Armand Durand ou la promesse accomplie/19
Plinguet & Laplante, (p. 302-315).
XIX.
Lorsque les premiers jours de son deuil furent écoulés, notre héros reprit ses études légales et s’y livra cœur et âme. L’état solitaire dans lequel il vivait contribua pour une bonne part à son avancement. M. Duchesne ne fut pas longtemps sans acquérir la certitude que le jeune homme qui lui avait été si chaleureusement recommandé par son cousin Belfond, était de ceux qui sont destinés à arriver de bonne heure au pinacle du succès que tant d’autres n’atteignent jamais. En écrivant à Rodolphe, il lui avait donné sur Armand les rapports les plus flatteurs et lui disait que rarement il avait vu de plus grands talents unis à autant d’énergique fermeté et à autant de probité dans le caractère.
Le lecteur ne sera donc pas surpris d’apprendre, qu’après avoir subi le plus heureux et le plus brillant des examens, Durand reçut de M. Duchesne la proposition d’une part dans sa vaste pratique. L’offre fut vite acceptée avec reconnaissance, et Armand se trouva dans une position particulièrement bonne pour un homme de son âge, qui avait lutté pendant quelque temps avec d’aussi grands désavantages.
Cette chose si subtile qu’on appelle le temps s’écoula, et de bienveillants sourires furent encore prodigués au jeune, habile et élégant avocat, et les invitations lui vinrent de tous côtés ; mais jamais on ne le vit dans les gaies réunions du monde à la mode. Cependant, il vint un temps où il fut obligé, du moins une fois, de se départir de son habitude : ce fut à l’occasion du mariage de son ami Belfond.
Celui-ci, malgré ses fréquentes et vigoureuses tirades contre le mariage et le beau sexe, s’était tout-à-coup décidé, après une connaissance de trois semaines et une cour de huit jours, de conduire à l’autel une fillette de seize ans, toute fraîche sortie de son costume bleu, — couleur alors portée par les élèves du Couvent de la Congrégation Notre-Dame, — et qui, pour contrebalancer son extrême jeunesse, possédait une jolie figure et des manières tout-à-fait gentilles et aimables. Le commérage de Québec avait décidé que la jeune personne qu’il avait choisie était Gertrude de Beauvoir, et Durand s’était senti mécontent de lui-même par l’étrange et sourde douleur ainsi que par le sentiment de tristesse que cette nouvelle lui occasionna.
Un matin, Belfond entra dans ses confortables chambres. Armand essaya inutilement de rendre cordial l’air de préoccupation qu’il avait en l’apercevant. Son ami l’informa, avec un air souriant mais un peu embarrassé, qu’il était venu pour lui donner une chance de lui souhaiter de la joie. Alors notre héros fit de son mieux contre fortune bon cœur, accepta la proposition avec la meilleure grâce du monde et il ajouta, peut-être d’un ton un peu mordant, que lui et sa fiancée se connaissaient depuis assez longtemps pour avoir réciproquement une idée raisonnable de leurs goûts et de leurs sympathies.
— Allons, s’écria Belfond, pas de persiflages, Armand ! Si un autre que toi m’eût dit cela, au lieu de l’inviter à mes noces, je l’aurais culbuté d’un coup. La petite Louise et moi nous n’en serons que plus heureux, après notre mariage, d’avoir pour occupation d’étudier les qualités de l’un et de l’autre, car, tout naturellement, nous essaierons de rester aveugles sur nos défauts.
— Louise ! dit Armand tout dérouté.
— Oui, Louise d’Aulnay ; mais tu n’as pas besoin d’ouvrir de si grands yeux, tu ne la connais pas : elle n’est sortie du couvent que l’été dernier.
— Ah ! reprit Armand se sentant soulagé d’un poids immense, je pensais que c’était mademoiselle de Beauvoir.
— Non, il n’y a pas de danger ! Je t’ai dit, il y a déjà des années, qu’elle n’était pas de mon goût et que, probablement, je n’étais pas du sien, et en vérité d’aucune autre ; mais qu’importe ? elle a refusé des partis, à droite et à gauche, et quelques-uns meilleurs que ceux auxquels elle aurait droit de s’attendre ; mais une chose pour laquelle je la respecterai et la révérerai, toujours, c’est parce qu’elle a directement rejeté ce suffisant freluquet de de Montenay. Je suppose que sa vocation, comme ma petite Louise appellerait cela, est de rester vieille fille. Peut-être que la circonstance qu’elle vient ici pour servir de fille d’honneur à Louise a donné naissance au bruit courant de mon mariage avec elle. Les deux familles sont dans les meilleurs termes d’amitié, se faisant souvent des visites et se rendant des politesses. Mais quelle différence il y a entre les deux ! Ah ! Gertrude est trop spirituelle et trop fière pour un pauvre diable comme moi. Elle te conviendrait mieux.
Heureusement que, pendant qu’il parlait ainsi, Belfond était occupé, selon une vieille habitude, à frapper du bout du pied le pied de la table sculptée en patte de lion, en sorte qu’il ne s’aperçut pas de la vive rougeur que ses dernières paroles avaient fait monter à la figure de son ami.
— Et maintenant, Armand, continua-t-il, aimerais-tu à être garçon d’honneur ?
— Pas du tout, mon cher ami, répondit-il à la hâte : tu sais l’aversion que j’ai pour ces sortes de cérémonies. Je désire rester dans ma coquille comme un limaçon.
— C’est ce que je pensais ; aussi, j’ai promis conditionnellement à Arthur d’Aulnay, mon futur beau-frère, que si tu n’acceptais pas je le choisirais. Il brûle d’être garçon d’honneur, car il est profondément frappé de mademoiselle de Beauvoir et, comme il n’a que dix-huit ans, tu peux imaginer les chances qu’il court. Maintenant il faut que je parte, car j’ai à choisir une garniture de perles pour ma perle incomparable ; mais avant de nous séparer, Armand, un mot d’avis pour toi. Comme tu sais apprécier mon amitié, n’essaies jamais de me faire endever sur ce que je ne connais Louise d’Aulnay que depuis peu de temps, ou de donner à entendre, comme l’a fait ce matin un camarade que je me propose de ne plus regarder, que si j’avais retardé une autre semaine j’aurais probablement changé d’idée comme je l’ai fait si souvent. Allons, au revoir ! Ne manques pas d’être prêt de bonne heure le matin de l’heureux jour.
Ce fut avec des sentiments bien divers qu’Armand endossa l’habit irréprochable avec lequel il devait assister à cette fête nuptiale ; puis il tressaillit à l’idée de se rencontrer prochainement avec la seule femme qui avait été, il le savait maintenant, et qui était encore son unique amour, la femme dont le généreux courage l’avait sauvé lui-même de la ruine et qui lui avait tendu une main secourable lorsque tout le monde, à une exception, l’avait abandonné.
Les d’Aulnay étaient une des premières et des plus riches familles de Québec, en sorte que tout fut fait avec éclat et splendeur. La fiancée paraissait comme un perce-neige et son aristocratique fille d’honneur comme une magnifique fleur de lys, grande, blanche, superbe et noble.
Pendant la cérémonie les yeux d’Armand la suivirent avec un singulier renouvellement du culte de son enfance et avec l’ardente admiration qu’elle lui avait inspirée pendant leur première entrevue à la fête d’été chez M. de Courval ; mais à la fin de la cérémonie, lorsque leurs regards se rencontrèrent et qu’ils échangèrent un petit salut, il pensa tristement qu’elle n’était pas maintenant plus près de lui qu’elle ne l’avait été au timide jeune homme de campagne.
Les convives se trouvèrent bientôt assis autour d’une table somptueusement servie, et ce fut alors qu’il arriva à Armand un des contre-temps désagréables dont il avait été jusque-là protégé par sa vie retirée. Depuis le mémorable matin que Gertrude, semblable à un ange de lumière, lui était apparue à la petite auberge et lui avait arraché cette promesse qui avait été son salut, il s’y était montré scrupuleusement et religieusement fidèle ; même lorsque madame Martel, en lui annonçant qu’il était père lui avait présenté un verre plein jusqu’au bord, l’invitant à boire à la santé de la mère et de l’enfant, il s’était bravement exposé à l’indignation de la bonne femme en refusant avec fermeté la coupe qu’elle lui offrait, ce qui lui faisait faire, plus tard, la remarque qu’elle s’attendait bien à la triste catastrophe qui était survenue peu de temps après une circonstance si inouïe.
On proposa une santé en l’honneur des jeunes mariés et les verres furent emplis de champagne. Machinalement, notre héros leva le sien à la hauteur de ses lèvres, espérant par là échapper à la remarque et aux imputations d’affectation qu’on ne manquerait pas de lui faire. En effet, il fut désappointé dans son attente, car deux ou trois personnes, qui l’avaient observé, lui en firent le reproche. La tempérance totale était peut-être plus rare dans ce temps-là qu’aujourd’hui, et il reçut une avalanche de railleuses désapprobations, jointes à une certaine, dose de ce que Belfond appelait des scies.
— Est-ce, que M. Durand, comme les chevaliers d’autrefois à la veille de mettre leurs éperons pour la première fois, aurait fait vœu de s’abstenir du jus de la vigne ? demanda ironiquement de Montenay.
— Je suis lié par une promesse ! répliqua notre héros avec froideur, tout en observant la courtoisie.
— Bien, il me semble qu’une circonstance aussi heureuse que la présente devrait, comme un jubilé, exempter de tous vœux onéreux ou mal fondés. Qu’en pense la charmante fille d’honneur ?
— Je pense qu’une promesse faite doit être accomplie ! répondit elle d’une manière brève.
Sur ces entrefaites une autre santé fut proposée et accueillie, et on laissa tranquille Armand et son verre plein.
Après que les convives furent revenus au salon, il se trouvait debout devant un beau tableau représentant une des belles dames de la cour de France, et il pensait comme son front calme et fier, ses yeux brillants ressemblaient à ceux de mademoiselle de Beauvoir, lorsqu’il entendit tout à coup derrière lui le frôlement d’une robe de soie ; et, se retournant, il aperçut mademoiselle de Beauvoir qui se rendait à l’autre bout de l’appartement. Ils échangèrent quelques mots d’étonnement sur ce qu’ils ne s’étaient vus depuis très-longtemps, Armand fit allusion à la vie retirée qu’il avait menée depuis quelque temps, puis il s’établit une pause qui fut rompue par Gertrude.
— J’ai été bien contente ce matin, dit-elle, en voyant comme vous avez fidèlement tenu votre promesse.
— Est-ce que je pouvais faire autrement lorsque vous aviez daigné me la demander ? Ah ! j’espère que je la garderai ainsi que le précieux talisman que vous m’avez alors donné, comme je vous l’ai déjà dit, jusqu’à la mort !
Et il porta à ses lèvres le rubis dont elle lui avait fait cadeau.
— Songez, mademoiselle de Beauvoir, continua-t-il, songez de quoi vous m’avez sauvé, à tout ce que je vous dois, et dites-moi si vous devez vous étonner de l’ardente et éternelle gratitude que je ressens pour vous ?
Ah ! Armand, cette voix passionnée, ce regard intense, cette émotion et ces manières trahissaient à son insçu, un sentiment plus vif que celui de la reconnaissance.
Une rougeur soudaine monta à la figure de Gertrude, et elle baissa ses yeux.
— M. Durand, dit-elle, vous attachez véritablement trop d’importance à une bagatelle, et la fidélité que vous avez mise à observer votre promesse me récompense amplement de ce qu’il m’en a coûté pour vous la demander… Mais vous ne vous êtes pas encore informé de votre vieil ami, M. de Courval ! ajouta-t-elle, voulant donner le change à la conversation qui commençait à devenir embarrassante. N’avez-vous pas su qu’il a été très-malade ?
— Je suis vraiment fâché de l’apprendre, dit Armand en lui présentant une chaise que sa compagne accepta de suite, contente de prolonger cette conversation qui avait revêtu un caractère strictement général.
Elle apprit à Durand que M. de Courval avait eu plusieurs attaques de rhumatisme aigü, que de fait il était devenu un martyr de cette maladie, et que, quoiqu’il fût mieux dans le moment, madame de Beauvoir avait été obligée de rester à la maison pour le soigner ; puis l’entretien roula sur leur première rencontre au Manoir d’Alonville lorsqu’ils n’étaient qu’enfants, et combien même alors elle l’avait aidé et encouragé. Entre ce lointain souvenir et leur rencontre, dans la petite auberge, qui avait exercé une si heureuse influence sur la carrière subséquente du jeune homme, la transition fut facile. Le sujet était, selon toute apparence, plein d’intérêt pour les deux, et quel que fût le charme qui l’animât, bien que son secret et sincère amour pour son amie fût sans espérance et malgré l’indifférence polie qu’elle lui avait toujours manifestée, Durand se trouva, presque sans s’en apercevoir, à lui dévoîler le secret de son cœur, secret qu’il avait si longtemps gardé. Parée de sa robe et de son voile de fille d’honneur, au milieu des joyeuses causeries et des rires bruyants des convives qui résonnaient dans ses oreilles, Gertrude de Beauvoir accepta les vœux de celui pour qui sa préférence datait presque d’aussi loin que la sienne pour elle.
On devine qu’en apprenant l’engagement que sa fille avait fait, madame de Beauvoir la railla et que les pointes d’épigrammes ne lui firent pas défaut ; mais, heureusement, son opposition ne fut ni forte ni de longue durée. Sans doute Durand n’était pas un seigneur non plus qu’un riche et indépendant citoyen comme de Montenay ou Belfond mais il était l’associé d’un vieil avocat bien connu ; après quelque temps il deviendrait possesseur de la fortune de madame Ratelle, et son frère Paul, qui n’était pas marié et qui, d’après le bruit courant, buvait beaucoup, se ferait probablement bientôt mourir et le constituerait son héritier.
— Eh ! bien, oui, se dit-elle, j’y donne mon consentement, car il vaut mieux que Gertrude se marie avec lui que de rester vieille fille, comme je l’en ai souvent menacée.
Quant à M. de Courval, il fut très-satisfait de ce mariage et, pendant une sévère attaque rhumatismale, il fit à la fiancée présent d’une dot raisonnable et d’un riche trousseau.
Armand avait beaucoup de choses à dire à sa fiancée, notamment la réception du mystérieux billet qui l’avait appelé auprès du lit de mort de son père, billet que Gertrude avoua avec confusion avoir écrit elle-même ; ensuite la trahison de son frère Paul, les machinations mises en œuvre par madame Martel, les vicissitudes et les agitations de son malencontreux mariage, la mort paisible de sa femme, et depuis lors sa vie tranquille et monotone. Gertrude l’écoutait avec sympathie, et plus d’une fois, pendant qu’il poursuivait son récit, il s’aperçut que ces yeux qu’il avait cru si orgueilleux, si indifférents, s’assombrissaient d’une tristesse qui donnait à penser.
— Dans tout ce que vous venez de me dire, Armand, il y a une seule chose que je désirerais qui fût autrement, une chose que je vous demanderai de rétracter. Par considération pour moi, voulez-vous pardonner à votre frère Paul, sans restriction et complètement ?
Une ombre passa sur le front du jeune homme.
— Gertrude, dit-il enfin, je ne lui ai jamais causé de dommages et je n’ai pas non plus l’intention de lui en faire pour tout le mal qu’il m’a causé : certainement que ce doit être assez.
— Non ; les concessions que vous avez faites l’ont été en considération de madame Ratelle : il vous faut maintenant faire quelque chose pour moi. Écoutez, Armand : que votre pardon, libre et sans conditions, soit mon cadeau de noces ; je l’estimerai et l’apprécierai infiniment plus que le plus pur diamant et la plus rare des perles ! Les souverains signalent ordinairement l’inauguration de leur règne par un acte d’amnistie ; signalons, par une semblable preuve de clémence, le commencement de notre bonheur qui, je l’espère, durera toujours.
Elle disait cela d’un ton badin, mais ses yeux étaient singulièrement suppliants, et Armand sentit toute l’impossibilité qu’il y aurait pour lui de ne jamais leur rien refuser.
— Comment, dit-il, puis-je ne pas accorder ce que vous me demandez ? Oui, même mon orgueil vindicatif, la longue animosité que j’ai caressée, quoique passivement, contre le frère qui m’a volé mon droit d’aînesse et l’amour de mon père, doivent céder à votre influence. Ah ! Gertrude, une plus grande preuve de votre pouvoir sans bornes et de mon profond dévouement ne se pouvait donner !
La noce fut simple, et c’était, suivant madame de Beauvoir, ce qu’il y avait de mieux à faire, à cause des antécédents du prétendu. Gertrude, dont tous les désirs et les aspirations tendaient à la tranquillité et à l’absence complète de tout éclat, dédaigna avec magnanimité de ressentir cette observation.
Paul, quoiqu’il eût été poliment invité, envoya une excuse, alléguant qu’il était malade. Sa conscience lui faisait probablement trop sentir sa culpabilité envers son frère, pour qu’il désirât se rencontrer avec lui en une telle circonstance. Cependant, il envoya à la mariée la plus superbe garniture de joyaux qu’il put se procurer à prix d’argent et, plus tard, il trouva le courage de faire une courte visite aux nouveaux mariés, événement qui, toutefois, ne se renouvela pas souvent. Il ne fit jamais entrer dans la maison paternelle d’Alonville une femme qui fût la sienne, afin de chasser la misanthropie qui régnait dans son intérieur.
De Montenay ne se maria jamais. Il continua à fréquenter les salles de bal et à suivre les pas de chaque nouvelle débutante pourvu qu’elle fût jolie, jusqu’à ce que ses cheveux souples et lustrés devinssent gris, calamité à laquelle il porta remède au moyen de quelque inestimable teinture, et jusqu’à ce que ses dents blanches et régulières dont il était si fier eussent été remplacées par un ratelier artificiel. Il mena cette vie jusqu’à ce que l’âge et les infirmités ne lui laissèrent d’autre alternative que celle de l’abandonner ; il devint alors le plus méchant et le plus tyrannique des vieux garçons, faisant consister son principal amusement à se moquer du mariage en général et du bonheur domestique de ses amis et connaissances en particulier.
Cependant, sa vindicative éloquence ne put jamais amener de nuages sur le soleil qui dorait la demeure d’Armand et de sa femme. Sans doute, ils furent quelques fois visités par le trouble et la maladie : c’est le sort de tous les descendants d’Adam ; mais ils trouvèrent dans leur mutuelle affection d’amples consolations à leurs chagrins passagers.
Une brillante destinée attendait notre héros.
Il se distingua sur l’arène politique de son pays, dans laquelle il entra peu de temps après son mariage, autant par son inflexible intégrité que par ses rares talents. Durant le cours de sa carrière il fut bien soutenu par la noble jeune femme qui partageait ses pensées, ses espérances, ses projets, comme elle partageait la destinée de sa vie, et dans les heures de sombre découragement auxquelles échappent rarement les vrais enfants de leur pays, elle lui donnait des paroles d’espérance, l’encourageait, l’animait au succès en lui disant :
— En avant !
Jamais il ne fut tenté, par les honneurs et les émoluments, de sacrifier un seul principe, un seul point de justice, et le plus précieux héritage qu’Armand Durand laissa à ses enfants, — héritage bien supérieur à l’ample fortune et à la position sociale qu’il s’était acquises, — fut le souvenir de son sincère et honnête patriotisme, de sa parfaite intégrité.