Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Beurré Clairgeau

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Poire Beurré Clairgeau.

(Clairgeau.)

Cette variété provient des semis de M. Clairgeau, jardinier à Nantes ; son premier rapport a eu lieu en 1848. Peu de fruits nouveaux ont joui d’une vogue aussi rapide et aussi méritée que celui-ci. Sa grosseur, la beauté de sa forme et de son coloris, la finesse et l’exquise qualité de sa chair, satisfont également la vue et le goût ; aussi sa culture est-elle déjà répandue dans les deux hémisphères et son mérite est reconnu, aussi bien aux États-Unis qu’en Belgique et en France, sa patrie. Si quelques doutes existent encore au sujet de sa qualité, en Angleterre, ce ne peut être que par suite de la dégustation d’exemplaires défectueux.

Le Beurré Clairgeau est très-gros, ordinairement pyramidal-turbiné, un peu arqué vers le sommet et déprimé sur une des faces, mais parfois il est plus arrondi, moins élevé et se termine en pointe obtuse et régulière. Il atteint souvent 11 centimètres de hauteur sur 9 de diamètre.

L’épiderme, jaune-d’or à l’époque de la maturité, fortement coloré du côté du soleil, est presque entièrement panaché et ponctué de brun-roux du côté de l’ombre. Le pourtour du pédoncule et celui du calice sont ombrés de même couleur. Le pédoncule, très-gros sans être charnu, très-court, brun, est implanté obliquement dans une petite cavité ou à fleur du fruit. Le calice, couronné, ouvert, parfois irrégulier, est placé dans une cavité moyenne, arrondie et évasée. Ses divisions sont raides, courtes, dressées, grises ou noires. La chair est blanche, fine, fondante, beurrée ; son eau est abondante, sucrée et d’un parfum des plus agréables.

Cette poire exquise commence sa maturation dans les premiers jours de novembre et la prolonge jusque vers la fin du mois et même au delà.

L’arbre type du Beurré Clairgeau appartient actuellement à M. de Jonghe, et se trouve dans son jardin de Bruxelles ; c’est un bel exemplaire qui pousse avec une vigueur plus que moyenne et qui s’est mis promptement à fruit après sa transplantation en Belgique en 1851 ; depuis lors sa fructification est constante.

Son bois est gros, brun-clair, nuance de gris-cendré.

Ses brandies à fruits sont grosses, courtes ; les supports, bruns, très-ridés à leur base, peu renflés à leur sommet.

Le bouton à fleur est gros, conique-pointu, brun-clair, ombré de brun-noir.

Les jeunes rameaux sont gros, assez longs, droits, lisses et sans stries ; l’épiderme, brun-rougeâtre, plus vif du côté du soleil que du côté de l’ombre, est ponctué de lenticelles gris-blanc, rondes et ovales.

Le gemme est très-saillant, conique, pointu, brun-foncé.

Les mérithalles sont courts.

Les feuilles sont assez grandes, lancéolées et ovales-lancéolées, arquées, planes ou à bords relevés en gouttière et finement serretés.

Le pétiole est gros, long de 2 à 5 centimètres, canaliculé, vert-clair, lavé de brun-rougeâtre.

Les stipules sont filiformes.

Ayant pu apprécier, par plusieurs dégustations successives, que les fruits du Beurré Clairgeau, provenant de l’arbre type, étaient meilleurs que les fruits récoltés sur un arbre greffé sur coignassier, et ayant même trouvé dans la chair de ces derniers bon nombre de concrétions pierreuses qui annihilaient en partie ses bonnes qualités, nous conseillons de le cultiver habituellement en pyramide sur franc, et, si quelque amateur désire l’avoir en espalier, nous croyons devoir lui désigner les expositions du levant et du couchant comme les plus convenables à la nature du fruit.

Alexandre Bivort.