Astronomie populaire (Arago)/XX/15
CHAPITRE XV
sur les hauteurs des continents et de quelques lieux habités, et sur celles des cimes les plus remarquables des montagnes de la terre, au-dessus du niveau de l’océan
§ 1. — Détermination des hauteurs.
De tout temps on a désiré savoir quelle était la plus haute sommité de chaque chaîne de montagnes ; quelle était la plus haute montagne dans chaque pays, dans chaque continent, dans le monde entier. Les observations astronomiques ont même permis d’étendre cette recherche à la Lune, à Mercure et à Vénus.
À l’aide d’instruments puissants, on a récemment étudié ces trois astres avec tant de soin, qu’il semble difficile d’ajouter à la précision qu’on a déjà obtenue dans la détermination de la hauteur des prodigieuses montagnes dont leur surface est couverte. Les aspérités de la Terre ont été aussi l’objet de recherches assidues. Le nombre de points dont l’élévation au-dessus du niveau de l’Océan se trouve irrévocablement fixée est très-considérable, et néanmoins, sans parler ici des contrées où les géographes n’ont pas encore pénétré, il serait difficile de dire avec certitude, pour l’Himalaya, pour le Caucase, pour les Cordillères américaines, et même pour quelques chaînes d’Europe, si l’on a véritablement mesuré les points culminants. Ce n’est pas qu’en tout lieu le voyageur n’ait dirigé son attention sur les sommités qui lui paraissaient les plus élevées ; mais malheureusement, en ce genre, les apparences sont souvent trompeuses, et rien ne saurait suppléer à une mesure effective. L’isolement plus ou moins grand d’une montagne, l’inclinaison de ses flancs, sa distance, la forme, la disposition et la hauteur des terrains environnants, l’état de l’atmosphère enfin, sont autant de causes d’illusion dont l’observateur le plus exercé ne saurait s’affranchir, et qui disparaissent seulement devant le baromètre et les instruments géodésiques. S’il fallait citer des exemples à l’appui de ces réflexions, ils ne manqueraient pas. Ainsi, je pourrais dire qu’au commencement du xviiie siècle on regardait encore généralement le pic de Ténériffe comme la plus haute montagne du monde (voyez la Géographie de Varenius, revue par Newton), quoique les Alpes suisses renfermassent des sommités qui le surpassent de près d’un tiers, quoique des milliers de voyageurs revenant du Pérou eussent aperçu la grande Cordillère des Andes, et visité même des villes populeuses établies sur des plateaux beaucoup plus élevés que le pic. Je pourrais faire remarquer aussi que les Pyrénées avaient été parcourues par de savants académiciens, munis de grands instruments, qu’on donnait encore le Canigou pour la plus haute sommité de la chaîne, tandis que nous savons aujourd’hui non-seulement que la Malahite, le Mont-Perdu, le Cylindre, etc., le surpassent de 600 mètres, mais encore, d’après les observations récentes de M. Corabœuf, qu’à une petite distance de cette montagne, dans les limites mêmes du département des Pyrénées-Orientales, il existe des sommités de près de 140 mètres plus élevées, etc. Il ne faut donc pas s’étonner si de temps à autre certains pics descendent du rang qu’on leur avait assigné. Le Mont-Blanc lui-même, depuis si longtemps en possession de la première place dans le système des montagnes européennes, a failli la perdre à la suite d’une mesure imparfaite des sommités du mont Rose. Aujourd’hui c’est le tour du Chimborazo. Cette montagne, si célèbre par les travaux de Bouguer, de La Condamine, et surtout par ceux de M. de Humboldt, n’est pas la plus haute sommité du globe, comme on le supposait depuis tant d’années, les mesures de l’Himalaya l’ont déjà prouvé ; elle n’est pas même, à beaucoup près, la plus haute cime des Cordillères, comme l’a reconnu M. Pentland, dans un voyage très-intéressant.
La figure 249, que j’emprunte à mon illustre ami Alexandre de Humboldt, qui en a publié la première esquisse dès 1825, offre la représentation exacte des hauteurs relatives des points culminants et des crêtes moyennes des chaînes de montagnes de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie. Je dois ajouter les explications que donne mon ami sur cette figure d’un haut intérêt. « Ramond, dit-il, a fait remarquer le premier, à une époque où l’on n’avait mesuré encore que peu de passages dans les Alpes, que malgré la grande différence de hauteur entre le Mont-Blanc et le pic Néthou, la hauteur moyenne de la crête des Alpes est cependant inférieure à celle des Pyrénées. À mesure que l’on se familiarise davantage avec la vraie configuration de quelques chaînes très-élevées, comme les Alpes, les Pyrénées, l’Himalaya, le Caucase, les Cordillères du Mexique et de l’Amérique méridionale, on reconnaît mieux que la direction générale des chaînes dévie souvent de la ligne qui passe par les points culminants.
Pour les spéculations géodésiques et géologiques, la hauteur moyenne des terres au-dessus du niveau de la mer est beaucoup plus intéressante que celle des cimes culminantes, contrairement au préjugé vulgaire. En donnant successivement les tableaux des hauteurs des principales montagnes des diverses parties du globe terrestre, j’aurai donc lieu de présenter aussi un aperçu de l’exhaussement général de chaque continent au-dessus de l’Océan. J’emprunterai une grande partie des chiffres que je citerai bientôt aux nombreux travaux que M. de Humboldt a publiés sur ce sujet depuis l’année 1805.
Mais avant d’aller plus loin, il faut que le lecteur comprenne comment on parvient à mesurer avec exactitude les hauteurs d’un lieu au-dessus d’un autre. En général, on rapporte toutes les hauteurs au niveau moyen des eaux de l’Océan. Deux méthodes servent à mesurer les hauteurs ; l’une dite hypsométrique consiste à mesurer une base horizontale et à prendre à chacune de ses extrémités les angles que font avec cette base et avec l’horizon les rayons visuels dirigés vers le point dont on veut déterminer la hauteur. L’autre méthode repose sur l’emploi du baromètre.
Dans la méthode hypsométrique, une fois que la base a été mesurée avec exactitude, et nous verrons comment on y arrive quand nous exposerons les procédés de triangulation qui ont servi à mesurer la grandeur du degré du méridien, on connaît un triangle et les deux angles que font avec sa base les rayons visuels dirigés, par exemple, sur le sommet d’une montagne ; on peut dès lors calculer les longueurs de ces rayons visuels. Les longueurs obtenues sont les hypoténuses de deux triangles rectangles dans lesquels la hauteur de la montagne au-dessus de la base est un des côtés et dont on connaît d’ailleurs un angle, celui du rayon visuel avec l’horizon. Le calcul de ces triangles rectangles donne la hauteur cherchée, de manière à présenter une vérification de l’exactitude des opérations.
Halley est le premier qui ait cherché à calculer une formule par laquelle les hauteurs des montagnes seraient obtenues par les observations barométriques. Un grand nombre de géomètres, de physiciens et de météorologistes, parmi lesquels je citerai La place, Deluc, Shuckburgh, Roi, Ramond, Bouguer, Daubuisson, Oltmans, Delcros, se sont occupés de perfectionner cette méthode et de faciliter l’exécution des calculs qu’elle exige.
On sait que Mariotte a reconnu que l’air, sa température étant supposée constante, se comprime proportionnellement aux poids dont il est chargé ou aux pressions auxquelles on le soumet ; on déduit de là, par un calcul très-simple, que, si l’on s’élève verticalement dans l’atmosphère, à des hauteurs successives qui croissent en progression arithmétique, les densités de couches d’air correspondantes diminueront en progression géométrique : or, ces densités étant proportionnelles aux hauteur du mercure dans le baromètre, il en résulte que la différence de niveau de deux stations sera proportionnelle à la différence des logarithmes des hauteurs du baromètre.
On voit par là que le calcul des hauteurs ne serait guère plus compliqué si la température des couches d’air était partout la même dans l’atmosphère, que lorsque nous admettions (chap. xiv) que leur densité était constante ; mais dans l’atmosphère il fait d’autant plus froid qu’on est plus élevé au-dessus du niveau de l’Océan : la loi de la variation des densités ne sera donc pas aussi simple que celle que nous avions déduite de l’hypothèse d’une température uniforme, puisque les couches d’air supérieures seront plus condensées par le froid que les couches inférieures. Les observations du thermomètre, faites en même temps sur de hautes montagnes et dans les plaines adjacentes, ou mieux encore pendant des ascensions aérostatiques, ont montré qu’il est permis de supposer, sans erreur sensible, que, pendant des temps calmes, la température de l’air, dans une même colonne verticale, varie d’une manière uniforme, en sorte que la température moyenne de la colonne est la moyenne des températures extrêmes : dès lors il sera aisé d’avoir égard à la variation de la chaleur, dans le calcul de la densité des diverses couches d’air superposées, puisque les physiciens ont déterminé par des expériences directes la quantité dont l’air se dilate par chaque degré du thermomètre centigrade. On n’est pas, jusqu’à présent, parvenu à introduire les indications de l’hygromètre dans les méthodes qui servent à mesurer les hauteurs des montagnes ; mais il est possible de tenir compte, jusqu’à un certain point, de l’effet de la vapeur aqueuse, en augmentant, comme l’a fait Laplace, le coefficient de la dilatation qui se rapporte à l’air sec.
Le changement de température n’est pas la seule cause qui fasse dévier la densité des couches d’air superposées de la loi qui résulterait de leur seule compressibilité, car nous verrons que le poids d’un corps quelconque, et par conséquent aussi celui d’une couche d’air, est d’autant moindre que le corps est plus loin du centre de la Terre. La pesanteur des corps variant en outre, à cause de la force centrifuge qui naît du mouvement de rotation diurne, avec la latitude terrestre, il est évident que pour qu’une même formule puisse être indistinctement employée pour le calcul des observations faites dans les différents points du globe, il est indispensable qu’elle renferme la latitude du lieu de l’observation, comme élément variable.
Les causes que nous venons d’indiquer influent toutes sur la densité des diverses couches de notre atmosphère. Laplace a présenté dans la Mécanique céleste les corrections auxquelles elles donnent lieu dans la mesure des hauteurs sous leur véritable point de vue, et a déduit ainsi de la seule théorie une formule que les physiciens se sont empressés d’adopter, et dont l’exactitude a été constatée par un grand nombre d’expériences.
La théorie seule ayant conduit l’immortel auteur de la Mécanique céleste à la formule qui exprime la hauteur d’un lieu en fonction de la hauteur du baromètre, il est évident que cette formule doit contenir un coefficient que l’expérience seule peut indiquer, et qui dépend de la nature du liquide employé pour construire le baromètre. Ce coefficient a été déterminé par deux méthodes distinctes. Dans la première qui est la plus directe, et dont Halley fit usage pour la formule incomplète qu’il donna, on déduit le coefficient du rapport du poids de l’air à celui du mercure. La seconde, que Bouguer employa le premier, consiste à égaler l’expression analytique d’une hauteur donnée par la formule à cette même hauteur mesurée géométriquement et à tirer de cette équation la valeur du coefficient inconnu. C’est par cette méthode que Deluc, Shuckburgh et Roi trouvèrent les coefficients de leurs diverses formules, et c’est d’un semblable moyen appliqué aux observations du pic du midi, que Ramond a déduit le coefficient adopté par Laplace et dont la valeur diffère très-peu de celle que donnent les expériences les plus récentes sur les pesanteurs spécifiques du mercure et de l’air. Daubuisson a profité, pendant son voyage dans les Alpes, de la situation avantageuse du mont Grégorio pour soumettre ce coefficient à une nouvelle épreuve, et de ses recherches il faut conclure que les petites erreurs dont peut être affecté ce coefficient sont au-dessous de celles que les modifications atmosphériques, dont on ne sait pas encore calculer l’influence, apportent dans les résultats des observations même les plus précises.
Quelques personnes ont cherché à abréger les calculs que nécessite la formule de Laplace ; parmi les tables qu’on a publiées à cet effet, celles que l’on doit à M. Oltmans et à M. Delcros et qu’on trouve, soit dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes, soit dans l’Annuaire de la Société météorologique, sont les plus commodes.
Il résulte de ce que nous avons dit précédemment, que pour avoir tous les éléments qui sont nécessaires au calcul de la hauteur d’une montagne, il suffit que deux personnes, munies d’instruments bien comparables, fassent au même instant, l’une au sommet et l’autre au pied, l’observation de la hauteur du baromètre, et qu’elles tiennent compte en même temps des indications des thermomètres qui sont enchâssés dans les montures de ces instruments, et de ceux qui sont destinés à donner la température de l’air libre. Deux observations conjuguées suffisent à la rigueur, mais, lorsqu’on le peut, il est bon de multiplier les déterminations, parce qu’on augmente alors les chances de compensation des erreurs, soit qu’elles proviennent des observations elles-mêmes, soit qu’elles soient causées par quelque trouble accidentel dans l’atmosphère. Il est presque inutile de dire que les baromètres et les thermomètres doivent, autant que possible, être garantis de l’action immédiate des rayons du Soleil.
Il semble, au premier abord, qu’il doit être indifférent, dans la mesure de la hauteur d’une montagne, de faire les observations à tel ou tel instant du jour. On a cependant reconnu, en comparant un grand nombre de mesures barométriques avec des nivellements faits avec soin, que l’intervalle compris entre onze heures et une heure après midi, est généralement le plus favorable, soit qu’à cette époque la variation de température des couches d’air superposées soit uniforme, comme le suppose la formule de Laplace, soit que les courants ascendants ou descendants dont on ne peut tenir compte dans le calcul, aient alors très-peu de force. L’influence de ces courants est assez considérable pour qu’on doive soigneusement éviter de placer les baromètres dans le fond des vallées. Ce cas excepté, il sera avantageux de rapprocher, autant que possible, les deux instruments de la même ligne verticale ; on peut au reste, sans crainte, comparer entre elles des observations faites avec des instruments qui seraient éloignés horizontalement de 8 à 10 lieues.
Lorsqu’on vise à une très-grande précision, le concours de deux personnes est indispensable, puisqu’il faut que les observations barométriques du pied et du sommet de la montagne soient faites simultanément. Un observateur isolé et muni de bons instruments pourra cependant déterminer la différence de niveau de deux stations peu éloignées, avec une exactitude suffisante pour les besoins de la géographie physique, s’il a l’attention d’observer le thermomètre et le baromètre dans la station inférieure au moment du départ et à son retour. La comparaison de ces observations lui donnera en effet la marche horaire des deux instruments, et dès lors il aura, par de simples parties proportionnelles, les valeurs des corrections qu’il faudra appliquer aux observations de la station la plus élevée, pour les rendre comparables à celles qu’on avait faites, à d’autres heures, dans le point le plus bas.
Lorsqu’on est parvenu, par une longue suite d’observations, à déterminer les hauteurs moyennes du baromètre et du thermomètre dans un lieu quelconque de la Terre, on peut les employer à calculer l’élévation absolue de ce lieu, en prenant pour observations correspondantes les hauteurs moyennes du baromètre et du thermomètre au niveau de l’Océan. Ces hauteurs, dans notre climat, sont 0m,7629 et 12°,5 ; mais comme elles varient dans les différents lieux de la Terre, il sera bon de ne comparer les observations qu’on aura faites qu’aux moyennes de l’Océan qui correspondent aux mêmes latitudes. Peut-être serait-il même alors convenable, ainsi que l’ont recommandé plusieurs physiciens, de n’employer dans ce calcul que les moyennes des observations de midi : quoi qu’il en soit, on voit que si les personnes qui habitent un lieu quelconque voulaient prendre la peine de déterminer jour par jour les hauteurs d’un bon baromètre et d’un bon thermomètre à midi, elles pourraient, en comparant ces mesures à celles de l’Observatoire le plus voisin, dont l’élévation au-dessus de la mer est connue, obtenir la hauteur de ce lieu au-dessus de l’Océan. Par exemple, pour la France, les observations barométriques et thermométriques faites à midi dans tous les points des départements étant comparées à celles de l’Observatoire de Paris, pourraient fournir un nivellement général du pays, qui permettrait d’ajouter aux longitudes et aux latitudes des diverses localités, leur hauteur au-dessus de la mer, comme la troisième des coordonnées qui servent à fixer leur position sur le globe. Pour les points qui sont arrosés par des rivières, il serait convenable de rapporter les observations à la hauteur moyenne des eaux. Dans les autres cas, il faudrait déterminer, par une opération particulière, la position de la salle des instruments par rapport à l’édifice ou au point le plus remarquable des environs.
Dans beaucoup de parties de l’Europe il a été, du reste, exécuté des nivellements généraux par des triangulations directes. En France les positions géographiques de presque toutes les villes même de mince importance et leurs élévations verticales au-dessus du niveau moyen de la mer, sont aujourd’hui déduites des triangulations de divers ordres sur lesquelles MM. les officiers d’état major chargés de l’exécution de la carte de notre pays appuient leurs beaux et immenses travaux.
Dans le réseau trigonométrique qui embrasse toute l’étendue du territoire de la France, il y a des triangles, en général très-vastes, dont les angles ont été mesurés avec de grands instruments et par deux séries au moins de vingt répétitions chacune. Ce sont les triangles du premier ordre.
Dans les triangles de deuxième ordre, on se contente ordinairement, pour la mesure de chaque angle, d’une seule série de dix répétitions.
Les triangles du troisième ordre sont formés avec des instruments plus petits et plus portatifs. Les angles sont déterminés par une seule série de six répétitions, et souvent on n’en mesure que deux. Mais pour qu’il n’y ait pas d’erreur appréciable pour la détermination du point situé au troisième angle non mesuré, on en fixe toujours la position par des lignes visuelles aboutissant au moins à deux bases différentes.
On voit combien sont nombreuses les précautions prises pour que le réseau géodésique qui est jeté sur la France donne des résultats que l’on puisse dire parfaits. La valeur de ces précautions sera mieux appréciée lorsque nous décrirons les triangulations qui ont servi à la mesure des méridiens et des parallèles terrestres. Les détails que nous venons de donner doivent suffire pour expliquer les chiffres qui sont rassemblés dans les paragraphes qui vont suivre.
Dans tous les lieux où on peut apercevoir la mer, la détermination de la hauteur absolue peut se déduire de la mesure de ce qu’on appelle la dépression de l’horizon. En effet, la ligne bleue, assez bien définie, séparation apparente du ciel et de la mer, à laquelle les marins rapportent la position des astres, n’est pas dans l’horizon mathématique ; la quantité dont elle se trouve en dessous dépend de la hauteur de l’œil de l’observateur au-dessus des eaux et des dimensions de la Terre. Si l’on mesure la distance angulaire d’un point de l’horizon au point de l’horizon diamétralement opposé, en admettant que l’état de l’air et celui de la mer soient les mêmes tout autour de l’observateur, la différence de la distance obtenue à 180° est évidemment le double de la dépression réelle de l’horizon. On peut encore avoir cette dépression en mesurant la hauteur d’un astre au-dessus de l’horizon apparent, à un moment donné, et en retranchant de cette hauteur observée celle fournie par le calcul de la position de cet astre ainsi connue à l’avance. On comprend dès lors qu’une formule mathématique devant nécessairement établir une relation entre la hauteur d’un lieu et la dépression, pour de certaines circonstances météorologiques connues, on peut déduire l’un de ces éléments de la mesure de l’autre, après correction de la réfraction. Toutefois, comme on ne peut déterminer les circonstances météorologiques que pour le lieu où on se trouve et non pas pour les couches atmosphériques en contact avec la mer, au point de tangence avec l’Océan du plan mené par l’œil de l’observateur, comme les variations de densité de l’atmosphère dépendent beaucoup de la différence de la température de la surface des eaux et de celle de la couche d’air qui recouvre cette surface, ce moyen d’obtenir les hauteurs n’offre pas beaucoup d’exactitude, et je ne l’ai cité que pour ne rien laisser en oubli.
§ 2. — Élévation de l’Europe au-dessus du niveau moyen de la mer.
On connaît maintenant un très-grand nombre de déterminations des hauteurs des divers points de l’Europe séparés par des intervalles bien exactement mesurés. Par une formule facile à établir on conclut de ces hauteurs obtenues par l’observation, les hauteurs moyennes de chaque grand plateau, puis de grandes étendues de pays, et enfin de l’ensemble même du continent. C’est un problème de géométrie et de calcul très simple que je n’ai besoin que de signaler. Je donnerai immédiatement les solutions obtenues pour les hauteurs moyennes, en les rapprochant des hauteurs observées des principales cimes de montagnes et des lieux habités les plus importants.
Malahasen (Grenade) 3 555 |
mètres. | |
Malahite ou Néthou (Pyrénées) 3 485 |
||
Mont-Perdu |
(Id.) 3 351 | |
Le Cylindre |
(Id.) 3 322 | |
Maladetta |
(Id.) 3 312 | |
Vignemale |
(Id.) 3 298 | |
Pic du Midi |
(Id.) 2 877 | |
Canigou |
(Id.) 2 785 | |
Peñalara 2 583 | ||
Cabezas de Hierro 2 370 | ||
Sierra d’Estra (Portugal) 1 700 | ||
Sorao Sierra 1 460 | ||
Sierra de Foja (Algarbes) 1 100 |
Port d’Oo 3 002 |
mètres. |
Port Viel d’Estaube 2 561 |
|
Port de Pinede 2 499 | |
Port de Gavaraie 2 333 | |
Port de Cavarère. 2 241 | |
Passage de Tourmalet. 2 177 |
La hauteur moyenne de la crête des Pyrénées est de 2 137 mètres, et la figure 249 donnée précédemment, montre quelle est, d’après M. de Humboldt, son importance relative comparée à celle des autres grandes chaînes du globe.
Voici maintenant pour cette même partie méridionale extrême de l’Europe les hauteurs de quelques points habités :
Village de Heas (chapelle), dans les Pyrénées 1 497 |
mètres. | |
Village de Gavarnie (auberge) |
Id. 1 335 |
|
Village de Barège (cour des bains) |
Id. 1 241 | |
Palais de Saint-Ildefonse 1 155 | ||
Burgos 880 | ||
Saint-Sauveur (terrasse des bains), Pyrénées 728 | ||
Astorga 727 | ||
Lech (église), Pyrénées 706 | ||
Ocafia 704 | ||
Valladolid 682 | ||
Guadalaxara 666 | ||
Madrid 635 | ||
Zamora 575 | ||
Aranjuez, sur le Tage 474 | ||
Miranda del Ebro 460 |
La hauteur moyenne de l’Espagne, d’après les dernières estimations faites par M. de Verneuil qui a rassemblé toutes les mesures prises dans ce pays, est de 711 mètres, nombre dont la grandeur ressortira plus loin par la comparaison avec celui que fournit la France.
Mont-Blanc (Savoie) 4 813 |
mètres. |
Mont-Rose (Savoie) 4 636 |
|
Fisterahorn (Suisse) 4 362 | |
Jung-Frau (Suisse) 4 180 | |
Montagne de l’Oursine (France) 4 105 | |
Mont Pelvoux (France) 3 934 | |
Orteler (Tyrol) 3 908 | |
Mont Viso (France) 3 836 | |
Col du Géant 3 426 | |
Mont Thabor 3 180 | |
Le grand Bérard 3 048 | |
Le Taillefer 2 861 | |
Col de la Vachère 2 620 | |
Mont Ventoux 1 909 | |
Montagne de Lure 1 827 |
et de France en Italie.
Passage du mont Cervin 3 410 |
mètres. | |
— | du grand Saint-Bernard 2 491 |
|
— | du col de Seigne 2 461 | |
— | de Furka 2 439 | |
— | du col Ferret 2 321 | |
— | du petit Saint-Bernard 2 192 | |
— | du Saint-Gothard 2 075 | |
— | du mont Cenis 2 066 | |
— | du Simplon 2 005 | |
— | du mont Genèvre 1 937 | |
— | du Splügen 1 925 | |
La porte du mont Cenis 1 906 | ||
Le col de Tende 1 795 | ||
Les Taures de Rastadt 1 559 | ||
Passage de Brenner 1 420 |
Hospice du grand Saint-Bernard 2 491 |
mètres. |
Hospice du Saint-Gothard 2 075 |
|
Village de Saint-Veran (Hautes-Alpes) 2 040 | |
Village de Breuil (vallée du mont Cervin) 2 007 | |
Village de Maurin (Basses-Alpes) 1 902 |
La hauteur moyenne de la crête des Alpes est de 2, 340 mètres.
et les Alpes.
Monte Rotondo (Corse) 2 672 |
mètres. |
Monte d’Oro (Corse) 2 652 |
|
Mont Dore (Auvergne) 1 886 | |
Plomb du Cantal (Auvergne) 1 857 | |
Le Mezenc (Vivarais) 1 766 | |
Colomby de Gex (Jura) 1 689 | |
Montoisey (Jura) 1 671 | |
Puy-Mary (Auvergne) 1 658 |
Pierre-sur-Haute (Forez) 1 634 |
mètres. |
Le Chassiron (Jura) 1 610 |
|
Puy-de-Dôme (Auvergne) 1 465 | |
Plomb du Cantal (Auvergne) 1 857 | |
Mont Mégal (Vivarais) 1 437 | |
Ballon de Guebwiller ou de Sultz (Vosges) 1 422 |
mètres. | |
Ain |
Bourg 227 |
Nantua 480 | |
Gex 647 | |
Aisne |
Laon 180 |
Soissons 49 | |
Saint-Quentin 104 | |
Allier |
Moulins 227 |
Gannat 347 | |
Basses-alpes |
Forcalquier 551 |
Sisteron 578 | |
Hautes-alpes |
Briançon 1 321 |
Ardèche |
Privas 322 |
Tournon 116 | |
Ardennes |
Mézières 171 |
Rethel 90 | |
Rocroy 390 | |
Ariège |
Foix 455 |
Pamiers 286 | |
Aube |
Troyes 110 |
Bar-sur-Aube 166 | |
Nogent-sur-Seine 72 | |
Aude |
Carcassonne 104 |
Narbonne 13 | |
Castelnaudary 186 | |
Aveyron |
Rodez 632 |
Espalion 342 | |
Villefranche 267 | |
Bouches-du-rhône |
Marseille 161 |
Aix 205 | |
Arles 17 | |
Calvados |
Caen 26 |
Vire 177 | |
Bayeux 47 |
mètres. | |
Cantal |
Aurillac 622 |
Mauriac 698 | |
Murat 937 | |
Saint-Flour 883 | |
Charente |
Angoulême 91 |
Cognac 31 | |
Confolens 183 | |
Charente-inférieure |
La Rochelle 8 |
Saintes 27 | |
Cher |
Bourges 156 |
Sancerre 306 | |
Corrèze |
Tulle 214 |
Ussel 640 | |
Brives 117 | |
Côte-d’or |
Dijon 246 |
Beaune 220 | |
Chàtillon-sur-Seine 231 | |
Semur 422 | |
Côtes-du-nord |
Saint-Brieuc 89 |
Loudéac 162 | |
Lannion 23 | |
Creuse |
Guéret 445 |
Dordogne |
Périgueux 98 |
Bergerac 32 | |
Nontron 208 | |
Doubs |
Besançon 251 |
Pontarlier 838 | |
Baume-les-Dames 532 | |
Drôme |
Valence 128 |
Montélimart 65 | |
Nyons 277 | |
Eure |
Ëvreux 66 |
Pont-Audemer 7 | |
Bernay 105 | |
Eure-et-loir |
Chartres 157 |
Châteaudun 143 | |
Nogent-le-Rotrou 105 | |
Finistère |
Quimper 6 |
Brest 33 | |
Châteaulin 142 | |
Gard |
Nîmes 47 |
Uzès 138 |
mètres. | |
Haute-garonne |
Toulouse (sol de l’Observatoire) 189 |
Muret 164 | |
Saint-Gaudens 404 | |
Gers |
Auch 166 |
Lectoure 180 | |
Condom 84 | |
Gironde |
Bordeaux 7 |
Blaye 17 | |
Bazas 79 | |
Hérault |
Montpellier 44 |
Béziers 70 | |
Lodève 175 | |
Saint-Pons 1 035 | |
Ille-et-Vilaine |
Rennes 54 |
Fougères 137 | |
Saint-Malo 44 | |
Indre |
Châteauroux 158 |
Leblanc 108 | |
La Châtre 227 | |
Indre-et-loire |
Tours 55 |
Chinon 82 | |
Isère |
Grenoble 213 |
Latour-du-Pin 319 | |
Vienne (eaux du Rhône) 150 | |
Jura |
Lons-le-Saunier 258 |
Poligny 324 | |
Saint-Claude 437 | |
Landes |
Mont-de-Marsan 43 |
Saint-Sever 100 | |
Dax 40 | |
Loir-et-cher |
Blois 102 |
Vendôme 85 | |
Loire |
Montbrison 394 |
Roanne 286 | |
Saint-Étienne 540 | |
Haute-loire |
Le Puy 686 |
Yssengeaux 447 | |
Brioude 860 | |
Loire-inférieure |
Nantes 12 |
Savenay 53 | |
Châteaubriant 62 |
mètres. | |
Loiret |
Orléans 116 |
Pithiviers 120 | |
Gien 152 | |
Lot |
Cahors 125 |
Figeac 225 | |
Gourdon 258 | |
Lot-et-garonne |
Agen 43 |
Marmande 24 | |
Nérac 59 | |
Lozère |
Mende 739 |
Marvejols (au bas de la ville) 640 | |
Maine-et-loire |
Angers 47 |
Saumur 77 | |
Beaupréau 85 | |
Manche |
Saint-Lô 33 |
Cherbourg 5 | |
Mortain 215 | |
Marne |
Châlons-sur-Marne 82 |
Reims 86 | |
Sainte-Menehould 138 | |
Haute-marne |
Chaumont 324 |
Langres 473 | |
Vassy 180 | |
Mayenne |
Laval 75 |
Château-Gontier 58 | |
Meurthe |
Nancy 199 |
Château-Salins 335 | |
Toul 216 | |
Meuse |
Bar-le-Duc 239 |
Montmédy 294 | |
Verdun 314 | |
Morbihan |
Vannes 18 |
Pontivy 56 | |
Ploërmel 77 | |
Moselle |
Metz (pavé de la cathédrale) 177 |
Thionville 155 | |
BHey 257 | |
Nièvre |
Nevers 201 |
Château-Chinon 552 | |
Cosne 153 |
mètres. | |
Nord |
Lille 24 |
Dunkerque 7 | |
Avesne 172 | |
Oise |
Beauvais 71 |
Clermont 119 | |
Compiègne 48 | |
Orne |
Alençon 136 |
Domfront 215 | |
Mortagne 256 | |
Pas-de-calais |
Arras 66 |
Saint-Omer 23 | |
Saint-Pol 90 | |
Puy-de-dôme |
Clermont-Ferrand 407 |
Ambert 531 | |
Riom 358 | |
Basses-Pyrénées |
Pau 207 |
Oléron 272 | |
Bayonne 11 | |
Hautes-Pyrénées |
Tarbes 311 |
Argelez 466 | |
Bagnères 551 | |
Pyrénées-Orientales |
Perpignan 42 |
Céret 170 | |
Prades 348 | |
Bas-rhin |
Strasbourg 144 |
Saverne 205 | |
Schelestadt 172 | |
Haut-rhin |
Colmar 195 |
Altkirch 381 | |
Belfort 364 | |
Rhône |
Lyon (eaux près du pont de la Guillotière) 162 |
Villefranche 182 | |
Haute-saône |
Vesoul 235 |
Gray 220 | |
Lure 294 | |
Saône-et-Loire |
Mâcon 184 |
Autun 379 | |
Châlon-sur-Saône 178 | |
Sarthe |
Le Mans 76 |
Mamers 129 | |
La Flèche 33 |
mètres. | |
Seine |
Paris (place du Panthéon) 60 |
Saint-Denis 33 | |
Sceaux 98 | |
Seine-et-Marne |
Melun 69 |
Fontainebleau 79 | |
Meaux 58 | |
Seine-et-Oise |
Versailles 123 |
Rambouillet 169 | |
Corbeil 37 | |
Seine-Inférieure |
Rouen 22 |
Le Havre 4 | |
Yvetot 152 | |
Deux-Sèvres |
Niort 29 |
Bressuire 185 | |
Melle 139 | |
Somme |
Amiens 36 |
Montdidier 98 | |
Abbeville 22 | |
Tarn |
Alby 169 |
Gaillac 137 | |
Castres 171 | |
Tarn-et-Garonne |
Montauban 97 |
Moissac 72 | |
Castel-Sarrazin 81 | |
Var |
Draguignan 216 |
Grasse 325 | |
Toulon 4 | |
Vaucluse |
Avignon 55 |
Carpentras 102 | |
Orange 46 | |
Vendée |
Napoléon-Vendée 73 |
Fontenai 23 | |
Les Sables d’Olonne 6 | |
Vienne |
Poitiers 118 |
Châtellerault 55 | |
Civray 145 | |
Haute-Vienne |
Limoges 287 |
Saint-Yrieix 358 | |
Bellac 242 | |
Vosges |
Épinal 341 |
Mirecourt 279 | |
Remiremont 403 |
mètres. | |
Yonne |
Auxerre 122 |
Avallon 263 | |
Sens 76 |
Ces 242 points géodésiques ont été choisis de manièn à avoir, autant que possible, dans chaque département, le chef-lieu, un point plus élevé et un point plus bas ; ils fournissent 206 mètres pour la hauteur moyenne des villes de France au-dessus du niveau moyen de la mer.
Budosch (Transylvanie) 2 924 |
mètres. |
Surul (Id.) 2 924 |
|
Legnone (Apennins) 2 806 | |
Pointe Lomnis (Karpathes) 2 701 | |
Lipsze (Id.) 2 534 | |
Sneehaten (Norvège) 2 500 | |
Monte-Vellino (Apennins) 2 393 | |
Mont Athos (Grèce) 2 066 | |
Beerberg (Thuringerwald) 1 978 | |
Inselsberg (Id.) 1 808 | |
Hussoko (Moravie) 1 624 | |
Schneckoppe (Bohême) 1 608 | |
Adelat (Suède) 1 578 | |
Mont des Géants (Bohême) 1 512 | |
Pointe-Noire (Spitzberg) 1 372 | |
Ben-Nevis (Inverness-Shire) 1 325 | |
Fichtelberg (Saxe) 1 212 | |
Mont Parnasse (Spitzberg) 1 194 | |
Mont Erix (Sicile) 1 187 | |
Broken (Hartz-Saxe) 1 140 | |
Snowden (Pays de Galles) 1 089 | |
Shehalien (Écosse) 1 039 |
L’arête de la chaîne de montagnes du Thuringerwald est à une hauteur moyenne de 680 mètres.
Etna 3 237 |
mètres. |
Eyrefa-Jokul 1 806 |
|
Eyafialla-Jokul 1 733 | |
Hécla 1 557 | |
Vésuve 1 198 |
Lac de Thun 556 |
mètres. | |
— | Neuchâtel 435 |
|
— | Zurich 408 | |
— | Constance 398 | |
— | Genève 372 |
Inspruck 566 |
mètres. |
Munich 515 |
|
Lausanne 507 | |
Augsbourg 475 | |
Salzbourg 452 | |
Neuchâtel 438 | |
Genève 375 | |
Freyberg (Saxe) 372 | |
Ulm 369 | |
Ratisbonne 362 | |
Gotha 307 | |
Moscou 300 | |
Turin 230 | |
Weimar 210 | |
Prague 179 | |
Mayence 176 | |
Cassel (Allemagne) 158 | |
Gœttingue 134 | |
Vienne (Danube) 133 | |
léna 130 | |
Milan (jardin botanique) 128 | |
Bologne 121 |
Parme 93 |
mètres. |
Dresde 90 |
|
Rome (Capitale) 46 | |
Berlin 40 |
Afin que le lecteur puisse se faire plus facilement une idée de la valeur des nombres que je viens de citer, et de ceux qui seront donnés par la suite, j’ajouterai ici les hauteurs de quelques édifices au-dessus du sol voisin :
La plus haute des pyramides d’Égypte 146 |
mètres. |
La tour de Strasbourg (le Munster) au-dessus du pavé 142 |
|
La tour de Saint-Étienne, à Venise 138 | |
La coupole de Saint-Pierre de Rome, au-dessus de la place 132 | |
La tour de Saint-Michel, à Hambourg 130 | |
La flèche de l’église d’Anvers 120 | |
La tour de Saint-Pierre, à Hambourg 119 | |
La coupole de Saint-Paul de Londres 110 | |
Le dôme de Milan, au-dessus de la place 109 | |
La tour des Asinelli, à Bologne 107 | |
La flèche des Invalides, au-dessus du pavé 79 | |
La balustrade de la tour Notre-Dame 66 | |
La colonne de la place Vendôme 43 | |
La plate-forme de l’Observatoire de Paris 27 | |
La mâture d’un vaisseau français de 120 canons, au-dessus de la quille 73 |
M. Wolf a étudié avec beaucoup de soin l’hypsométrie de l’Allemagne. En divisant cette vaste étendue en trois régions dirigées de l’est à l’ouest, et comprenant : la première ou la plus septentrionale, l’espace qui s’étend depuis les côtes de la mer Baltique et de la mer du Nord jusqu’au parallèle de Breslau, de Leipzig, de Cassel et d’Elberfeld (de 54° 7′ de latitude à 51° 20′) ; la seconde, l’espace compris entre 51° 20′ et 48° de latitude, c’est-à-dice jusqu’au parallèle de Schaffouse et de Fribourg en Brisgau ; la troisième, la région des Alpes allemandes, depuis 48° jusqu’à 45° 48′, on trouve :
Contrées. | Hauteurs moyennes en mètres. |
Zone du Nord |
97 |
Zone du Centre |
307 |
Zone du Sud |
920 |
Allemagne entière |
379 |
Les chiffres que nous venons de donner pour l’Espagne, la France et l’Allemagne montrent d’une manière frappante les rapports des altitudes de ces trois pays limitrophes. L’Allemagne est d’un tiers plus élevée que la France, ce que l’on pouvait prévoir d’après la puissance de la chaîne des Alpes dans le Tyrol, dans le Salzbourg, dans la Styrie, dans la Carniole et dans les Alpes grecques, et d’après les autres groupes qui se propagent jusque dans la zone du Nord.
Quelques rapprochements donneront maintenant une idée de la masse des montagnes.
La hauteur primitive des plaines de la France, d’après M. de Humboldt, est de 156 mètres ; nous avons trouvé précédemment 206 mètres pour la hauteur moyenne des villes, ce qui tendrait à faire augmenter de 50 mètres le chiffre définitif adopté par mon illustre ami. 51 on suppose la masse des Pyrénées répartie sur la surface entière de la France, elle l’exhausserait de 35 mètres. D’après M. Élie de Beaumont, l’effet produit par la répartition des Vosges et de la partie française des Alpes, équivaudrait à un exhaussement de 42 mètres. Les plateaux du Limousin, de l’Auvergne, des Cévennes, de l’Aveyron, du Forez, du Morvan et de la Côte-d’Or donneraient un exhaussement de 36 mètres. En ajoutant ces nombres à la hauteur primitive évaluée à 156 mètres, on trouve les 269 mètres adoptés par mon ami Alexandre de Humboldt pour la hauteur moyenne de la France.
Faisons les mêmes calculs pour l’Europe entière. Admettons 136 mètres pour la hauteur primitive moyenne des plaines de la Baltique, de la Sarmatie, de la Russie, de la Hongrie, de la France, de l’Angleterre. L’exhaussement général produit par le plateau de la Péninsule ibérique sera de 22 mètres. Tout le système des Alpes réparti sur l’Europe entière donnera lieu à un exhaussement de 7 mètres. Les montagnes de la Scandinavie, celles de l’Allemagne septentrionale, les Karpathes et les Apennins produiront une élévation de 40 mètres. On aura donc 205 mètres pour la hauteur moyenne de tout le sol de l’Europe au-dessus du niveau de l’Océan.
§ 3. — Afrique.
On ne possède que des notions très-incomplètes sur les hauteurs de quelques parties de l’Afrique au-dessus du niveau moyen de l’Océan. Nous devrons nous borner à citer quelques nombres.
Ambotismène (Madagascar) 2 507 |
mètres. |
Piton des Neiges (Iles de la Réunion) 3 067 |
|
Jurjura (Algérie) 2 126 | |
La Table (Cap de Bonne-Espérance) 1 163 |
Pic de Ténériffe 3 710 |
mètres. |
El Pico (Açores) 2 980 |
|
Fuego (Cap Vert) 2 400 | |
Les Trois Salasses (Ile Bourbon) 2 400 | |
Green-Mountain (Ile de l’Ascension) 760 |
Constantine 664 |
mètres. |
Maroc 442 |
§ 4. — Asie.
C’est aux études approfondies de M. de Humboldt que l’on doit presque tout ce que l’on sait sur la géographie physique de cette grande partie du monde.
« Les grandes masses dont il est nécessaire de considérer la surface et l’élévation, dit mon illustre ami, pour évaluer d’une manière approximative la hauteur de cet immense continent, sont :
« 1° Cette vaste intumescence du sol, que les géographes chinois, habitués à tout décrire avec détail, ont désigné sous le nom de Gobi ou de Schamo (désert de sable), et qui s’étend sans interruption dans la direction du sud-ouest au nord-est, depuis le Turkestan oriental appartenant aux Chinois, ou petite Bulgarie, jusqu’au nœud de Kentei, près de l’une des sources du fleuve Amour ;
« 2° Les quatre grandes chaînes parallèles de l’Altaï, du Thian-Schan ou Montagnes célestes, dont la chaîne volcanique du Caucase semble former le prolongement occidental par-delà la grande concavité aralocaspienne, du Koueu-Lun ou A-neou-Tha et de l’Himalaya qui se dirige vers le Koueu-Lun comme un filon croiseur, jusqu’à l’endroit où les deux chaînes, coupées par la faille méridienne du Bolor, reprennent leur course de l’est à l’ouest, sous le nom d’Hindou-Kho, toujours suivant les axes de leurs soulèvements, et se dirigent vers Hérat, à travers le Caboulistan ;
« 3° Les chaînes méridiennes, alternantes comme des failles de filons, qui se prolongent parallèlement avec de fréquentes interruptions depuis la mer Glaciale jusqu’au plateau des Nilgherrys ou Montagnes Bleues, près du cap Comorin, et parmi lesquelles on distingue la chaîne de l’Oural ; le plateau de l’Oust-Ourt, situé entre le lac d’Aral et la mer Caspienne ; le Kosyourt, qui s’étend depuis le cours supérieur du Tchoui jusqu’au Syr ou Oxus ; le Bolor ; la chaîne de Soliman ; les Ghates de Malabar, et en avançant vers l’est de 50 degrés, les chaînes méridiennes inclinées du sud-sud-ouest au nord-nord-est, qui s’interrompent et renaissent sous les noms de Stanowoi-Khrebet, de Kbingan-Petschâ, de chaînes du Birman et de Malacca, à l’est de l’Iraouaddi ;
« 4° Les intumescences partielles du sol, telles que l’espace qui forme, entre les chaînes de l’Himalaya et du Koueu-Lun, le Thibet oriental et occidental, borné par les méridiens de Hlassa, des lacs sacrés, de Ladak et de Dotsruh ; ou bien encore les massifs situés d’ordinaire près de l’intersection des systèmes de montagnes qui suivent des directions très-divergentes ; tels sont : le plateau volcanique de l’Ararat caucasien, qui, partant de la chaîne de Murow et de Kondurgagh, situé à l’est du lac Goktschai, passe devant le pied du grand Ararat, traverse le Djarlydagh dans le système trachytique du Cargabassar et se dirige vers Erzeroum ; le plateau qui entoure Ardebil en Perse et qui s’étend à l’est du lac Urmia, et au nord de la chaîne des Zagros ; le haut désert d’Iran compris entre la chaîne de Zagros et la chaîne Kauda, et qui, élevé près d’Isfahan de 1 340 mètres, n’en a plus que 682 autour du Jezd et du lac Zarah ; les plateaux du Beloudschistan, de Mysore et de Nilgherry, dont la montagne la plus élevée est la Dodabetta ; enfin, le désert qui remplit presque toute la partie intérieure de la péninsule arabique, entre les chaînes méridiennes de l’Hadschaz et d’Oman, contenant la cime boisée du Dschebel-Akhbar, située à l’ouest de Mascat. »
Avant de donner les exhaussements que ces diverses masses doivent produire sur la hauteur moyenne du continent asiatique, d’après les évaluations de M. de Humboldt, nous indiquerons d’abord les hauteurs des cimes, quoiqu’elles exercent moins d’influence que les hauteurs des arêtes sur le volume des chaînes montagneuses.
Kintschindjinga 8 592 |
mètres. |
Dharwalagiri 8 485 |
|
Jawahir 7 848 | |
Jamnoutri 7 823 | |
Gosainthan 7 528 | |
Choumalari 7 293 |
Cime occidentale du Caucase 5 646 |
mètres. |
Cime orientale id. 5 624 |
|
Anonymus 5 163 | |
Pic de la frontière de la Chine et de la Russie 5 135 | |
Kasbek 5 045 | |
Grand Ararat 4 566 | |
Ophyr (Ile de Sumatra) 3 950 | |
Argæaus 3 840 | |
Kondurgagh 3 748 | |
Mont Liban 2 906 | |
Dodabetta 2 565 | |
Petit Altaï 2 202 | |
Dschebel-Akhbar 1 950 | |
Beschtan 1 398 |
Lacs sacrés de Mapan et de Rakas-Tal 4 570 |
mètres. |
Lac Urmia 1 523 |
|
Lac Salé de Touz-Gheoul 895 | |
Lac Zarah 680 |
Klutschaw 4 800 |
mètres. |
Kronotzkaja sopka 3 380 |
|
Avatscha 2 664 | |
Tolbatschinskaja sopka 2 400 |
Ladak 3 046 |
mètres. |
Bach-Kichla (vallée du Taurus) 2 370 |
|
Erzeroum 1 896 | |
Isfahan 1 340 | |
Jérusalem 805 | |
Balkh 585 |
Dehli 257 |
mètres. |
Lahore 227 |
|
Barnaul 117 | |
Tobolsk 35 |
M. de Humboldt évalue à 78 mètres la hauteur primitive des basses terres de l’Asie. Le Gobi, dont la hauteur moyenne est de 1 300 mètres, mais qui présente vers sa partie centrale un abaissement tel que le plateau n’a plus alors que 780 mètres d’élévation, étant réparti sur la surface entière de l’Asie, produirait un exhaussement de 41 mètres. L’intumescence qui part de l’Himalaya pour aboutir au Koueu-Lun et qui renferme le Thibet forme, en y comprenant ces deux chaînes de montagnes, une masse de 3 500 mètres d’élévation ; répartie sur toute la surface de l’Asie, elle donnerait une élévation de 110 mètres. Le plateau de la Perse produirait un exhaussement de 24 mètres, et les chaînes étroites de l’Altaï et de l’Oural élèveraient de 2 mètres la hauteur moyenne de l’Asie. L’effet du Caucase ne serait également que de 2 mètres. L’Asie Mineure, si remarquable par ses nombreuses montagnes, peut être considérée comme ayant une hauteur moyenne de 500 mètres ; cette presqu’île répartie sur l’Asie élèverait son sol de 10 mètres. La partie montagneuse de la Chine forme une in tumescence ayant 1 600 mètres de hauteur moyenne et qui, sur la surface entière de l’Asie, donnerait un exhaussement de 251 mètres. La vaste intumescence de l’Arabie, du Candahar, du Beloudschistan, des Ghates, du Mysore, de la grande Boukharie, a une hauteur moyenne de 331 mètres ; elle produirait une élévation de 58 mètres si elle était répartie sur toute l’Asie. De tous ces calculs partiels il résulte pour l’ensemble du continent asiatique une hauteur moyenne de 350 mètres au-dessus du niveau de l’Océan.
§ 5. — Amérique.
La grande masse centrale des Andes, depuis le 14e jusqu’au 20e degré de latitude sud, est partagée en deux chaînes ou Cordillères parallèles, entre lesquelles se trouve une vallée fort étendue et très-élevée. L’extrémité sud de cette vallée est traversée par la rivière Desaguadero ; au nord existe le fameux lac de Titicaca, d’une étendue égale à environ vingt-cinq fois celle du lac de Genève. Les rives du Titicaca formaient la partie centrale de l’empire des Incas. C’est dans une des îles de ce lac que Manco-Capac était né ; c’est là qu’on trouve les plus beaux restes des monuments élevés par les Péruviens au temps de leur antique civilisation.
La Cordillère occidentale, celle que dans le pays on nomme la Cordillère de la côte, sépare la vallée du Desaguadero, le Thibet du nouveau monde, comme l’appelle M. Pentland, et le bassin du lac de Titicaca des rives de la mer Pacifique. Cette chaîne renferme plusieurs volcans actifs, tels que le Gualatieri, le volcan d’Arequipa, etc.
Quant à la Cordillère orientale, elle sépare la même vallée des immenses plaines des Chiquitos et Moxos, et les affluents des rivières Beni, Mamoré, et Paraguay, qui se jettent dans l’océan Atlantique, de ceux du Desaguadero et du lac de Titicaca. Cette Cordillère orientale est renfermée dans les limites de la nouvelle république de Bolivia. C’est là que se trouvent l’Illimani et le Sorata.
De part et d’autre de la masse centrale, la chaîne des Andes se prolonge d’un côté jusqu’à l’isthme de Panama, et de l’autre jusqu’au détroit de Magellan ; elle se partage parfois en trois branches, par exemple vers les hautes plaines de Pasco et de Huanuco, et elle présente des renflements qui s’élargissent et forment de puissants contre-forts comme sont les promontoires de Cordova, de Salta, de Jujug, de Cochambaba, etc.
Les plus hautes cimes des Andes doivent être rangées dans l’ordre suivant :
Aconcagua (Chili ) 7 291 |
mètres. |
Sahama (Bolivie) 7 012 |
|
Perinacota ( Bolivie) 6 614 | |
Pomarape (Bolivie ) 6 613 | |
Chimborazo (Pérou) 6 530 | |
Nevado de Sorata (Bolivie) 6 490 | |
Nevado de Illimani (Bolivie) 6 456 | |
Gayambe-Urcu ( Pérou) 5 919 | |
Chipicani (Pérou) 5 760 | |
Pichu-Pichu (Pérou) 5 670 | |
Pyramides d’Hinissa (Pérou) 5 315 | |
Inchocaio (Pérou) 5 240 | |
Cerro de Potosi (Pérou) 4 888 | |
Nevado del Corazon (Pérou) 4 814 |
On voit combien ces hautes cimes des Cordillères des Andes sont plus élevées que les cimes des chaînes de montagnes de l’Europe. Les noms de ces cimes immenses rappellent que la plus grande partie de ces hauteurs sont plongées dans les régions des neiges perpétuelles ; razo, signifie neige ; nevado, en espagnol, veut dire couvert de neige.
Chipicani ou Tajora est une des montagnes couvertes de neige qu’on aperçoit du port d’Arica, dans l’océan Pacifique. Sa face orientale présente un cratère éteint, très-étendu et à moitié éboulé. Du côté occidental, il y a une solfatare d’où s’élève une grande quantité de vapeurs acides ; c’est à leur condensation que les eaux du Rio azufrado doivent les propriétés d’où la rivière a tiré son nom.
Sur le Cerro de Potosi, les mines sont exploitées jusqu’à 4 850 mètres. On voit par ce nombre que les mineurs ont porté leurs travaux sur la montagne du Potosi à une hauteur supérieure à celle du Mont-Blanc.
Les passages ou cols des Cordillères orientale et occidentale des Andes présentent les nombres suivants :
Passage | de Paquani (Cordillère orientale) 4 641 |
mètres. |
— | de Gualilas (route de la Paz à Arica) 4 520 |
|
— | de Tolapalca (route d’Oruro à Potosi) 4 290 | |
— | dos Altos de los Huessos 4 137 |
Ce dernier passage est sur la base méridionale du volcan d’Arequipa. Le nom qu’il porte tient à ce qu’on y trouve une grande quantité d’ossements de bêtes de somme mortes pendant la traversée : huessos, en espagnol, signifie os, ossements.
La hauteur moyenne de la crête des Andes est de 3 607 mètres (Voir fig. 249).
Les passages des Cordillères présentent des hameaux ou des habitations isolées, placés à des hauteurs surprenantes, quand on considère les difficultés de vivre dans des conditions climatériques si éloignées de celles auxquelles les hommes sont habitués :
Voilà une maison de poste située à la hauteur du Mont-Blanc. Je dois dire qu’à cause de la rigueur du climat, elle n’est habitée que pendant trois ou quatre mois de l’année ; mais la route est fréquentée dans tous les temps par les voyageurs qui se rendent de la Paz ou des autres villes populeuses de la Bolivie, aux rives de la mer Pacifique :
Maison de poste d’Apo, sur la Cordillère occidentale, route de Arequipa à Puno 4 376 |
mètres. |
Hameau et maison de poste de Chullunquani, sur le côté est de la Cordillère occidentale 4 227 |
|
Maison de poste de Rio Mauro, sur les limites du Pérou et de la Bolivie 4 196 | |
Maison de poste de Huayllas, dans la Cordillère orientale 4 191 | |
Maison de Challa, dans la Cordillère orientale 4 148 | |
Hameau de Santa-Lucia et de Miravillas, sur la route de Arequipa à Puno 4 088 |
autres que les Cordillères des Andes.
Sierra Nevada (Mexique) 4 786 |
mètres. |
Pic Frémont (Wind-River Mountains) 4 135 |
|
Le Coffre de Pérote 4 088 | |
Silla de Caracas (chaîne côtière de Venezuela) 2 630 |
Duida (Sierra Parime) 2 553 |
mètres. |
Montagnes Bleues (Jamaïque) 2 218 |
|
Mont Washington (Alleghanys) 1 900 | |
Itacolumi (Brésil) 1 754 | |
Cerro de la Giganta (Californie) 1 494 |
Lac de Titicana (Bolivie et Pérou) 3 872 |
mètres. |
Lac de Timpanogos (Mexique) 1 280 |
|
Lac de Nicaragua 38 |
Près du lac de Titicana se trouve le village de Tiaguanaco, célèbre par les ruines dont il est entouré, et qui sont les restes des gigantesques monuments élevés par les anciens Péruviens.
Gualatieri 6 693 |
mètres. |
Antisana 5 833 |
|
Arequipa 5 782 | |
Cotopaxi 5 753 | |
Popocatepetl 5 400 | |
Orizaba 5 295 | |
Sangay 5 223 | |
Purace 5 184 | |
Mont Saint-Élie 5 113 | |
Tunguragua 5 026 | |
Bucu-Pichincha 4 854 | |
Cumbal 4 761 | |
Montagne du Beau Temps 4 549 | |
Pasto 4 100 | |
Tolima 3 500 | |
El Viejo 2 923 | |
Colima 2 800 | |
La Solfatara (Guadeloupe) 1 557 | |
Morne-Garou (Saint-Vincent) 1 540 | |
Montagne Pelée (Martinique) 1 435 | |
Jorullo 1 203 |
Les villes du Pérou et de la république de Bolivia présentent les hauteurs suivantes, dont la grandeur mérite toute l’attention :
Lima, capitale du Pérou 156 |
mètres. |
Arequipa, capitale de la province du même nom 2 377 |
|
Cochabamba, capitale du département du même nom 2 575 |
Cochabamba, dont la population s’élève à 300 000 âmes, est donc plus haut que le Grand Saint-Bernard.
Chuquisaca ou la Plata, capitale de la nouvelle république de Bolivia 2 844 |
mètres. |
Tupisa, capitale de la province bolivienne de Cinti 3 049 |
|
La Paz, près de la source du Rio Beni 3 717 |
La Paz est maintenant la ville la plus florissante de Bolivia. Sa hauteur au-dessus du niveau de la mer surpasse de beaucoup celle des plus hautes cimes des Pyrénées.
Cette ville a une population de 5 000 âmes. Elle est au niveau du milieu de la vallée du Desaguadero, et forme le centre d’un district très-riche par ses mines.
Coxamarca, dans la province de Livertura 2 860 |
mètres. |
Micuicampa, dans la même province 3 618 |
La ville de Coxamarca est célèbre dans la conquête du Pérou par les souffrances que subit l’Inca Atahualpa. Micuicampa est renommée pour ses mines d’argent.
La population de Puno est de 5 000 âmes.
Cette ville, plus élevée que les plus hautes cimes du Tyrol, avait une population de 30 000 âmes avant l’insurrection des Indiens qu’excita Tupac Amaru.
Potosi se trouve donc à la hauteur du pic de la JungFrau, l’une des plus remarquables sommités des Alpes du canton de Berne.
Totoral, village situé à la base nord de l’Illimani 3 439 |
mètres. |
Carocollo, ville assez grande de la province de Oruro 3 879 |
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Lagunillas, village de la province de Oruro 4 135 | |
Calamarca, ville de la province de la Paz 4 141 | |
Tacora, village d’Indiens, situé à la base sud-ouest du volcan éteint qui porte le même nom 4 344 |
La république de l’Équateur présente près des volcans si actifs d’Antisana et de Rucu-Pichincha, des endroits habités aussi remarquables par leurs terribles voisinages que par leurs hauteurs :
Métairie d’Antisana 4 101 |
mètres. |
Ville de Quito 2 908 |
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Ville de Cuença 2 633 |
Dans la Nouvelle-Grenade on trouve :
Si, faisant abstraction de la hauteur des cimes, on descend la pente peu sensible du plateau mexicain oh trouve, d’après M. de Humboldt, les hauteurs suivantes pour les villes qui s’avancent du sud au nord :
Mexico 2 276 |
mètres. |
Tula 2 052 |
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San-Juan del Rio 1 978 | |
Queretaro 1 940 | |
Celaya 1 834 | |
Salamanca 1 756 | |
Guanaxuato 2 083 | |
Silao 1 802 | |
Villa de Léon 1 869 | |
Lagos 1 963 | |
Aguas-Calientes 1 908 | |
San-Luis de Potosi 1 856 | |
Zacatecas 2 450 | |
Fresnillo 2 208 | |
Durango 2 087 | |
Parros 1 520 | |
Satillo 1 597 | |
Chihuahua 1 414 | |
Cosiquiriachi 1 911 | |
Paso del Norte (sur le Rio Grande del Norte) 1 162 | |
Santa Fé del Nuevo Mexico 2 148 |
Des chars à quatre roues traversent cette immense étendue de pays, qui n’a pas moins de 16 degrés de latitude du nord au midi, et dont la hauteur est si remarquable.
M. de Humboldt évalue à 195 mètres la hauteur moyenne des basses terres de l’Amérique méridionale. L’exhaussement produit par la répartition des Andes sur toute la surface de ce pays serait de 126 mètres ; il faut ajouter 24 mètres pour les petits groupes de montagnes situés à l’est des Cordillères, pour la chaîne côtière de Venezuela, la Sierra Parime, voisine du haut Orénoque, et les plateaux du Brésil. On arrive ainsi à une valeur de 345 mètres pour la hauteur moyenne de l’Amérique méridionale.
La hauteur primitive des basses terres de l’Amérique septentrionale peut être évaluée à 144 mètres. Les masses montagneuses du Mexique et du Guatemala, et les montagnes rouges réparties sur tout le pays, donneraient un exhaussement de 81 mètres. Quant aux Alleghanys ou Apalaches, ils ne donneraient qu’un exhaussement de 3 mètres. La hauteur moyenne de l’Amérique septentrionale peut donc être évaluée à 228 mètres.
Comme les deux parties du nouveau continent ne sont pas d’égale étendue, que l’Amérique du sud a une surface de 1767 et l’Amérique du nord de 1 878 millions d’hectares, il en résulte que la hauteur moyenne du Nouveau-Monde n’est que de 285 mètres au-dessus des eaux de l’Océan.
§ 6. — Océanie.
Pour l’Océanie il serait complétement prématuré de se livrer aujourd’hui à aucune évaluation de la hauteur moyenne des terres. On possède seulement un très-petit nombre d’observations exactes sur les hauteurs des cimes volcaniques ; ces hauteurs sont les suivantes :
Mowna-Roa (Hawaii) 4 838 |
mètres. |
Berapi (Sumatra) 3 960 |
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Tobreonu (Otahiti) 2 865 | |
Taschen (Java) 1 949 | |
Gunung-Guntur (Java) 1 855 | |
Gunung-Keram (Java) 1 605 | |
Ternate (Moluques) 1 247 |
§ 7. — Hauteur moyenne générale des terres au-dessus de la mer.
Les chiffres que nous avons donnés dans ce long chapitre vont nous permettre de fixer la hauteur moyenne de toutes les terres de notre planète au-dessus des eaux de l’Océan. Le rapprochement des nombres que nous avons indiqués fournit le tableau suivant :
Surface en millions d’hectares. |
Hauteur moyenne. | |
Asie |
4 195 | 350 |
Amérique |
3 645 | 284 |
Europe |
941 | 205 |
Le calcul de la hauteur moyenne générale fait d’après les chiffres de ce tableau, donne 306 mètres, nombre qui ne sera pas beaucoup changé par les déterminations des hauteurs des parties de notre planète qui ne sont pas encore suffisamment étudiées.
Le chiffre de 306 mètres est beaucoup plus faible que celui qu’a adopté Laplace dans la Mécanique céleste. Laplace avait évalué à 1 000 mètres la hauteur moyenne des continents et des îles, mais l’illustre géomètre n’entendait fixer par ce chiffre qu’une limite supérieure ; il soutenait seulement que de vastes continents ont pu sortir de l’Océan sans qu’il en soit résulté de grands changements dans la figure du sphéroïde céleste qui jouit de cette propriété remarquable que, malgré la hauteur de quelques cimes isolées, sa surface diffère peu de celle qu’elle prendrait en devenant fluide.