Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 16/Géométrie élémentaire, article 6

La bibliothèque libre.
Séparateur

Démonstration des deux théorèmes d’analise et de géométrie énoncés à la page 64 du présent volume, et du théorème de géométrie énoncé à la page 344 du volume précédent ;


Par M. Lenthéric, docteur ès sciences, professeur de mathématiques
et de physique au collége royal de Montpellier.
≈≈≈≈≈≈≈≈≈

À la page 373 du précédent volume, il a été démontré qu’en adoptant les notations abrégées

on avait

Si, dans cette formule, on pose et qu’on remette en place des divers symboles les développemens qu’ils représentent, en supprimant les facteurs communs aux deux termes des diverses fractions résultantes, il viendra


qui est, aux notations près, le théorème d’analise énoncé à la page 64 du présent volume.

Avant de passer à la démonstration du théorème de géométrie, il nous faut d’abord construire quelques formules propres à nous conduire à notre but.

Soit l’angle au centre d’un polygone régulier de côtés, de telle sorte qu’on ait  ; en désignant par un nombre entier positif, plus petit que , on aura, comme nous l’avons démontré (pag. 41).

ou, parce que et

(A)
(B)

Ces équations ont lieu également lorsque est plus grand que , pourvu qu’il n’en soit pas multiple. Si, en effet, on poses où on ait  ; en substituant dans les premiers membres des équations (A) et (B), et observant que généralement

ces premiers membres deviendront

et seront nuls, par ce qui précède.

En désignant toujours par l’angle au centre d’un polygone régulier de côtés et par un angle quelconque ; étant un nombre entier positif, non multiple de , on trouvera en développant

c’est-à-dire en vertu des formules (A), (B)

Cela posé, on sait, comme nous l’avons déjà observé (pag. 41), que étant un angle quelconque et un nombre entier positif quelconque, on a

pourvu qu’on arrête le développement dès qu’on ne rencontrera plus d’arcs positifs, et que, lorsque sera pair, on ne prenne que la moitié du terme qui contiendra l’arc nul.

Mettant successivement pour dans cette formule, les termes de la progression, progression, on aura



 

ce qui donnera, en ajoutant,

Si est un nombre impair, non multiple de toutes les lignes du second membre de cette équation seront nulles, en vertu de la formule (C) ; de sorte qu’en remplaçant par on a

(D)

Si, au contraire, est un nombre pair, les cosinus de la dernière ligne seront tous égaux à l’unité, et au nombre de et leur coefficient commun sera

ou, en changant en

Il faudra donc prendre fois la moitié de ce coefficient, et multiplier le résultat par ou par ce qui revient à multiplier de suite ce coefficient, tout entier par On a donc

(E)

En conséquence, si l’on fait successivement égal à on tirera des formules (D) et (E)

(F)

Soit présentement une circonférence, dont soit le centre et le rayon, divisée en parties égales aux points et soit un point du plan de cette circonférence distant de son centre de la quantité Soient menées les droites et les rayons soit l’angle de deux rayons consécutifs, et soit l’angle que fait le premier avec la droite Les triangles qui ont tous le côté commun donneront

En désignant par un nombre entier positif, plus petit que on conclura de là



En vertu des formules (F), cette équation devient


ou bien, en réduisant

En développant les diverses puissances de dans le second membre, et réunissant les termes affectés des mêmes puissances de et de dans le développement, le terme général de ce développement, c’est-à-dire, le terme affecté de sera

On peut, en préparant convenablement les termes du coefficient, faire en sorte que le facteur

leur devienne commun, et alors, en mettant ce facteur en évidence, le terme général devient


Mais si, dans la formule d’analise que nous avons démontrée au commencement de cet article, savoir :

on fait et elle deviendra


au moyen de quoi notre terme général se réduit à

de sorte qu’on a finalement

qui est précisément le théorème énoncé à la page 344 du précédent volume, que nous nous étions proposés de démontrer.

En faisant on trouve

ce qui donne une expression bien simple de la somme des quarrés des droites menées aux sommets d’un polygone régulier d’un point quelconque de son plan, et montre que cette somme est la même pour tous les points également distants du centre du polygone, comme M. Sturm l’avait déjà remarqué (tom. XV, pag. 256).

Si le point coïncide avec l’un des sommets du polygone, deux des droites en sont des côtés et les autres sont des diagonales ; mais alors en désignant donc par l’un des côtés du polygone et par les diagonales menées d’un sommet à tous les autres, on aura

d’où

Si, par exemple, il s’agit de l’hexagone régulier, ou et on aura

mais ici, l’on a et  ; donc


ouet

comme on doit l’avoir en effet.

THÉORÈME. Un polygone quelconque étant circonscrit à un cercle, et un autre cercle étant concentrique à celui-là la somme des produits des côtés du polygone par les quarrés des distances d’un point quelconque de la circonférence du second cercle aux points de contact de ces côtés avec le premier, est une quantité constante.

Démonstration. Soit le centre commun des deux cercles ; soit le rayon de celui auquel le polygone est circonscrit, et soit le rayon de l’autre. Représentons par les côtés consécutifs du polygone ; et désignons leurs points de contact par Soit enfin, un point pris arbitrairement sur la circonférence dont le rayon est et représentons respectivement par les angles parce que les angles qui ont les côtés perpendiculaires chacun à chacun sont égaux, les angles seront aussi ceux que feraient les côtés du polygone avec une perpendiculaire indéfinie menée à par le point de sorte qu’on aura, par un théorème connu[1].

(1)

Cela posé, les triangles donnent

Prenant la somme des produits respectifs de ces équations par et ayant égard à la relation (1), il viendra

(2)

équation dont le second membre est indépendant du point sur la circonférence dont le rayon est comme l’annonce le théorème qui se trouve ainsi démontré.

Si le polygone était régulier, en représentant par le nombre de ses côtés, l’équation (2) deviendrait

Si le point était pris sur la circonférence même du cercle inscrit, on aurait , et conséquemment

et si, en outre le polygone était régulier, on aurait

  1. Voyez, entre autres, la pag. 310 du XV.e volume du présent recueil.
    J. D. G.