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Astronomie populaire (Arago)/XXVII/06

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 344-345).

CHAPITRE VI

intensité de la lumière de jupiter


Nous avons vu (ch. i) que, eu égard à sa distance moyenne au Soleil comparée à la distance de la Terre à l’astre radieux, l’intensité de la lumière et de la chaleur à la surface de Jupiter doit être représentée par 0,037, cette intensité étant 1 à la surface de notre globe.

Dans une lettre au grand-duc de Toscane en réponse à une brochure du seigneur Liceti sur la lumière cendrée, Galilée dit que Jupiter projette derrière les corps opaques des ombres à peine moins intenses que celles qui sont dues à la lumière de Vénus. Cette remarque intéressante perd une grande partie de sa valeur parce qu’elle n’est pas accompagnée de détails sur les circonstances où elle a été faite.

Jupiter donne des ombres, mais est-ce dans une chambre obscure ? cela n’aurait rien que de très-naturel. Est-ce sur un mur étendu, recevant seulement la lumière de la moitié du ciel visible ? Est-ce sur un écran horizontal éclairé simultanément par l’ensemble de tous les astres visibles dans une moitié du firmament ? Toutes ces questions diverses devraient être résolues pour que le fait pût conduire à des conséquences précises et utiles. Voyons comment dans cette vue les expériences devraient être dirigées :

Un écran de papier placé horizontalement est éclairé par la lumière provenant de tous les astres visibles ; au nombre de ces astres se trouve Jupiter. On établit ensuite une tige verticale opaque et déliée en face de la planète. À partir de ce moment, une partie de l’écran, celle qui correspond à l’ombre géométrique de la tige opaque, ne reçoit pas la lumière de Jupiter ; tout le reste est dans le même état qu’auparavant : on ne verra donc la portion de l’écran correspondante à l’ombre géométrique du corps interposé que dans le cas où la lumière de la planète sera une partie sensible de la lumière versée par tous les autres astres éclairants.

On admet généralement qu’une lumière ne produit un effet sensible en s’ajoutant à une autre lumière que lorsqu’elle est au moins la cinquante-cinquième partie de celle-ci. Dans cette supposition, l’ombre géométrique serait sensiblement inférieure en éclat au reste de l’écran, alors seulement que la lumière de Jupiter, qui tombe de part et d’autre de cette ombre, aurait une intensité au moins égale à la cinquante-cinquième partie de la lumière envoyée sur le papier par l’ensemble de l’hémisphère céleste.

Si, à l’aide d’un plan de verre interposé, on affaiblit la lumière provenant de Jupiter et celle-là seulement, on pourra déterminer expérimentalement le moment où cette lumière réduite sera égale à la cinquante-cinquième partie de celle provenant de tous les astres alors visibles.

Je n’ai pas besoin d’indiquer ici toutes les conséquences qu’on pourrait déduire de pareilles expériences conduites avec soin et faites dans des circonstances variées ; par exemple, lorsque le ciel renferme de brillantes comètes, lorsque la lumière zodiacale est visible, etc., etc.