Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Conseiller de la cour

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Poire Conseiller de la Cour.


(Spécimen récolté sur pyramide.)

Cette variété, dédiée par Van Mons à son fils, conseiller à la cour d’appel de Bruxelles, est certainement un de ses meilleurs et de ses plus beaux gains. Lorsqu’en 1845, je fis l’acquisition de la pépinière de ce savant pomologue, j’y ai trouvé non plus l’arbre mère de cette variété, mais une centaine de jeunes sujets greffés sur franc depuis deux et trois ans ; ils nous mettront sur la voie pour trouver l’âge de cette variété, dont le premier rapport aurait ainsi eu lieu vers 1840.

Le fruit, un des plus gros dans les variétés dites poires à couteau, mesure ordinairement, quand il est le produit d’un plein-vent, placé dans un sol peu riche, 9 à 10 centimètres en hauteur sur 8 de diamètre ; quand il provient d’une pyramide convenablement placée, il acquiert jusqu’à 12 centimètres sur 10.

Sa forme est régulière, pyriforme, renflée vers son centre, rétrécie vers ses deux bouts, mais plus fortement vers la base que vers le sommet. L’épiderme, vert clair, jaunit très-légèrement à l’époque de la maturité ; il est finement ponctué et panaché de brun roux, ombré de même couleur autour du pédoncule ; celui-ci, grêle, ligneux, verdâtre, un peu arqué, long de 20 à 25 millimètres, est placé à fleur du fruit ou dans une cavité peu profonde. Le calice est irrégulier et assez enfoncé ; ses divisions sont noires et souvent caduques. La chair est blanche, fine, demi-fondante, demi-beurrée ; l’eau en est suffisante, sucrée et d’un parfum très-agréable.

L’époque de la maturité du conseiller de la cour a ordinairement lieu vers la fin d’octobre, mais les fruits de grosseur moyenne et les plus petits peuvent se conserver dans un bon fruitier jusque vers la fin de novembre.

L’arbre, très-vigoureux et très-fertile, produit ses fruits par trochets de trois à quatre ; il affecte naturellement la forme pyramidale, et se comporte également bien sur franc et sur coignassier. Il est déjà cultivé avec succès dans plusieurs sols d’une nature très-différente. Son bois, gros et grisâtre, forme un angle très-ouvert avec le tronc.

Ses branches à fruits sont courtes, de grosseur moyenne, grises et très-subdivisées dans leur vieillesse.

Les supports sont très-longs, grêles, gris blanc, fortement annelés.

Les bourgeons à fleur sont moyens, coniques pointus, brun clair ombré de brun marron et lavé de gris.

La fleur est ample et noue facilement.

Les jeunes rameaux sont longs, de grosseur moyenne, lisses et sans stries, un peu cotonneux et arqués vers le sommet. L’épiderme, gris brun du côté du soleil, gris verdâtre du côté de l’ombre, est ponctué de larges et nombreuses lenticelles gris roux, proéminentes, très-apparentes et irrégulièrement distribuées.

Les mérithalles sont inégaux.

Le gemme, conique, pointu, brun ombré de gris, est écarté du rameau par son sommet et forme avec lui un angle aigu ; cependant, vers le centre, il est ordinairement écarté et porté sur un rudiment de lambourde.

Les feuilles sont moyennes, planes, luisantes, ovales, aiguës ou arrondies vers leur sommet et courtement pointues ; leur serrature, parfois partielle, est fine et régulière ; leur couleur est vert clair ; elles ont, en moyenne, 5 à 7 centimètres de longueur sur 4 à 5 de largeur.

Le pétiole, long de 2 à 4 centimètres, est grêle, cannelé, vert jaunâtre.

Les stipules sont linéaires.

Sur les lambourdes, les feuilles sont lancéolées, pointues et plus largement serretées ; le pétiole y est plus long et moins gros.

Alex. Bivort.