Anne Boleyn/03

La bibliothèque libre.
Librairie Alphonse Lemerre Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 51-102).


TROISIÈME PARTIE















TROISIÈME PARTIE


CHAPITRE PREMIER



Avec, un douloureux effort, Anne Boleyn revint à la vie, mais non point à la santé ni au bonheur.

Elle est triste et languissante, toujours.

Elle se sait condamnée. Car elle connaît trop bien, hélas ! l’humeur et la nature de l’implacable Roi. Parce que le Roi ne pourra obtenir un second divorce pour épouser cette nouvelle fille d’honneur qu’il aime, parce que cette pauvre Anne, qui, somme toute, n’est pas née fille de Roi, elle devra disparaître. Elle le sait.

Elle attend.

Sans joie et sans espérance, elle vit sa vie coutumière.


CHAPITRE II


Pendant de longues heures, elle demeure assise sous les grands arbres de la forêt de Greenwich. Comme dans un rêve, elle joue avec ses petits chiens familiers. Elle les excite parfois à se battre. Mais elle est mortellement triste ; elle traîne avec ennui une existence lourde.

Le Roi ne vient jamais vers elle. Son enfant, la petite princesse Élisabeth, est trop jeune, elle ne la peut consoler.

Comment aimerait-elle cette enfant presque étrangère, qui lui fut enlevée dès le premier jour, selon l’étiquette royale ?


CHAPITRE III

Anne Boleyn expie


Pourtant elle se sait jeune et belle toujours. Fiévreusement, elle s’agrippe à la vie splendide qui se dérobe. Elle sourira encore, pense-t-elle, et encore elle sera aimée, aimée comme autrefois. Elle cherche l’illusion d’amour.

Parmi sa cour — car cette Reine déchue garde encore une cour autour d’elle — est un musicien, Mark Smeaton.

Il n’est ni beau, ni vaillant, ni intelligent. Mais la Reine, dans sa tristesse malade, veut se consoler par la musique.

Ranimée et presque réjouie par les chants elle parle au musicien, à cet enchanteur qui endort son mal. peut-être mieux rit-elle un peu, dans sa joie revenue. Peut-être s’intéresse-t-elle enfin à quelque chose…

Le Roi l’observe en un silence malveillant. Il accusera le musicien errant dont la musique sut apaiser une heure de tristesse. Et de musicien de hasard l’on fera l’amant de la Reine.

Et nul, dans tout le lâche royaume, n’osera douter de l’évident mensonge.


CHAPITRE IV


Le Roi craint l’ancien Parlement qui serait peut-être favorable à la Reine. Il le dissout. Le nouveau Parlement se montrera plus docile, croit-il.

Et — oh ! la terrible chose ! — parmi les nobles chargés de la procédure qui la doit condamner sont le Lord Chancelier, le père et le juge de sa fille, la Reine faussement accusée, le duc de Norfolk, son oncle, frère de sa mère.

De quoi l’accusera-t-on ? D’une irrésistible gaîté riante et dansante lorsqu’elle fut, jadis, fille d’honneur de Mary Tudor à la cour de France ?

Cette duchesse de Suffolk, qui fut reine de France, est morte. Le duc de Suffolk — et ceci est indigne de ce doux poète — est l’un de ses plus grands ennemis. Ce poète noble, qui, étant de naissance inférieure, épousa une Reine, ne peut pardonner à une femme de naissance inférieure un mariage disproportionné.

Et le plus terrible est qu’un des juges de la Reine déchue est son père.


CHAPITRE V


Faussement accusé, un William Breretonn, qui fut parmi les gentilshommes servant la Reine, selon l’usage, paraît, le premier, devant la cour.

Avec sa loyauté coutumière, il subit les questions et les réponses. Pourtant, première victime de l’immense injustice, il entre, le premier, dans la Tour de Londres.


CHAPITRE VI


Pourtant la Reine ignore la terrible chose.

Dans sa tristesse coutumière, elle voit passer les longs jours et les longs soirs. Assise à l’écart des courtisans, ne prononce aucune parole, et nul ne lui parle.

Pour se distraire de sa longue tristesse, elle osa, un jour, parler au musicien inconnu dont la musique a su la distraire quelque peu. Blotti dans un angle de balustrade, il semblait triste lui aussi. La Reine osa parler au musicien obscur.

Mark Smeaton répond par ces quelques mots brefs : « Cela n’importe point[1]. »

Triste, isolée, et presque abandonnée déjà, elle espère découvrir un intérêt pour quelque chose sur la terre. Elle encourage à parler le quelconque musicien qui sut un instant la distraire.

Le lendemain, Mark Smeaton, ce trop malheureux-musicien indifférent à cette Reine de Londres, pour qui il doit mourir, est jeté dans la Tour d’où l’on n’émerge presque jamais.


CHAPITRE VII


Anne devine, ou plutôt sent le péril immanent. Et la Reine menacée appela auprès d’elle le chapelain protestant, Matthew Parker.

Ce chapelain étant venu, elle remet entre ses mains la vie spirituelle de la fille qu’elle aime, la petite princesse Élisabeth.

Plus tard ce même Parker, pour un scrupule religieux, refusera très noblement l’archevêché de Canterbery, en ajoutant ces mots mémorables :

« Pourtant, j’eusse voulu servir ma Dame souveraine, puisque je ne puis oublier quelles paroles la mère de Votre Grâce me dit, six jours à peine avant qu’elle fût arrêtée par l’ordre du Roi. »

Jamais donc, ce pitoyable Docteur de Divinité n’oubliera ces paroles de la Reine prisonnière — ces dernières paroles qu’il entendra prononcées par elle.


CHAPITRE VIII


Le premier jour du mois de mai fut, pour Anne Boleyn, le jour funeste.

Le Roi fourbe et la Reine condamnée déjà apparaissent ensemble, entourés de la pompe royale, pour juger un tournoi.

Le frère d’Anne, ce charmant et vaillant Viscount Rochford, fut l’un des combattants. Un gentilhomme obscur, Henry Norris, était son adversaire.

Les femmes anglaises de ce temps-là se prenaient d’amour pour le jeu des armes, comme les femmes espagnoles s’enfièvrent aux jeux de matadors et de taureaux.

Très étourdiment et très innocemment aussi, Anne jeta son mouchoir de Reine au vainqueur — simple récompense à la bravoure du vainqueur.

Celui qui venait de vaincre, Sir Henry Norris, distrait par le combat ardent, prit, sans y penser, le mouchoir étourdiment, et dans la hâte de renouveler le combat, prit ce mouchoir afin d’en essuyer son visage échauffé par l’ardeur de la lutte.

Aussitôt le Roi, ayant changé de couleur, se leva et quitta le spectacle des joutes.


CHAPITRE IX


Sans dire une parole à la Reine prise d’angoisse, sans lui accorder un regard, Henri VIII, accompagné seulement de six chevaliers servants, retourna vers sa bonne ville de Londres. Parmi les six chevauchait Norris, qui de tout temps fut attaché au Roi ; ce Norris qui seul eut part à l’intimité du soir, puisqu’il entrait dans la chambre du Roi à l’heure du coucher. Ce Norris fut un des témoins du Roi lors du mariage secret, ce mariage dont l’obscurité, plus tard, fut reprochée à pauvre Reine si tard reconnue.

Durant le chemin, le Roi parla longuement à Norris, le menaçant et le suppliant tour à tour, afin d’obtenir de lui une parole accusatrice qui détruirait la Reine.

Mais Norris fut loyal. Le Roi ne put obtenir de lui aucune promesse.

Et ce parfait chevalier, Norris, demeurera loyal jusque dans la mort, ne mentira point, ne trahira point une femme innocente.

Jusque dans la mort il nia et répéta que jamais il ne fut l’amant de cette Reine faussement accusée, de cette Reine qu’il respectait infiniment, Anne, l’esclave de son devoir.


CHAPITRE X


L’arrestation brusque et terrible de son frère et de ses quelques amis infortunés glaça le cœur de la Reine. Mais elle demeura jusqu’au lendemain dans l’ignorance de ce qui se faisait autour d’elle.

Comme de coutume, devant le repas du soir elle prit place.

Mais le premier avertissement l’atteignit alors, car le page du Roi ne vint point, comme de coutume, lui dire le compliment du soir[2].

Le salut familier lui faisant défaut, Anne, ayant regardé autour d’elle, vit ses filles d’honneur en pleurs, ses serviteurs en larmes.

Cependant qu’elle s’étonnait, l’on ôta le surnap, ce premier drap blanc qui toujours fut emporté avant le dessert.

Alors parurent le duc de Norfolk, son oncle, et parmi d’autres Cromwell, dont elle fut la bienfaitrice, lui qui doit à elle seule toute sa fortune ! D’autres nobles du royaume le suivent.

Prise de terreur, Anne se levant soudain leur demanda pourquoi ils étaient ainsi venus.

Avec une dure brièveté, ils répondirent « qu’ils obéissaient au commandement du Roi, qui était de la conduire à la Tour, pour y demeurer selon le plaisir du Roi. »

« Si véritablement ceci est fait selon le plaisir du Roi, dit-elle, je suis prête à vous obéir. »

Aussitôt elle se leva et les suivit.


CHAPITRE XI


Selon l’ordre du Roi, elle fut conduite ainsi, sans même changer de robe, dans un bateau jusqu’à Greenwich. Et, devant le conseil de Greenwich, elle parut et répondit, en Reine faussement accusée, devant ceux-là qui, peu de jours auparavant, étaient ses sujets très soumis.

Cette amertume même sera noyée bientôt par d’autres amertumes. Anne boira tout le calice. Elle endurera un irrévérencieux et irrespectueux interrogatoire.

Mais ce qui, pour elle, fut la pire souffrance, c’était la présence agressive du duc de Norfolk, son oncle et son plus grand ennemi, qui ne la quitta pas.



Ce mauvais duc de Norfolk, frère de sa mère, est le plus terrible d’entre ces tortionnaires qui s’acharnent contre la Reine infortunée.

Assis parmi les rangs des juges, il condamnera plus tard sa nièce.

Et, parmi les mauvais souvenirs qui assiégeront plus tard la Reine malheureuse, ce souvenir de cette trahison de l’un de ses proches demeurera, parmi tous les autres, le plus amer.

Elle dira en pleurant, à son geôlier attentif, sir Thomas Kingston, qui était chargé, par le Roi, de lui redire toutes les paroles sanglotées dans l’extrême détresse :

« Le plus cruel d’entre eux tous, ce fut mon oncle Norfolk. Car, lorsque je me disais innocente, il secoua fortement la tête et les épaules, plusieurs fois. »

Cette trahison du plus grand d’entre les siens l’accabla.

Hier, lorsque devant les juges elle disait sa véritable innocence, son oncle, le frère de sa mère, assis parmi eux tous, ne la crut pas.


CHAPITRE XII


Dans l’extrémité de sa douleur, Anne fut persécutée encore par cet ennemi naturel.

La Reine abandonnée avait pris place, depuis quelques moments à peine, dans le bac qui la devait conduire à cette redoutable Tour de Londres où moururent tant d’innocentes victimes, lorsque le mauvais oncle prit place à côté d’elle.

Avant que la Reine ne se fût assise, ce duc de Norfolk dit à la femme misérable, sur un ton sec « que ses amants avaient tout avoué. »

Ayant entendu, comme à travers un songe, ces étranges paroles, la pauvre Reine abandonnée s’écria passionnément que toujours elle fut loyale et fidèle envers le Roi.

Elle ne peut imaginer la vérité abominable. Elle ne peut croire que tels sont les ordres mêmes de ce Roi qui l’aimait jadis.

Cependant ses dernières paroles ne retentissent plus, celle qui fut Reine est trop lasse. Elle se tait, songeant. Elle sait que nul ne la croira, et l’abominable certitude la prive de paroles… Elle se réfugie dans ce désespoir final de qui se sait condamné sans justice : le silence.


CHAPITRE XIII


Ce fut le deuxième jour de mai lorsque celle qui fut la Reine d’Angleterre fut conduite à la Tour de Londres.

Quels souvenirs de sa puissance d’autrefois se pressèrent alors autour d’Anne Boleyn, Reine sacrifiée ! Quels glorieux et douloureux souvenirs !…


CHAPITRE XIV


Anne Boleyn entre dans cette tour d’où elle ne sortira que le jour même du supplice.

Avant de passer sous le pont fatal, Anne Boleyn, tomant à genoux, supplia :

« Viens à mon aide, Seigneur, toi qui sais que je suis innocente de ce dont on m’accuse ! »


CHAPITRE XV


Anne entra dans la Tour de Londres qui lui fut une étape du mariage royal.

Le lieutenant de la Tour, messire Kingston, l’accueillit de son dur visage.

La Reine dit plaintivement à son geôlier :

« Messire Kingston, est-il juste que je sois ainsi jetée dans un cachot ?

— Non, madame, non pas dans un cachot mais dans ce logement auguste dans lequel vous passâtes la nuit, lors de votre couronnement. »

La pauvre Reine alors succomba dans les larmes. Trop de souvenirs amers et doux se pressaient autour d’elle. Elle pleura, et pleura encore, et dit enfin :

« Cela est trop doux pour moi… Je ne mérite point cette grâce. Que Jésus m’accorde sa pitié. »

Puis, ayant pleuré, elle jeta un grand éclat de rire. Ce rire interminable et plus terrible que ses larmes s’étant tu enfin, elle jeta autour d’elle un regard égaré et dit encore :

« Mais pourquoi suis-je ici, Messire Kingston ? »



Les cinq coups marquant les cinq heures retentirent lorsque cette Reine déchue entra dans la Tour de Londres pour ne jamais en ressortir.

Ceux qui accompagnaient le lieutenant de la Tour, William Kingston, la conduisirent dans sa demeure de royale prisonnière. Une fois encore elle se jura innocente et les pria, sur un ton d’enfant châtiée par erreur, « de supplier le Roi en ma faveur, afin que pour moi il se montre seigneur miséricordieux. »

Tristement, ces bons seigneurs prirent en pitié l’infortunée Reine, et elle, se tournant vers le chevalier-geôlier, sir William Kingston :

« Elle me pria, dit celui-ci, d’obtenir du seigneur notre Roi qu’elle pût recevoir le sacrement dans sa chapelle privée, afin qu’elle puisse implorer la miséricorde divine. »

Cette femme qui fut l’ouvrière de la Réformation mourra catholique.



La Reine échange encore avec ce geôlier honnête, mais brusque et dur, qui fut un bon geôlier, sir William Kingston, quelques phrases douloureuses. Avant tout et toujours, elle se dit et se jure innocente.

« Je suis la véritable et loyale épouse du Roi[3], » redit-elle, comme dans un mauvais songe.

Puis, fiévreusement, elle interroge :

« Master Kingston, savez-vous pour quelles raisons je suis ici ?

— Non, et du tout, ma foi, en vérité, » répond Sir Thomas.

Anne reprend :

« Quand vîtes-vous le Roi ?

— Je ne l’ai point vu depuis les dernières joutes, répond Sir Thomas Kingston.

— Ah ! maître Kingston, dites-moi, je vous en supplie, dites-moi où est maintenant mon pauvre frère et s’il vit encore ! »

Le lord-lieutenant répond alors qu’il le vit au palais de Whitehall, ce qui fut vrai.

« J’entends dire, poursuit la malheureuse Anne, que l’on m’accuse ainsi que trois hommes. Et je ne puis répondre autre chose que : Non. Norris, est-il vrai que tu as pu m’accuser ? Te voilà dans la Tour, en proie à je ne sais quels tourments, et toi et moi mourrons ensemble. Ma pauvre mère, tu mourras, toi aussi, de douleur… »

Enfin, s’arrachant aux sanglots, elle se tourna vers le goôlier.

« Messire Kingston, mourrai-je ainsi sans justice aucune ?

— Le plus pauvre sujet de Sa Majesté la reçoit, Madame. »

Un rire amer fut la seule réponse d’Anne Boleyn.


CHAPITRE XVI


Dans la geôle douloureuse, cette Reine captive était entourée de femmes espions, chargées de redire ses moindres paroles, d’observer ses gestes et le plus petit de ses regards.

Veillaient sur elle sa plus impitoyable ennemie, lady Boleyn, sa belle-sœur.

Cette femme de George Boleyn, comte de Rochford, frère de la Reine, accusé avec elle, s’acharna contre la sœur de son mari, dont elle était jalouse.

Ce fut dès lors une persécution incessante, abominable.

Assises auprès du lit de la Reine fiévreuse, toutes deux guettaient les paroles qu’elle prononçait dans le délire. Et, malveillantes et mensongères, ces ennemies ajoutèrent à ces incohérences, inventèrent, calomnièrent.

La Reine dit encore, parmi d’autres choses (car elle parlait, parlait dans le délire), que les poètes chanteraient des ballades la célébrant dans son infortune.

« Nul ne pourrait en cela surpasser Thomas Wyatt, » disait-elle imprudemment, se souvenant, dans son extrémité du poète par qui elle fut aimée en vain, chantée vainement, et vainement pleurée.

Cette pauvre femme, qui fut Reine, vécut à demi entre l’angoisse de l’espérance et l’angoisse du désespoir.

« Pendant un moment, dit sir Thomas Kingston, elle se croit prête à mourir, mais, le moment d’après, c’est tout le contraire chez elle. »

Et le geôlier fut perspicace. Anne Boleyn peut se résigner à la mort, car elle est jeune encore et toujours belle. L’ardeur de la vie ne s’est pas encore éteinte dans son cœur.

« Hier, dit sir Thomas Kingston, je mandai vers elle ma femme et Mistress Cosyns, pour apprendre ce que fut pour elle cette journée. Elles dirent que la Reine se montra fort joyeuse, et fit un grand diner, et bientôt après fit porter le souper, s’étonnant de mon absence pendant tout le jour. »

« Je vins vers elle, qui me dit aussitôt : « Que fîtes-vous tout aujourd’hui ? » Je répondis que je fus auprès des prisonniers.

« Ah ! dit-elle, après un silence, je croyais entendre venir le Seigneur Trésorier[4]. »

« Je lui affirmai que le lord Trésorier était parti pour l’étranger, que l’on ignorait tout de lui à l’heure présente. Alors la Reine parla comme au hasard de l’imagination malade et dit qu’elle fut cruellement maniée[5] à Greenwich par le conseil du Roi et tout particulièrement par ce lord duc de Norfolk, son oncle, qui, secouant la tête, disait : « Tut ! Tut ! Tut[6] ! » à la fin de chacune de ses phrases. Et quant au lord-trésorier, mon père, dit-elle enfin avec une grande amertume, il s’en fut chasser dans la forêt de Windsor pendant ce temps. » C’est-à-dire le temps interminable de son interrogatoire.


CHAPITRE XVII


Quelles pitoyables petites choses perdront Anne Boleyn !

Cette Reine infortunée craint terriblement l’examen, sous la torture, de Weston, ce courtisan léger. Car, hier encore, n’osa-t-il point lui dire, en manière de plaisanterie, « que Norris venait dans sa chambre d’audience moins pour Madge (une de ses filles d’honneur) que pour elle-même. »

Ces quelques mots légers enverront une Reine à l’échafaud.

Maintes fois la Reine parla de ce Weston qu’elle entretint parfois de choses innocentes. Elle lui reprochait en riant de n’aimer point sa femme et de lui préférer une parente, Mistress Skilton. Il lui répondit, usant de l’ordinaire badinage des cours, « qu’il aimait quelqu’un dans son environnement plus qu’elles deux ». Elle lui demanda encore : « Qui donc ? » Il répondit : « Vous-même ! » Sur elle le menaça en riant…

Anxieuse, la captive royale interroge encore. Elle apprend que Smeaton est jeté dans une cellule chargé de fers. Anne répond :

« Cela vient de ce qu’il est d’obscure naissance, tandis que les autres sont gentilshommes. »

Par ces deux petits mots, « les autres », elle a nommé ceux qui sont accusés d’avoir été ses amants.



Parfois la pauvre Reine ne pouvait croire encore à l’horreur de l’accusation fausse, à l’horreur de la trahison du Roi. Elle ne pouvait croire, en vérité, que ce Roi qui l’aimait jadis voulait, avec un implacable désir, sa mort.

Car, hier encore, il aimait cette Anne Boleyn d’autrefois, cette Reine Anne d’aujourd’hui, qu’il envoie à l’échafaud.

Parfois, s’étant plainte, ce qui l’apaisait un peu, elle se prenait d’espoir fugitif et disait, en riant :

« Je crois que le Roi n’a imaginé tout ceci que pour m’éprouver. »

Puis elle riait encore. Elle montrait une gaîté feinte, mille fois plus douloureuse que les franches larmes, — une gaîté abominable.



Parfois aussi cette royale victime s’égarait dans le délire. Elle jeta d’incohérentes prophéties. Elle prédit un jour « qu’il n’y aura plus de pluie en Angleterre avant que justice ne lui fût rendue. »

Dans l’impatience du désespoir elle disait encore :

« Si j’avais autour de moi mes évêques, tous ils plaideraient pour moi ! »

Mais Cranmer, qu’elle fit évêque, fut lent et peureux, ne sachant pas encore la nouvelle religion solidement établie. Il écrivit une lettre timide au Roi, plaidant de façon hésitante la cause de la Reine menacée de mort.

Une de ses persécutrices, Mistress Comyns, la pressa de questions méchantes dans leur indiscrétion injurieuse, lui demandant pourquoi Norris avait dit à son aumônier qu’il pourrait prêter serment sur la pureté de la Reine.

« Marry[7], dit Anne, je le fis parler ainsi car je l’interrogeai, lui demandant pourquoi il ne pressait point son mariage. Il me dit qu’il voulait attendre quelque temps encore. « Alors, dis-je, vous voulez déjà chausser les souliers d’un mort[8]. Et si donc chose mauvaise surviendrait au Roi, vous espéreriez bien prendre sa place ! » Il nia. Je lui dis alors que, si je le voulais ainsi, je le pouvais détruire. Ainsi nous nous querellâmes. »


CHAPITRE XVIII


Anne Boleyn, lorsqu’elle parle de Sir Thomas Wyatt, espérait qu’un jour sa belle image survivrait.

Pitoyable toujours, Anne laissa voir une imprudente compassion à l’égard des gentilshommes emprisonnés pour elle parmi lesquels était son frère. Elle demanda « si l’on s’occupait de faire leurs lits ».

Lady Kingston, la dame geôlière répondit que non. La Reine dit alors : « L’on fera des ballades sur moi… Nul n’en fit de meilleures que sir Thomas Wyatt… »

Peut-être espérait-elle que dans l’avenir elle vivrait encore « dans les belles stances des poètes. »

— Oui, dit avec malveillance lady Kingston, sir Thomas Wyatt, vous avez bien dit. »


CHAPITRE XIX


Dans le furieux désespoir qui lui vint de tant d’injustice et de tant de malveillance, Anne semble parfois une aigle emprisonnée. Parfois elle se révolte, elle accuse.

« Le Roi, dit-elle un jour dans son amertume profonde, calcula sagement lorsqu’il m’entoura de femmes telles que mylady Boleyn et Mistress Cosyns. » Ces deux femmes dominaient parmi sa triste cour.

Deux autres femmes de cœur et d’âme plus tendres, semble-t-il, car elles ne purent s’approcher de la Reine qu’en présence de lord Kingston, le seigneur geôlier, et de lady Kingston, une lady geôlière. Tous deux étaient couchés sur le seuil de sa porte lorsqu’elle se couchait pour dormir, elle qui ne dormait pas.


XX


Parmi toutes les terreurs, une ancienne affection persiste. Dans sa prison, et sachant être très près de la mort, Anne parlera de ce doux poète qui fut de ses amis et vantera ses vers.

Ces vers furent exquis, selon le goût du temps d’alors. Un peu précieux, un peu alambiqués, mais exquis.

Lui-même parle dans ses vers du péril qui la menaça lors du mois de mai, — ce mois fatal où périt Anne Boleyn.

La douce et loyale sœur du poète apporte à la Reine prisonnière une consolation passagère. Avec une noble hardiesse elle fit parvenir au Roi cette lettre noble et triste qu’écrivit dans sa geôle Anne Boleyn.


XXI


« Le déplaisir de votre majesté et mon emprisonnement me sont choses si étranges que je suis ignorante de ce qu’il vous faut écrire ou de ce dont je dois demander grâce.

« Puisque vous me mandez ainsi, (me commandant de parler selon la vérité et d’obtenir ainsi votre faveur), celui-là même que vous savez être mon ennemi, je n’eus pas plus tôt reçu de lui ce message, que je compris les intentions de Votre Grâce. Si, comme vous me le faites savoir, la confession de la vérité peut être une sauvegarde, j’obéirai, en toute volonté soumise.

« Mais que Votre Grâce n’espère point que jamais cette triste épouse ne sera forcée d’avouer une faute là où jamais ne fut la pensée même d’une faute. Et, pour dire la vérité, jamais prince n’eut femme plus loyale selon le devoir et en affection véritable que celle-là que vous rencontrâtes en Anne Boleyn. De ce nom et de ce rang, je me fusse contentée, si Dieu et Votre Majesté l’eussiez voulu ainsi. Et jamais non plus je ne m’enorgueillis tant de mon exaltation ou de ma royauté[9] reçue que j’oubliai ce changement de ma fortune que je trouve aujourd’hui, car la raison de mon exaltation n’étant autre que la fantaisie[10] de Votre Majesté, le moindre changement d’esprit serait suffisant (je le savais) pour divertir cette fantaisie et l’attirer vers quelque autre sujette.

« Vous m’avez choisie, qui fus alors de basse condition, pour Reine et compagne, bien au-delà de mon mérite et de mon désir. Si, donc, vous me jugeâtes digne d’un honneur tel, ne laissez point quelque imagination ou quelque mauvais conseil de mes ennemis éloigner de moi votre faveur ! Surtout ne laissez cette opprobre non méritée rester sur moi et sur la princesse votre fille, la reine Elizabeth.

« Jugez-moi, mon Seigneur et mon Roi, mais accordez-moi un jugement selon la justice et ne permettez point à mes ennemis d’être tout ensemble mes accusateurs et mes juges. Jugez-moi ouvertement, je vous en supplie, car mon innocence ne craint rien devant un conseil impartial.

« Si vous le permettez ainsi, quel que soit le jugement que vous et Dieu donnerez alors, Votre Grâce n’encourra aucun blâme. »


CHAPITRE XXII


Dans l’horreur de la captivité un souvenir d’une ancienne amitié persiste. Anne Boleyn parle de Thomas Wyalt, l’ami, le poète d’autrefois. Elle vantera ses vers.


CHAPITRE XXIII


Anne Boleyn, cette Reine de la Réformation, très justement haïe par les catholiques, ne mourut cependant point protestante.

Dans la dernière extrémité, elle fit venir un confesseur.

Ce qui pesait à son âme agonisante était le lourd souvenir d’une faute, presque d’un crime. Dans l’orgueil de son ascendance, elle avait injustement humilié, elle avait fait injustement souffrir la princesse Mary, fille de cette Catherine d’Aragon que dans son ambition elle détrôna.

Et, devant lady Kingston, femme du lord-geôlier, elle s’agenouilla, la priant de s’asseoir devant elle, sur un faux siège dressé qui, dans cette royale prison, imitait le trône.

Anne Boleyn s’humilie de la sorte, de façon catholique, Ainsi le veut cette religion catholique, qui prêche l’expiation et qui veut la pénitence.

Ayant interrogé sa conscience et son cœur, Anne Boleyn [note de Wikisource : verbe manquant] à la religion catholique.

Songeant aux erreurs de sa vie, elle conçut un grand, un terrible remords, — celui de la persécution de sa belle-fille, Mary Tudor.

Ce fut, devant la mort abominable, son remords unique, son terrible remords.


CHAPITRE XXIV


Pour prouver sa pénitence, Anne fit venir auprès d’elle la geôlière haïe, lady Kingston.

Ce fut là, je crois, la plus dure expiation.

Ayant fait venir auprès d’elle la Reine, la prie de prendre place sur le trône.

Lady Kingston, s’étant assise, salue la première la pauvre Reine, et dit, comme en manière de plaisanterie :

« J’ai tant de fois joué le rôle de bouffon pendant ma jeunesse, que je ne m’étonne plus de le jouer encore à mon âge[11] ! »

Lady Kingston prit place sur le trône, contraignit la Reine prosternée alors de prêter le serment, de s’agenouiller, à son tour, devant très haute princesse Mary, sa belle-fille, et de l’implorer en son nom, de la même manière qu’elle le fit alors, le pardon.

Lady Kingston répondit par cette plaisanterie :

« J’ai souvent joué le bouffon dans ma jeunesse, et pour vous obéir, Madame, je le ferai encore dans mon âge mûr ! » Elle s’assit donc, pour obéir à la Reine, sur le trône, sous le dais royal.

Très humblement alors, la Reine s’agenouilla devant cette imaginaire souveraine. Elle adjura Lady Kingston de lui prêter serment, jurant devant le Seigneur et tous ses anges, et sur le Jour du Jugement Dernier, de se prosterner alors, de même qu’elle le faisait devant la jeune princesse Mary, sa belle-fille, et d’implorer son pardon pour toutes les souffrances qu’elle lui infligea jadis. « Car, jusqu’à ce que cette chose fût accomplie, sa conscience ne pourrait s’apaiser… » disait Anne à travers les sanglots.

Ayant reçu le serment de Lady Kingston, la pauvre Reine dormit, ce soir-là, d’un sommeil plus tranquille.


CHAPITRE XXV


Henri VIII fit venir, pour l’exécution, le bourreau français, qui décollait avec l’épée, tandis que le bourreau anglais tranchait avec la hache.

Anne Boleyn avait passionnément souhaité cette mort moins terrible, cette mort française. Lorsqu’on lui dit cette bonne nouvelle, elle se réjouit, en riant presque.


CHAPITRE XXVI


Le vendredi dix-neuf mai, étant son jour de mort, Anne Boleyn se leva, deux heures passé minuit. Elle pria et se confessa encore. Puis elle adora l’Hostie. Au moment même où elle s’apprêtait à recevoir le Corps Saint, elle fit appeler sir William Kingston, afin que, témoin véridique, il entendît le terrible serment par quoi elle se jurait innocente devant le Dieu dont la véritable présence se manifestait dans [note de Wikisource : fin de phrase manquante]


CHAPITRE XXVII


Ce Roi, lâche, ayant ordonné l’exécution de la bien-aimée de jadis craignit pourtant la colère du peuple. Il craignit même l’instinctif cri d’horreur de tous ceux qui ne sont point ses sujets. Les impitoyables étrangers qui se trouvent par hasard dans le voisinage de la Tour de Londres sont chassés.


CHAPITRE XXVIII


Et véritablement, l’on craint un soulèvement du peuple qui jusqu’ici ne vit jamais une exécution de femme.

Et le prudent geôlier manda au Roi qu’il était urgent d’éloigner la foule du lieu de supplice.


CHAPITRE XXIX

Par un vendredi 19 mai


Par un vendredi, le dix-neuvième jour de mai, Anne Boleyn se réveilla, vers la deuxième heure, et, assistée par son aumônier, pria.

Devant la mort, elle se blottit contre la religion catholique. Elle demanda qu’on lui fît apporter dans son étroite chambre de méditations, ou plutôt dans sa chapelle, l’Hostie.


CHAPITRE XXX


En face de la mort et du terrible au-delà, cette Reine accusée jura son innocence, la jura sur le Saint-Sacrement. Et, rassérénée dans sa conscience catholique, Anne Boleyn, à la veille de la mort, reçut l’hostie dans une grande joie et dans une grande paix !


CHAPITRE XXXI


Ayant prêté le terrible serment, Anne Boleyn attend la mort. Mais elle l’attend non seulement sans épouvante, mais avec l’impatience et l’angoisse du désir.

Ce qui peut encore demeurer en elle de ferveur et d’amour s’élève passionnément vers la mort. Elle la convoite, comme jamais elle ne convoita la Couronne. Elle l’envie, comme jamais elle n’envia le sceptre qui tombait des mains lasses de Katherine d’Aragon…


CHAPITRE XXXII


Dans sa cruelle impatience, cette Reine qui va mourir interroge.

Ayant appris que l’heure de l’exécution était retardée, Anne mande auprès d’elle ce geôlier-chevalier, lord Thomas Kingston, et lui dit :

« Maître Kingston, j’apprends que je ne mourrai pas avant midi. J’en suis fort marrie, car j’espérais être morte, à cette heure, et de ne plus souffrir[12].  »

Maître Kingston alors voulant la rassurer, lui dit que la douleur était brève, fort subtile.

Elle dit alors :

« J’ai ouï dire que le bourreau savait fort bien son métier. Et je n’ai qu’un petit col[13]. »

Riant toujours, elle mesura, par ses mains, ce col si frêle.


CHAPITRE XXXIII


À l’heure de la mort, Anne Boleyn fut exaltée comme par un bonheur étrange.

Le geôlier Kingston écrivit ainsi au Roi :

« Maintes fois ai-je vu mourir des hommes et des femmes, et tous étaient dans une profonde affliction, mais, à ma connaissance certaine, cette Dame n’éprouva, devant la mort, qu’une très grande joie. »


CHAPITRE XXXIV

Le Message


Ce grand et fidèle historien, lord Bacon, dit que la Reine protesta, jusque dans l’instant dernier, de son innocence. Il nous dit encore que, par un messager suprême, elle manda ce message au Roi qui la faisait mourir :

« Portez au Roi mon humble umission et dites-lui que toujours il fut magnanime dans sa volonté pour mon avancement. De la simple fille d’honneur que j’étais il me fit Reine, et voici qu’à cette couronne royale il en ajoute encore une autre : celle du martyre. »


XXXV


Mais le messager n’osa porter au Roi le dernier et douloureux message.


CHAPITRE XXXVI


Tous les étrangers sont écartés de la Tour de Londres. Obéissant aux ordres du Roi, Maître Kingston ne permit qu’à trente d’entre eux, ambassadeurs et personnages d’importance, le privilège de voir le supplice de la Reine.

Ce Roi lâche craignait un témoignage qu’il ne pourrait taire, un témoignage de quelque homme libre, qui protesterait assez hautement pour être entendu. Il craignait quelque peu une intercession de François Ier, son redoutable voisin, de ce Roi-Chevalier, François de France.


CHAPITRE XXXVII


Il était près de midi lorsque la Reine quitta la prison.

« Jamais, dit un témoin, la reine ne parut aussi belle. »

Les quatre filles d’honneur qui l’avaient suivie dans sa geôle l’accompagnaient, fidèles et pitoyables. Sir William Kingston prêta la main à celle qui devait mourir, afin de l’assister lorsqu’elle dut franchir les hautes marches qui conduisaient à l’échafaud.

Pour elle, il lui semblait gravir de plusieurs échelons, pour une mort splendide, pour une mort de Reine-Martyre…

Anne Boleyn est reconnaissante à la mort, qui lui apporte, avec l’illusion de son ancienne beauté, le bienfait de l’oubli.


CHAPITRE XXXVIII


Voici, témoins du supplice, Cromwell, ce vil secrétaire qui abandonne son maître déchu, Thomas Wolsen, que perdit cette Anne Boleyn d’autrefois[14].

Ce mauvais serviteur, qui jadis trahit le Maître, trahit aujourd’hui la maîtresse.

Cette Reine qui va mourir ne daigne le regarder, ni aucun de ceux qui furent présents.

Elle se prépare à mourir.

S’étant recueillie, elle adresse au peuple les dernières paroles !…


CHAPITRE XXXIX

Dernières paroles d’Anne Boleyn


Bon peuple chrétien,

Je suis venue ici selon la loi et selon la loi je dois mourir. Je ne dirai rien de plus.


CHAPITRE XL


Les témoins sont venus se repaître de la mort de la Reine.

Le premier d’entre eux est Charles Brandon, ce duc de Suffolk, celui-là même qui fut ce doux poète, amant de la jeune Reine-Veuve et qui ne l’épousa que par surprise d’adultère. Cet époux de Mary Tudor, Reine douairière de France, déjà morte, fut l’un de ses ennemis les plus inexorables.

Le second témoin est un fils bâtard de Henri VIII, le duc de Richmond.

Voici encore parmi les abominables témoins, de Wolsen, qui abandonna le maître duché d’or, Cromwell, ce. maître que la jeune et tremblante Anne Boleyn sut, autrefois, anéantir.

Les voici tous, ces témoins de sa vie heurtée de jadis, témoins aussi de sa belle mort royale.


CHAPITRE XLI

Les dernières paroles d’Anne


Anne dit avant de mourir :

« Je vous rends grâces, à vous qui m’avez servi fidèlement, et jusqu’à la fin.

« Ne me pleurez pas. Soyez fidèles au Roi et à la nouvelle Reine. Que votre honneur vous soit plus sacré mille fois que votre vie, et, dans vos prières, ne m’oubliez jamais. »

Ayant dit, elle s’agenouilla, tandis que l’une de ses filles d’honneur lui couvrit les yeux d’un bandeau.

L’épée s’abattit.


XLII


Que ce bourreau français soit béni, qui rendit la mort plus douce à la Reine condamnée et qui trancha finement le col, et ne l’abattit point à la façon des bûcherons, par un bourreau anglais.


  1. It is no matter.
  2. Ce compliment du soir était : « Much good man it do you. » Ce qui, étant traduit, semble vouloir dire : « Que ce repas vous soit heureux ! »
  3. « I am the King’s trere wedded wife. »
  4. Son père.
  5. Handled.
  6. Exclamation empruntée à la vieille langue anglaise, signifiant le doute, l’étonnement et même l’incrédulité.
  7. Vieille expression anglaise correspondant à : Ma foi.
  8. You wait for dead men’s shoes.
  9. Queenship.
  10. Fancy.
  11. I have often played the fool in my youth and to fulfil your command, I will do the same in my old age.
  12. « Mr Kingtson, I hear I shall not die before noon, and I am very sorry there of as I thought to be dead by now and past my pain. »
  13. « I have heard say the executioner is very good, and I have a little neck. »
  14. Anne Boleyn perdit Wolsen dans l’esprit du Roi.