Astronomie populaire (Arago)/XXIII/01

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 1-2).

CHAPITRE PREMIER

avant-propos


De tous les résultats qui font la gloire de l’astronomie moderne, aucun ne frappe plus fortement l’imagination des personnes étrangères aux lois de la mécanique céleste, que la détermination des masses des astres. Aussi, lorsqu’un professeur chargé d’analyser les merveilles du firmament devant les gens du monde, commet la faute, au début d’une leçon, de citer les valeurs numériques des masses planétaires ; s’il dit, par exemple, je vais prouver que le Soleil, placé dans le bassin d’une balance et soumis à la puissance attractive de la Terre, aurait besoin pour être équilibré de 354 936 globes pareils au globe terrestre, entassés dans le bassin opposé ; un vif sentiment d’incrédulité s’empare de l’auditoire, et si l’on écoute le démonstrateur, c’est seulement pour juger de son habileté à développer un sophisme. Telle est cependant la question à laquelle l’ordre naturel des idées m’amène inévitablement. Il m’a semblé que, sans recourir à aucune formule algébrique, je pouvais ne pas renoncer à la satisfaction de donner aux lecteurs une idée suffisamment exacte des méthodes à l’aide desquelles on est parvenu à peser les planètes. Si même je dévoilais ici toute ma pensée, l’on verrait, quoique j’aie réellement à parcourir l’ensemble des principes fondamentaux de la théorie de l’attraction, que je crains encore moins de ne pas être compris que d’entendre dire à ceux qui auront la patience de suivre la démonstration jusqu’à la fin : Comment, ce n’était que cela !