Astronomie populaire (Arago)/VII/02

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 252-254).

CHAPITRE II

double mouvement du soleil


Examinons le mouvement du soleil en le rapportant d’abord à l’horizon ; c’est un plan de comparaison que nous avions déjà choisi quand il s’agissait d’étudier le mouvement diurne apparent des étoiles.

Le soleil se lève toujours vers l’orient, un peu au nord ou un peu au sud de la direction qui marque ce point cardinal, monte graduellement au-dessus du plan de l’horizon jusqu’à certaines hauteurs qui varient avec le jour de l’année, descend comme il était monté et se cache sous l’horizon dans un point situé vers l’occident. Le soleil, comme les étoiles, participe donc au mouvement diurne de la sphère étoilée.

Plaçons maintenant le soleil dans la sphère si régulièrement divisée par les cercles horaires que nous avons considérée, nous verrons que cet astre est entraîné, comme toutes les étoiles, par le mouvement général du firmament dirigé de l’orient à l’occident, que c’est à ce mouvement que sont dus les levers et les couchers. Mais les étoiles ne paraissaient obéir qu’à ce mouvement commun ; le soleil éprouvera en outre un mouvement propre dont la direction, considérée dans son ensemble, est celle de l’occident à l’orient.

Les personnes peu habituées aux considérations de mécanique ou d’astronomie, se font difficilement une idée exacte, comme j’ai eu l’occasion de le reconnaître maintes fois, de ce double mouvement que le soleil éprouve, de la combinaison du mouvement diurne avec le mouvement propre.

Pour faire bien apprécier la coexistence de ces deux mouvements, je ne reculerai pas devant la plus vulgaire des comparaisons, comme tout à l’heure j’ai eu recours aux tranches de melon lorsqu’il s’agissait d’expliquer le partage de la sphère en fuseaux par les cercles horaires.

Qu’on imagine un de ces globes en carton, mobiles autour de deux points opposés, à l’aide desquels on étudie la géographie ou la cosmographie. Le mouvement de ce globe dirigé de l’orient à l’occident, le mouvement des points isolés marqués sur la surface courbe du carton, le mouvement des grands cercles aboutissant aux deux points fixes, y figureront très-bien le mouvement diurne du ciel, des étoiles et de leurs cercles horaires.

Placez maintenant sur ce globe, à l’équateur même ou dans les régions voisines, une mouche qui se meuve lentement de l’occident à l’orient, pendant que le globe se meut en sens contraire, de l’orient à l’occident. La mouche sera entraînée par ce second mouvement diurne ; en tant qu’il se déplace sur le globe, en tant qu’il vient prendre sur ce même globe, à raison de son mouvement propre, des positions de plus en plus orientales, il arrive au méridien plus tard que les points fixes auxquels il avait primitivement correspondu : cette mouche est le soleil.

Nous pouvons maintenant, après cette assimilation dont je demande pardon au lecteur, nous occuper de l’astre radieux.