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Astronomie populaire (Arago)/III/23

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 145-146).

CHAPITRE XXIII

champ de la vision naturelle


Ptolémée annonçait avoir reconnu expérimentalement, que le champ de la vision, que l’espace qui est visible dans une position invariable de l’œil se trouve limité par un cône rectangle, c’est-à-dire par un cône ayant son sommet à la pupille et dans lequel les arêtes diamétralement opposées sont perpendiculaires entre elles. Cette donnée nous a été transmise par Héliodore de Larisse, car le premier livre de l’Optique de Ptolémée est perdu. Les auteurs modernes l’ont adoptée. Il en résulte que pour voir du même coup d’œil l’horizon et le zénith, il faut diriger l’axe visuel à 45° de hauteur, et que jamais, l’œil ne tournant pas dans son orbite, nous ne pouvons apercevoir simultanément plus d’un quart de la surface du ciel.

Venturi a trouvé d’autres nombres. Chez lui, dans le sens horizontal, l’amplitude angulaire de la vision allait à 135°. Dans le sens vertical, elle n’était que d’environ 112°. Le physicien italien n’étend même pas à 18° le champ naturel de la vision passablement distincte. Suivant Brewster, l’amplitude angulaire dans le sens horizontal serait de 150° et dans le sens vertical de 120°.

Faut-il, cela posé, expliquer comment il arrive que nous voyons ou que, du moins, nous nous imaginons voir simultanément assez distinctement l’ensemble des parties d’un gros objet ? Nous pourrons presque nous borner à copier Euclide ou Ptolémée

« Si nous croyons voir un objet tout entier, cela provient, dit Euclide, de la rapidité extrême avec laquelle notre vue en parcourt d’un mouvement continu les diverses parties sans en oublier aucune. »

« La vue, de sa nature, pénétrante et vive, dit à son tour Ptolémée, examine toutes les régions d’un objet avec beaucoup de vitesse ; l’axe optique se dirige successivement vers chaque point avec une rapidité sans pareille. Voilà de quelle manière une image complète et exacte de l’objet se communique à nos sens. »