Astronomie populaire (Arago)/VI/09

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 245-246).

CHAPITRE IX

opinions des anciens sur l’axe du monde


Anaxagore, suivant Diogène Laërce, croyait que dans l’origine tous les astres tournaient autour du zénith, ou qu’ils décrivaient des cercles parallèles à l’horizon en se mouvant autour d’un axe vertical. À cette première époque, le zénith était donc le pôle du monde ; par la suite l’axe s’inclina !

Mais de quel zénith Anaxagore entendait-il parler ? Il ignorait donc que les verticales des différents lieux de la terre ne sont pas parallèles, qu’elles n’aboutissent pas aux mêmes points du ciel.

Géminius, contemporain de Cicéron, signalait l’emploi d’une dioptre tournant autour d’une ligne parallèle à l’axe du monde, comme le moyen de s’assurer que les étoiles décrivent des cercles en vertu du mouvement diurne.

Le moyen était excellent ; c’est l’instrument connu aujourd’hui sous le nom de machine parallactique ; mais Géminius ne dit pas s’il en avait fait usage.

Dans la bouche des astronomes modernes, les mots axe du monde n’impliquent pas l’idée de l’existence d’un axe matériel. Les anciens, au contraire, croyaient que le mouvement de révolution du ciel s’opérait en réalité autour d’un axe solide, pourvu de pivots tournant dans des crapaudines fixes. Personne n’éleva de doute à ce sujet, après avoir lu ces paroles de Vitruve :

« Le ciel est ce qui tourne incessamment autour de la terre et de la mer sur un essieu, dont les extrémités sont comme deux pivots qui le soutiennent ; car en ces deux endroits la puissance qui gouverne la nature a fabriqué et mis ces pivots comme deux centres, dont l’un va de la terre et de la mer se rendre au haut du monde, auprès des étoiles du septentrion ; l’autre est à l’opposite, sous terre, vers le midi ; et autour de ces pivots, comme autour de deux centres, elle a mis de petits moyeux pareils à ceux d’une roue, ou d’un tour, sur lesquels le ciel tourne continuellement. » (Traduction de Perrault.)