Astronomie populaire (Arago)/IX/26

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 408-409).

CHAPITRE XXVI

limite supérieure de la densité de l’éther


Dans le système newtonien de l’émission, le seul que je considérerai pour le moment, les rayons lumineux de diverses couleurs traversent les corps diaphanes solides, liquides ou gazeux avec des vitesses différentes. Dans le vide les rayons rouges sont toujours les plus rapides ; les rayons violets toujours les plus lents ; les orangés, les jaunes, les verts, les bleus, les indigos, ont toujours des vitesses intermédiaires entre celles des rayons rouges et des rayons violets.

La différence de vitesse entre les divers rayons du spectre n’est pas constante ; elle varie avec la nature, avec la densité des milieux traversés.

Les espaces célestes, tout le monde en convient, sont remplis d’une matière très-rare. Assimilons cette matière, quant à ses propriétés réfringentes, aux gaz terrestres dans lesquels les rayons rouges et les rayons bleus, par exemple, ont les vitesses les moins dissemblables. Cherchons ensuite quelle devrait être la densité de ce gaz pour que deux rayons, l’un rouge et l’autre bleu, partis en même temps d’une étoile changeante arrivassent à la terre à peu près simultanément, malgré la prodigieuse épaisseur de la matière traversée, malgré la durée du trajet qui ne saurait être au-dessous de trois ans ; la solution de ce simple problème de physique étonnera l’imagination par sa petitesse.

Déterminer à l’aide d’un simple phénomène de coloration, la limite supérieure de la densité que peut avoir l’éther répandu dans les espaces célestes, m’a paru une chose assez curieuse pour justifier cette digression.