Annales de pomologie belge et étrangère/Poire de Tongres

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DE TONGRES. (Durandeau.)

Poire de Tongres.

(Durandeau.)

Cette variété provient, à ce qu’il paraît, des semis de M. Durandeau, jardinier à Tongres (Hainaut). Dans plusieurs parties du pays et notamment à Namur, elle est connue sous le nom de son inventeur. L’époque de sa première apparition n’est pas connue, mais elle ne peut être bien ancienne. Elle ne figure point au catalogue manuscrit, écrit en entier de la main de M. Duquesnes, qui mentionne tous les bons fruits gagnés dans le Hainaut depuis 1758 jusqu’en 1814, avec le nom de leurs auteurs en regard, et la date fixe de leur introduction. Nous ne trouvons non plus cette poire dans le catalogue publié en 1823, par Van Mons ; ce qui fait supposer qu’elle est postérieure à cette époque.

Le fruit est très-gros, conique, pyramidal ; il est fortement bosselé sur toute sa surface et mesure souvent jusqu’à 12 centimètres en hauteur sur 9 de diamètre.

L’épiderme, vert-bronzé, passe au jaune-foncé à l’époque de la maturité ; il est entièrement ombré de roux-brun et panaché de rouge du côté frappé par les rayons solaires. Le pédoncule brun-verdâtre, long de 2 centimètres, ligneux et grêle comparativement à la grosseur du fruit, est placé au sommet d’un petit mamelon et ordinairement rejeté de côté par une forte gibbosité. Le calice, petit, irrégulier, se trouve dans une cavité peu profonde, arrondie et très-évasée ; ses divisions sont noires. La chair est blanche, fine, fondante ; l’eau en est très-abondante, sucrée, vineuse et d’un parfum des plus agréables.

Cette excellente et belle variété mûrit ordinairement vers la mi-octobre et se conserve très-bien au fruitier jusque vers la mi-novembre.

L’arbre, d’ailleurs très-fertile, n’étant que d’une vigueur moyenne, n’a pas besoin, pour être contenu, d’être greffé sur coignassier, sujet sur lequel il se comporte, du reste, fort bien, lorsque le sol lui convient ; il affecte naturellement la forme pyramidale et son bois forme, avec le tronc, un angle très-ouvert ; ce bois, après quelques années, devient gris-noir et rugueux par l’éclatement des lenticelles.

Ses branches à fruits sont moyennes, courtes, grises, rugueuses.

Les supports, gris et ridés à la base, sont renflés, brun-foncé ponctué de fauve au sommet.

Les boutons à fleur sont moyens, très-allongés ou coniques, pointus, brun-clair ombré de brun-marron.

Les jeunes rameaux sont, en général, assez longs, moyens, droits ; les plus vigoureux sont coudés et s’étendent en serpentant ; une strie longitudinale part en dessous et du milieu de chaque gemme et se prolonge jusqu’au suivant ; ils sont renflés au sommet, qui souvent est terminé par un bouton à fleur.

L’épiderme lisse, luisant, vert-olive du côté de l’ombre, vert-brun du côté du soleil, est parsemé de petites lenticelles grises, rondes ou ovales proéminentes, nombreuses et irrégulièrement distribuées sur toute sa surface.

Le gemme est conique, pointu, saillant, brun-fauve ombré de brun-foncé et de gris-blanc ; il est parfois coloré de rouge-cerise à la base.

Les mérithalles sont courts et réguliers.

Les feuilles sur les rameaux sont ovales-allongées, aiguës, à bords latéraux relevés en gouttière ; leur serrature est large et profonde ; elles mesurent, en moyenne, 6 centimètres en longueur et 3 ½ en largeur ; elles sont portées sur des pétioles grêles, vert-clair, canaliculés, longs de 4 à 5 centimètres ; sur lambourdes, les feuilles sont plus grandes, souvent planes et partiellement serretées.

Les stipules sont linéaires ou lancéolées.

Alexandre Bivort.