Astronomie populaire (Arago)/XXIX/05

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 454-456).

CHAPITRE V

bandes de saturne — son atmosphère


On voit à la surface de Saturne plusieurs bandes obscures et parallèles entre elles, semblables à certains égards à celles dont la surface de Jupiter est quelquefois couverte, mais différentes de celles-ci en ce qu’elles présentent une courbure très-sensible, tandis que celles de Jupiter sont rectilignes. De là résulte la conséquence que si les bandes de Saturne sont parallèles à l’équateur de la planète, le plan de cet équateur fait avec le plan de l’écliptique un angle assez considérable.

Les bandes ne sont pas permanentes, d’où il résulte qu’elles naissent au sein d’une atmosphère dont Saturne est entouré, conséquence à laquelle on arriverait également par la remarque que l’éclat de la planète n’est pas constant. Il est évident, en effet, qu’un corps solide et dépourvu d’atmosphère se montrerait toujours à nous avec la même intensité.

L’observation des bandes obscures sur le corps sphérique de Saturne est beaucoup plus difficile à faire que celle des bandes de Jupiter, généralement plus sombres et dès lors plus apparentes.

Néanmoins Cassini vit, en 1683, des bandes claires et conséquemment des bandes obscures intermédiaires sur le corps de Saturne en se servant d’une lunette de 13 mètres.

En 1762, Messier vit sur le disque de Saturne, pendant plusieurs jours, une bande obscure qu’il a décrite dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 1776 ; cette bande paraissait un peu courbe.

Le même astronome observait en 1766 des bandes obscures sur le disque de la planète ; elles étaient extrêmement faibles et difficiles à apercevoir.

En 1776, Messier disait qu’il voyait sur le disque de Saturne une bande aussi apparente que les bandes de Jupiter.

Herschel décrivait, en 1793, trois de ces bandes obscures qu’il avait observées sur la planète ; elles étaient très-courbes et parallèles à peu près à la branche la plus voisine de l’anneau.

Le dessin les représente comme se terminant au bord même de la planète ; mais cette circonstance, qui n’est pas indiquée dans le Mémoire, peut être une méprise du graveur. Cette explication est d’autant plus admissible, que dans la figure de la même planche relative à Jupiter, les bandes de cette planète se prolongent aussi jusqu’aux bords.

Nous trouvons dans les Mémoires d’Herschel des observations de bandes qui remontent aux années 1775-76-77-78 et 1780. Les bandes de ces époques n’étaient pas exactement parallèles à l’anneau ; le scrupuleux astronome y remarqua jusqu’à des inclinaisons de 15 degrés.

Mædler et Beer, dans leurs observations de 1834 et 1835, ne virent jamais qu’une bande sur Saturne ; ils remarquèrent qu’elle se continuait jusqu’au bord de la planète, d’où ils tirent, mais sans s’expliquer plus catégoriquement à ce sujet, la conséquence que cette bande n’est pas d’une nature nuageuse.

Herschel remarqua que les bandes aperçues sur le disque de Saturne, un certain jour, différaient beaucoup de celles qui y figuraient la veille. Il observa aussi des changements d’éclat dans les régions polaires de Saturne. Ces régions étaient d’autant moins blanches que le Soleil les avait plus longtemps éclairées. Ainsi les variations dont il s’agit sembleraient devoir être rangées parmi les phénomènes de température. Qu’on veuille maintenant les expliquer par de la neige ou par des agglomérations nuageuses, l’une et l’autre hypothèse supposent une atmosphère.