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Astronomie populaire (Arago)/IV/02

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 163-164).

CHAPITRE II

les anciens connaissaient le verre


Il est des érudits qui doivent refuser aux anciens la connaissance des lentilles grossissantes, et, à plus forte raison, celle des lunettes, puisque, suivant eux, les Grecs et les Romains n’eurent que des notions très-imparfaites sur la fabrication du verre. Hâtons-nous de taxer cette dernière opinion d’erreur manifeste.

Je ne citerai pas ici un passage d’Aristophane, duquel il résulte que l’on vendait des boules de verre, du temps de cet auteur comique, chez les épiciers d’Athènes. Mes citations seront encore plus explicites, plus nettes s’il est possible.

Pline nous apprend que l’immense théâtre (il pouvait contenir quatre-vingt mille spectateurs) élevé à Rome par Scaurus (beau-fils de Sylla), avait trois étages de hauteur, et que le second de ces étages était entièrement incrusté d’une mosaïque de verre.

On lit dans le septième livre des Récognitions de saint Clément, que saint Pierre, étant allé dans l’île d’Aradus, y vit un temple dont les colonnes tout en verre, d’une grandeur et d’une grosseur extraordinaires, excitèrent encore plus son admiration que les belles statues de Phidias dont ce même temple était orné.

Sénèque parle, dans ses Questions naturelles, des phénomènes de coloration que l’on aperçoit lorsqu’on regarde les objets à travers des angles saillants de verre.

Sous le règne de Néron, on se servait à table, comme Pline l’atteste, de vases, de coupes de verre blanc, qui le disputaient en limpidité aux coupes de cristal de roche.

C’était souvent sur des globes de verre qu’on traçait, vers la même époque, les constellations célestes.

Enfin, on a ouvert peu de tombeaux anciens sans y trouver des urnes lacrymales nommées lacrymatoires.

Ptolémée a inséré dans son Optique une table des réfractions que la lumière éprouve, sous diverses incidences, en passant de l’air dans le verre. La valeur de ces angles, très-peu différents de ceux qu’on obtient en faisant l’expérience sur le verre de nos glaces, prouve que le verre des anciens différait peu de celui que nous fabriquons aujourd’hui.