Astronomie populaire (Arago)/XVI/03

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 206-f166).

CHAPITRE III

mouvements apparents des planètes vus de la terre


En observant une planète à l’œil nu, nous apercevons immédiatement que cet astre participe au mouvement diurne de la sphère étoilée, et nous reconnaissons en outre, sans aucune difficulté, qu’elle ne tarde pas à quitter les étoiles qui, une première fois, semblaient l’accompagner.

Prenons chaque jour la position que la planète occupe, par exemple en l’observant à la lunette méridienne et au cercle mural, comme nous avons fait pour nous rendre compte du mouvement propre du Soleil (liv. vii, chap. iv). Nous aurons ainsi toutes les positions qu’elle occupe dans l’année, et nous pourrons dessiner exactement, sur la surface de la sphère renfermant une représentation du ciel étoilé, le chemin apparent qu’elle aura parcouru.

Nous reconnaîtrons ainsi que les planètes se meuvent avec des vitesses fort inégales, qu’elles paraissent stationnaires à certaines époques, qu’elles se dirigent, par rapport aux étoiles, tantôt de l’occident à l’orient, et tantôt de l’orient à l’occident. Ces sortes de mouvements oscillatoires s’observent pour toutes les planètes. Les amplitudes seules varient d’une planète à une autre.

On dit que le mouvement est direct lorsqu’il a lieu de l’occident à l’orient, et qu’il est rétrograde lorsqu’il se fait en sens contraire. La planète est dans une de ses stations au moment où le mouvement va changer de sens. Alors la vitesse de translation diminue jusqu’à zéro pour reprendre des valeurs croissantes dans un sens ou dans l’autre.

Les figures 166 et 167 représentent les mouvements apparents de six des planètes principales, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, et Uranus, pendant l’année 1856.

Pour construire ces deux figures, on a imaginé un cylindre tangent à la sphère céleste le long de l’équateur, et l’on a supposé que ce cylindre pouvait remplacer, sans erreur sensible, la surface de cette sphère sur une étendue de 40 degrés de part et d’autre du cercle équatorial ; on a ensuite développé la surface du cylindre, en le supposant coupé suivant une arête passant par le point équinoxial du printemps. De cette façon, les ascensions droites exprimées en heures ou en degrés, se sont trouvées développées suivant une droite horizontale, et les déclinaisons boréales ou australes suivant une droite verticale. On obtient facilement les chemins de chaque planète en portant sur les figures leurs coordonnées pour chaque jour de l’année, et en joignant, par une courbe continue, la série des points obtenus. L’écliptique, ou la courbe décrite par le Soleil, se trouve tracée de la même manière.

Tandis qu’on reconnaît, ainsi que nous l’avons dit précédemment (liv. vii, chap. iv), que le Soleil semble parcourir en un an une courbe continue, sans zigzag d’aucune sorte, on voit que les planètes, par rapport aux constellations stellaires dessinées sur les mêmes figures 166 et 167, paraissent suivre les courbes les plus compliquées et sans liaison saisissable avec les positions des étoiles auxquelles on peut vouloir rapporter leurs mouvements. Néanmoins, en comparant les routes apparentes ainsi tracées, on saisit avec facilité les différences des vitesses angulaires que présentent les planètes dont quelques-unes font en un an le tour entier de la sphère céleste, tandis que les autres ne parcourent que des arcs plus ou moins restreints.

Si, en même temps qu’on détermine chaque jour la position des planètes sur la sphère céleste, on mesure leurs diamètres par les mêmes moyens que nous avons indiqués en parlant du Soleil (livre xiv, chap. ii), on trouve que ceux-ci varient constamment, ce qui peut s’expliquer facilement par des variations de distances à la Terre. Mais on reconnaît, en outre, que certaines planètes, Mercure, Vénus et même Mars, changent d’aspect, qu’elles passent par une série de phases, qu’elles présentent tantôt un disque entièrement lumineux, tantôt un demi-disque, tantôt seulement un croissant.

Fig. 166. — Routes apparentes du Soleil, de Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et Uranus,
pendant l'année 1856, sur la Sphère Céleste, de 0h à 12h d'ascension droite.

Fig. 167. — Routes apparentes du Soleil, de Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et Uranus,
pendant l'année 1856, sur la Sphère Céleste, de 12h à 24h d'ascension droite.