans le résultat, en ce qui donnera, à cause de indépendans de

(4)

comparant donc (4) à (3), on devra avoir

ce qui ne saurait avoir lieu qu’autant que les exposans seront tous égaux à l’unité.

En posant donc, pour abréger,

nous aurons, pour la vitesse relative, suivant le premier de nos trois axes, les vitesses relatives suivant les trois axes seront donc respectivement

étant une constante.

Si donc un corps quelconque est sollicité par une force quelconque qui lui imprime une vitesse on aura généralement

sera une constante ; les forces sont donc, toutes choses égales d’ailleurs, proportionnelles aux vitesses quelles impriment.


Nîmes, le 18 août 1823.