Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Beurré de Mérode

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Beurré de Mérode.

(Van Mons.)
Fruit de Verger
Synonymies : Beurré de Mérode Westerloo ; — Beurré de Westerloo ; Poire de Mérode ; — Philippe double ; — Double Philippe.

(Spécimen récolté sur pyramide.)

La Commission royale de Pomologie a eu longtemps des doutes sur l’identité du Double Philippe et du Beurré de Mérode ; les arbres de ces deux variétés avaient les plus grands rapports entre eux, mais les fruits présentaient cette différence, que le Beurré de Mérode était toujours très-coloré de rouge vif à l’époque de sa maturité, sans que le Double Philippe montrât la moindre trace de cette couleur. Dans cette occurrence, ne voulant trancher la question qu’en connaissance de cause et après s’être entourée de tous les renseignements nécessaires, elle a dû attendre cet automne pour comparer ces deux fruits simultanément ; elle a reconnu alors en eux une seule et unique variété, se colorant souvent de rouge vif lorsque le fruit est récolté sur un sujet greffé sur coignassier, et restant jaune d’or et même vert-jaunâtre, lorsque le fruit est récolté sur pied franc.

Van Mons, l’obtenteur de cette variété, l’a dédiée à M.  le comte de Mérode-Westerloo.

Le fruit est gros ou très-gros, parfois arrondi, mais ordinairement oboval et ressemblant assez à un Beurré Diel. L’épiderme, lisse, vert clair, est ponctué de brun, ombré et panaché de roux ; il jaunit plus ou moins fortement à l’époque de la maturité et se colore souvent de rouge vif, lorsque le fruit provient d’un arbre greffé sur coignassier. Le pédoncule, long de 2 centimètres, assez gros, renflé à son sommet, brun foncé, est implanté un peu obliquement dans une cavité peu profonde, entourée de quelques légères gibbosités. Le calice, couronné, ouvert, est peu enfoncé ; ses divisions sont dressées, jaunes bordées de gris-noir. La chair est blanche, demi-fine, fondante ; son eau est abondante, sucrée, d’un parfum agréable.

Le Beurré de Mérode n’est de première qualité que dans un sol léger et chaud ; dans un sol froid, il n’est que de seconde. L’époque de sa maturité vient ordinairement vers la mi-septembre et se prolonge souvent jusqu’à la fin d’octobre, car il se conserve bien au fruitier, lorsqu’il a été entre-cueilli.

L’arbre, très-vigoureux et très-fertile, est surtout cultivé en haut-vent dans les environs de Louvain et de Malines ; nous pensons qu’il peut l’être également, avec avantage, dans les autres parties du pays. Dans les jardins, il sera préférable de le cultiver en pyramide greffée sur coignassier.

Ses branches à fruits sont grêles, courtes, grises.

Les supports sont moyens, allongés, rugueux, brun-rougeâtre.

Le bouton à fleur est moyen, ovale, pointu, brun-marron, lavé de gris argenté.

Les jeunes rameaux sont gros, longs, duveteux à leur sommet, flexueux, lisses et sans stries. L’épiderme, gris-blond du côté de l’ombre, brun-rouge du côté du soleil, est ponctué de larges lenticelles rondes, gris-roux, saillantes.

Le gemme, au sommet du rameau, est triangulaire pointu, apprimé à sa base, écarté à son sommet, brun foncé lavé de gris. Dans la partie inférieure il est conique, aigu, saillant, ordinairement porté sur des rudiments de lambourde.

Les feuilles sont grandes, épaisses, ovales-lancéolées aiguës ou ovales-arrondies pointues, arquées, planes ou à bords latéraux légèrement relevés, d’un beau vert foncé et luisant ; leur serrature est large et profonde.

Le pétiole, long de 4 à 6 centimètres, est gros, canaliculé, vert-jaunâtre, parfois lavé de rouge.

Les stipules sont filiformes.

Alexandre Bivort.