Annales de pomologie belge et étrangère/Reine-Claude violette

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REINE-CLAUDE VIOLETTE.

Reine-Claude violette.


Lorsque nous avons entrepris cette publication, nous avons annoncé que nous donnerions l’historique et la description de toutes les bonnes variétés d’espèces fruitières. Nous regrettons vivement de manquer aux promesses de notre prospectus ; mais que faire ? Devons-nous, à l’exemple de certains historiens, inventer des légendes à défaut de documents historiques authentiques ? Ne serait-ce pas mettre en suspicion les notions toujours exactes que depuis bientôt trois ans nous mettons sous les yeux de nos lecteurs, et qui n’ont pas été, nous le croyons du moins, sans influence sur les progrès de la Pomologie ? C’est ce que nous avons pensé. Nous n’hésitons donc pas à opter pour cette méthode fort commode et peu nouvelle qui consiste à dire : son origine est inconnue ; ce qui signifie qu’elle ne nous est pas connue. La Reine-Claude violette n’est cependant pas très-ancienne ; car Duhamel, dans son Traité si complet, n’en fait aucune mention. Ce qui nous autorise à dire qu’elle n’existait pas de son temps.

Le Bon Jardinier et Louis Noisette citent et préconisent cette variété ; mais ils se bornent à une description sommaire et ne donnent aucune indication ni sur l’époque, ni sur le lieu où elle a été trouvée, ni sur le nom de l’inventeur. Privé de renseignements à cet égard, nous nous bornerons, à l’exemple de nos devanciers, à une description méthodique. Au reste, cette prune, bien que personne n’en ait jamais revendiqué la paternité, n’en vaut pas moins pour cela, et nous n’hésitons pas à la recommander comme une variété de toute première qualité, soit comme fruit de table, soit comme fruit de cuisine.

L’arbre est fort, vigoureux et d’un beau port ; il n’a aucune ressemblance avec le prunier de Reine-Claude verte. On le cultive en plein-vent ; mais, pour être productif, il doit être parfaitement abrité.

Les bourgeons, brun-violet et souvent un peu galeux, sont ou glabres ou pubescents. Les supports paraissent saillants et rendent les bourgeons légèrement anguleux.

Les feuilles sont très-grandes, ovales, d’un vert-noir luisant et légèrement velues en dessus ; elles sont bordées de dents nombreuses et portées sur des pétioles canaliculés et ciliés.

Le fruit, gros comme une belle Reine-Claude verte, dont il affecte la forme, est arrondi, mais aplati aux deux bouts ; il serait parfaitement globuleux, s’il n’offrait un peu plus d’épaisseur du côté du pédoncule ; une gouttière assez large le divise jusqu’au sommet en deux lobes inégaux. Ce fruit atteint, dans les bonnes années, de 4 à 5 centimètres de hauteur sur autant de diamètre.

Le pédoncule, long de 2 centimètres, est reçu au milieu d’un bourrelet saillant.

La peau, d’abord verte, passe au rouge, qui progressivement atteint le violet-foncé ; elle est épaisse, parfois parsemée de points roux et toujours recouverte d’une poussière glauque abondante.

La chair est ferme, verte, succulente et très-sucrée, presque aussi bonne que celle de la Reine-Claude verte.

Le noyau, ovale et à surface unie, est adhérent à la chair par tous ses côtés.

Cette excellente prune, trop peu cultivée en Belgique, n’a pas l’inconvénient de se fendre, quand il survient des pluies. Elle commence à mûrir dans les premiers jours de septembre et dure souvent jusqu’en octobre.

L. de Bavay.