Astronomie populaire (Arago)/VIII/03

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 307-311).

CHAPITRE III

principaux catalogues d’étoiles et atlas célestes


Les catalogues d’étoiles contiennent tous les éléments nécessaires pour former sur un globe une représentation exacte du ciel étoilé, dans lequel les étoiles seraient non seulement déterminées de position les unes par rapport aux autres, mais encore relativement aux pôles et à l’équateur. Ces déterminations pourraient avoir une très-grande précision, presque égale à celle des observations elles-mêmes, si le globe employé avait des dimensions comparables à celles dont Tycho s’est servi, savoir dix pieds (3m,30) de diamètre.

Le premier catalogue que nous possédions, dans lequel les étoiles sont rangées par longitudes et latitudes, est celui que Ptolémée nous a conservé en y faisant de légères modifications. Il faut faire honneur de ce catalogue à Hipparque. Il renferme 1 026 étoiles.

Dans les catalogues modernes, les étoiles sont classées généralement par ordre d’ascensions droites auxquelles sont jointes les déclinaisons. Il est bien entendu que dans les différents catalogues on trouve les mêmes étoiles.

Je vais citer les plus célèbres des catalogues connus, en m’appuyant le plus souvent sur l’autorité de mon illustre ami Alexandre de Humboldt (Cosmos, t. iii, p. 120 et suivantes).

Parmi les catalogues dus aux Arabes, un des plus célèbres est celui d’Ulugh Beigh, petit-fils de Tamerlan ; il a été primitivement écrit en persan ; il contient 1 019 positions d’étoiles réduites à l’an 1437 d’après les observations faites au Gymnase de Samarcande sous la latitude d’environ 39° 52′, sauf pour quelques étoiles australes invisibles à Samarcande et qui ont été calculées d’après Ptolémée. Un commentaire subséquent de ce catalogue contient 300 étoiles de plus, dont les positions ont été déterminées en 1553 par Abou-Bekri Altizini. La meilleure édition du catalogue d’Ulugh Beigh a été donnée par le savant Hyde.

Le catalogue de Tycho, calculé et édité par Kepler, ne comprend que 1000 étoiles.

Le catalogue du landgrave de Hesse (Guillaume IV) a été dressé avec le concours de Rothmann et de Byrgius ; il contient 400 étoiles.

Le catalogue d’Hévélius contient 1 564 positions d’étoiles pour l’an 1660.

Ces catalogues sont les derniers qui aient été établis d’après l’observation à l’œil nu.

Le premier catalogue qui ait paru, depuis l’époque où Morin et Gascoigne enseignèrent à réunir les lunettes aux anciens instruments de mesure, est le catalogue des étoiles australes dont Halley avait déterminé la position, pendant le court séjour qu’il fit à Sainte-Hélène, en 1677 et 1678.

Parurent ensuite les catalogues suivants :

Lacaille, 9 776 étoiles australes, observées en moins de dix mois, de 1751 à 1752, à l’aide d’une lunette qui n’avait qu’un grossissement de huit fois, réduites à l’année 1750 par Henderson.

Tobie Mayer, 998 étoiles, pour 1756.

Flamsteed, premier directeur de l’Observatoire de Greenwich, 2 866 étoiles, parmi lesquelles un grand nombre ne peuvent être aperçues qu’à l’aide de télescopes ; par les soins de Baily, 564 étoiles y ont été ajoutées. Ce catalogue fait partie de l’ouvrage intitulé : Histoire céleste britannique, 3 volumes in-folio.

Bradley, 3 222 étoiles, réduites à l’année 1755 par Bessel.

Pond, 1 112 étoiles.

De Zach, 381 étoiles : ce catalogue, travail précieux d’un de nos plus grands astronomes, a été publié à Gotha en 1792.

Piazzi, 7 646 étoiles réduites à l’année 1800.

Thomas Brisbane et Rümker, 7 385 étoiles australes observées à la Nouvelle-Hollande dans les années 1822 à 1828.

Airy, 2 156 étoiles réduites à l’année 1845.

Rümker, 12 000 étoiles pour Hambourg.

Argelander, 560 étoiles pour Abo.

Taylor, 11 015 étoiles pour Madras.

Baily (Bristish association catalogue of Stars, 1845), 8 377 étoiles,

Jérôme de Lalande (Histoire céleste), 47 390 étoiles dont beaucoup sont de neuvième grandeur, et dont quelques-unes sont plus faibles encore. Ce catalogue est fondé sur des observations faites de 1789 à 1800 par Le Français de Lalande et Burckhardt ; il a été calculé et réduit soigneusement, par ordre de l’Association britannique pour l’avancement des sciences, sous la direction de Francis Baily.

Pour le ciel austral, il faut citer les riches catalogues de Henderson, de Maclear, au Cap, et de Johnson, à Sainte-Hélène.

Je mentionnerai aussi les atlas si utiles pour l’examen du ciel étoilé.

Je dois citer d’abord les cartes de Bayer, les premières qui aient été faites avec intelligence et avec soin (1603).

L’atlas de Bode (1789-1801) renferme 17 240 étoiles.

L’atlas de Flamsteed, composé de 28 cartes (1729), a servi à tous les astronomes dans le siècle dernier.

L’atlas de Harding, composé de 27 cartes, donne plus de 50 000 positions d’étoiles tirées de la vaste collection des astronomes français.

Les zones de Bessel contiennent 75 000 observations depuis le parallèle céleste — 15° jusqu’à celui + 45° ; ce travail a exigé huit années, de 1825 à 1833. De 1841 à 1843, Argelander a continué ces zones jusqu’au parallèle de 80°, et a fixé les lieux de 22 000 étoiles.

Weisse, directeur de l’observatoire de Cracovie, a été chargé par l’Académie de Saint-Pétersbourg de réduire les zones de Bessel ; il a calculé pour 1825, les positions de 31 895 étoiles dont 19 738 sont de neuvième grandeur.

L’atlas des Cartes de l’Académie de Berlin doit contenir 24 cartes ; vingt sont déjà publiées ; elles sont basées sur les observations de Bessel ; elles renferment toutes les étoiles comprises dans les neuf premiers ordres de grandeur, que nous expliquerons plus loin, et même une partie des étoiles de dixième grandeur.