Astronomie populaire (Arago)/VII/06

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 270-272).

CHAPITRE VI

jours solaires


Nous avons appelé jour sidéral l’intervalle de temps qui s’écoule entre deux passages successifs d’une étoile au méridien ou entre deux coïncidences du cercle horaire aboutissant à cette étoile avec ce même méridien ; on appelle jour solaire vrai l’intervalle de temps compris entre deux passages consécutifs du soleil au méridien, c’est-à-dire entre deux coïncidences avec le méridien des cercles horaires sur lesquels cet astre a été placé dans deux jours successifs.

Le jour solaire est évidemment plus long que le jour sidéral ; en effet, quand reviendra aujourd’hui au méridien le cercle horaire sur lequel le soleil était situé la veille, ou, ce qui revient au même, quand le jour sidéral sera révolu, cet astre, en vertu du déplacement propre qu’il a éprouvé depuis la veille, se trouvera sur un cercle horaire plus oriental ; il faudra que la sphère étoilée marche encore d’une certaine quantité de l’orient à l’occident, pour que le jour solaire soit complet, pour que le soleil semble avoir fait un tour entier en vertu du mouvement diurne.

Le jour solaire, comme le jour sidéral, est partagé en vingt-quatre heures ; seulement, les heures, les minutes, les secondes d’une horloge réglée sur le soleil, sont un peu plus longues que les heures, les minutes et les secondes d’une horloge réglée sur les étoiles.

La cause de la différence que nous venons d’indiquer entre le jour solaire et le jour sidéral conduit à une conséquence sur laquelle je dois appeler l’attention du lecteur.

Le cercle horaire d’une étoile et le cercle horaire du soleil arrivent aujourd’hui, je suppose, au méridien au même moment ; le lendemain, lorsque le jour sidéral est révolu, le cercle horaire du soleil est dans une position plus orientale, le surlendemain l’angle de ces deux cercles horaires s’est encore augmenté d’une certaine quantité ; ces petits mouvements accumulés finiront par amener les cercles horaires dans une position rectangulaire, en sorte que si celui de l’étoile aboutit au zéro de l’équateur, celui du soleil tombera sur 90 degrés.

L’étoile qui à l’origine passait au méridien en même temps que le soleil, y passera environ un quart de jour avant lui. Ce n’est pas à 90 degrés que se bornera l’écartement des deux cercles horaires mentionnés, les points de l’équateur auxquels ils aboutiront, finiront par être à 180 degrés de distance ; ce jour-là l’étoile précédera le soleil, avec lequel elle passait au méridien simultanément quelque temps auparavant, du nombre d’heures qui est nécessaire pour que la sphère fasse une demi-révolution, ou d’environ un demi-jour.

Lorsque les deux points de l’équateur auxquels les deux cercles horaires aboutissent seront distants de 270 degrés ou des trois quarts de la circonférence entière, il s’écoulera trois quarts de jour entre le passage anticipé de l’étoile et le passage du soleil ; enfin le cercle horaire de l’étoile et celui du soleil viendront coïncider de nouveau, et ils passeront au méridien au même instant ; mais il faut bien le remarquer, dans l’intervalle entre ces deux coïncidences l’étoile aura passé au méridien une fois de plus que le soleil.