Annales de pomologie belge et étrangère/du Cerisier

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du Cerisier



Le genre cerisier, ce présent de l’Asie, que Lucullus introduisit en Italie il y a environ 2 000 ans, forme quatre tribus : les merisiers, les guigniers, les bigarreautiers et les cerisiers proprement dits. Toutes quatre ont la même végétation naturelle. Chaque rameau est garni, dans toute son étendue, d’yeux simples, qui, sur les cerisiers à bois droit, sont très-saillants. L’année suivante, ces yeux se convertissent en boutons à fleurs, réunis par huit ou dix, dont l’épanouissement a lieu au printemps suivant, ou à la troisième année de la naissance de la branche. Il n’y a d’exceptions que pour les deux ou trois yeux les plus rapprochés du terminal, qui s’ouvrent ordinairement en bourgeons, formant, l’année suivante, des rameaux mixtes ou à bois et à fleurs. Au milieu des boutons à fleurs s’élève presque toujours un œil, qui s’allonge de 3 à 5 centimètres, et forme une nouvelle lambourde, dont la croissance est extrêmement lente.

Les rameaux sont terminés par un œil à bois, et les boutons sont toujours plus agglomérés vers le sommet. S’il ne se forme pas d’œil au milieu de la lambourde, on doit, après sa fructification, la rapprocher sur son insertion, pour y faire développer un œil capable de remplir le vide que produirait son desséchement naturel. Ce mode de végétation oblige à tailler long les rameaux, afin de ne pas abattre trop de fruits. On pourrait, dans tous les cas, s’abstenir de tailler, et l’arbre ne s’en trouverait pas plus mal ; car, s’il est un arbre qu’on peut se dispenser de tailler, c’est assurément le cerisier.

Il convient mieux qu’aucun autre pour garnir des murs en espalier ; en effet, ses branches souples et droites se prêtent parfaitement au palissage et à la régularité la plus symétrique. On n’a jamais à craindre que celles qu’on attache verticalement, acquièrent une prédominance nuisible à leurs voisines. On peut donc appliquer au cerisier toutes les formes en éventail ; sous chacune d’elles, les fruits prennent une maturité et un volume des plus satisfaisants.

Le cerisier ne réussit pas moins bien en plein vent à haute tige ; dans cette forme, qu’il prend aussi facilement que le prunier, il n’a besoin d’aucun secours, et peut être à peu près abandonné à lui-même ; la forme en pyramide ne lui convient pas autant.

Le cerisier s’accommode de toute espèce de terre, pourvu qu’elle soit peu argileuse et fraîche sans être humide. On le greffe sur merisier, excepté quand on veut lui donner une dimension plus petite ou bien quand il s’agit de le planter en terres crayeuses ou marneuses, où le mahaleb ou Sainte-Lucie convient mieux pour sujet.