Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Dingler

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Poire Dingler.

(Van Mons.)

(Spécimen récolté sur pyramide.)

Voici encore un fruit de procréation récente, qui appartient aux semis du professeur Van Mons.

L’auteur nous a laissé des notes si incomplètes sur ses derniers travaux pomologiques, que nous devons souvent recourir aux divers ouvrages sur la matière, qui ont paru dans d’autres pays où Van Mons envoyait des greffes, afin de nous guider dans nos recherches.

La variété qui nous occupe, a été décrite sous le nom de Comte Lamy, par l’auteur américain Downing, dans son Traité des fruits, dont la première édition a paru en 1845. Il nous dit que c’est une poire vraiment exquise et une des dernières variétés flamandes introduites dans ce pays. Il lui donne, comme synonymie, le nom de Dingler, qui est celui donné à ce fruit par Van Mons, et ensuite le nom de Curtet, qui appartient à une variété toute différente, gagnée par M. Bouvier, de Jodoigne.

La figure, au trait, de la poire décrite par Downing sous le nom de Comte Lamy, est entièrement la même que celle envoyée par Van Mons, vers 1840, à M. le comte du Mont-Blanc, à Ingelmunster, sous le nom qui nous paraît avoir droit de priorité.

Le même auteur nous dit aussi que ce fruit est bien différent de la Marie-Louise nova, que Van Mons a envoyée en Amérique, et que c’est par erreur que M. Robert Thompson, dans le Catalogue des fruits cultivés en 1842 dans le jardin de la Société d’horticulture de Londres, le donne comme synonyme.

Nous sommes entièrement de son avis, et nous ne pourrions comprendre comment des fruits dont l’introduction est si récente, donneraient lieu à de telles erreurs, si nous ne savions que les envois faits par Van Mons, de scions accompagnés de lettres ou de numéros, en sont la cause.

En résumé, nous pensons que cette poire a été gagnée par Van Mons vers 1838 ou 1839 et baptisée primitivement du nom de Dingler ; qu’elle est connue en Angleterre sous les qualifications de Comte Lamy et Marie-Louise nova ou Marie-Louise II, et en Amérique sous celles de Comte Lamy, Dingler et Curtet.

Le fruit est moyen ; il a parfois la forme d’un Doyenné, mais ordinairement il est turbiné. Son diamètre est de 75 millimètres, sa hauteur de 70. La peau fine, lisse, jaune-citron à l’époque de la maturité, est ombrée de roux-fauve autour du calice, panachée et maculée de même couleur, surtout du côté du soleil, et ponctuée de points gris, roux et noirs sur toute sa surface. Le pédoncule moyen, ligneux, arqué, long de 20 à 25 millimètres, est placé à fleur du fruit au sommet d’une petite gibbosité ou dépassé d’un côté par celle-ci. Le calice, large, ouvert, se trouve dans une cavité peu profonde et très-évasée ; ses divisions sont noires, ordinairement caduques. La chair est fine, blanc-jaunâtre, fondante, beurrée ; son eau est abondante, sucrée et d’un parfum des plus agréables.

Cet excellent fruit mûrit dans la première quinzaine de novembre.

L’arbre est d’une vigueur moyenne, très-fertile ; il adopte facilement la forme pyramidale et peut se greffer sur franc ou sur coignassier. Son bois est gros, gris-brun ; il forme, avec le tronc, un angle ouvert.

Ses branches à fruits sont moyennes, lisses, luisantes, brun-clair ponctué de lenticelles gris-roux.

Les boutons à fleur sont allongés, pointus, brun-noir.

Les supports sont moyens, courts, ridés à leur base, légèrement renflés et lisses à leur sommet.

Les jeunes rameaux sont moyens, droits, striés.

L’épiderme en est lisse, luisant, brun-noisette foncé, ponctué de quelques lenticelles proéminentes, rousses et grises.

Le gemme est triangulaire, pointu, brun-clair ombré de brun-noir, apprimé à sa base, écarté à son sommet et porté sur un léger renflement du bois.

Les mérithalles sont courts et égaux.

Les feuilles sont amples, ovales, pointues, planes ou festonnées et à bords légèrement relevés en gouttière. La plupart sont entières ou partiellement serretées vers le sommet, d’un beau vert-foncé souvent taché de noir ou de rouille ; elles mesurent 9 centimètres en longueur sur 6 en largeur, et sont supportées par des pétioles remarquablement gros, vert-jaunâtre, profondément canaliculés, longs de 20 à 45 millimètres.

Les stipules manquent ordinairement.

Alexandre Bivort.