Annales de pomologie belge et étrangère/Grosse Poire d’amande

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Grosse Poire d’amande.

Synonymes : Amandel Peer. — Grosse Angleterre, de Noisette. — Beurré d’Anglelerre, de Noisette.

(Spécimen récolté sur pyramide.)

L’origine de cette variété, l’époque de sa première production et le nom de son inventeur nous sont inconnus. On peut cependant présumer, d’après la grosseur des arbres existant dans nos jardins et nos vergers, qu’elle date de la fin du siècle dernier, et sa culture, si générale en Belgique, semblerait indiquer que c’est un produit du cru. Quoi qu’il en soit, nous lui avons conservé son nom de Grosse Poire d’amande, qu’elle porte ici depuis un temps immémorial, parce que ce nom est populaire et lui a été donné en raison de l’analogie de sa saveur avec celle de l’amande douce, et enfin parce qu’il nous parait avoir la priorité sur celui de Grosse Angleterre, adopté par M. Noisette, dans son Traité des arbres fruitiers, sans qu’il en donne aucun motif, si ce n’est, peut-être, sa ressemblance avec le Beurré d’Angleterre de Duhamel.

Van Mons a aussi trouvé dans ses semis un fruit qu’il a désigné sous le nom de Poire d’amande régénérée ou Amande double ; nous ne connaissons pas ce fruit, mais la description qui en a été faite aux États-Unis par M. Manning, qui l’avait reçu de l’auteur, ne se rapporte nullement à la poire que nous décrivons.

Le fruit est gros, pyriforme pyramidal ; l’épiderme, épais, rude, grenu intérieurement, vert clair, jaunit modérément à l’époque de la maturité et se bronze légèrement du côté du soleil ; il est ponctué de nombreux points bruns, panaché de roux et ombré de même couleur autour du pédoncule, qui est long de 3 centimètres, gros, ligneux, arqué, brun, implanté dans une cavité peu profonde et bosselée. Le calice, couronné, occupe une cavité moyenne et arrondie ; ses divisions sont dressées, brunes. Sa chair est blanc-jaunâtre, fine, fondante, beurrée ; son eau est abondante, sucrée et d’une saveur des plus agréables, ayant la plus grande analogie avec celle du fruit de l’amandier.

C’est une poire de toute première qualité, dont la maturité a lieu en octobre.

L’arbre, vigoureux et très-fertile, se comporte bien en pyramide sur franc ou sur coignassier et en haut-vent ; lorsqu’il est placé en espalier au levant ou au couchant, son fruit devient aussi gros qu’un Beurré Bosc.

Ses branches à fruits sont longues, grêles, jaune-noisette dans leur jeunesse, grises ensuite.

Les supports sont grêles, gris, ridés à leur base ; légèrement renflés, lisses, bruns à leur sommet.

Le bouton à fleur est petit, arrondi, aigu, brun noir.

Les jeunes rameaux sont assez longs, arqués, de grosseur moyenne, flexueux et légèrement stries ; l’épiderme, brun-noisette, un peu rougeâtre du côté du soleil, est ponctué de nombreuses lenticelles, très-petites, rousses, ovales, concaves.

Le gemme est assez gros, ovale, aigu, brun noir, fortement lavé de gris cendré, apprimé à sa base, écarte à son sommet, et porté sur un renflement notable du bois.

Les mérithalles sont assez longs.

Les feuilles sur les rameaux sont assez grandes, ovales pointues, arquées ondulées, à bords un peu relevés ; leur serrature est large, irrégulière et arrondie ; le pétiole qui la supporte est gros, long de 3 centimètres, largement canaliculé, vert clair ombre de rouge. Sur lambourdes les feuilles sont grandes, planes, d’un beau vert luisant ; leur serrature est fine, régulière, et leur pétiole, long de 5 centimètres, est grêle, vert-jaunâtre.

Les stipules sont linéaires.

Alexandre Bivort.