Astronomie populaire (Arago)/XXXIII/04

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 654-656).

CHAPITRE IV

l’ordre des jours de la semaine, suivant les astrologues


Un cercle divisé en sept parties égales, et portant sur ses sept divisions les sept planètes des anciens, dans l’ordre des durées des révolutions de ces astres ou de leurs distances supposées à la Terre, telle est la figure mystérieuse d’après laquelle les astrologues expliquaient l’ordre des noms que portent les jours de la semaine.

Fig. 353. — Explication de l’ordre des noms des jours de la semaine, suivant les astrologues.

De chaque division du cercle, occupée par une planète, les astrologues menaient deux lignes aux deux extrémités de l’arc opposé. Ils avaient ainsi six lignes entrecroisées, formant sept triangles mixtilignes[1] égaux entre eux. Eh bien, si vous allez du sommet d’un premier triangle au sommet d’un second, en suivant le côté rectiligne qui leur est commun ; si du deuxième sommet vous passez, de la même manière, à un troisième, et ainsi de suite, vous trouverez, soit l’ordre des jours de la semaine, soit l’ordre inverse. Par exemple, la Lune . conduit à Mars  ; Mars conduit à Mercure  ; Mercure conduit à Jupiter  ; Jupiter conduit à Vénus  ; Vénus conduit à Saturne  ; Saturne conduit au Soleil  ; le Soleil , enfin, ramène à la Lune . La suite se trouve donc celle-ci :

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi


c’est l’ordre même de la semaine.

Si de la Lune on était passé au Soleil , le Soleil aurait conduit à Saturne , Saturne à Vénus , etc. ; l’ordre eût été

Lundi Dimanche Samedi Vendredi Jeudi Mercredi Mardi


c’est la semaine en sens inverse.

Il y avait dans ces entrecroisements cabalistiques des systèmes touchant l’influence des astres sur lesquels les astrologues ont refusé de faire connaître leurs idées.

Voilà donc deux explications de l’ordre dans lequel se suivent les noms des jours de la semaine : l’une fondée sur un ancien système d’astronomie ; l’autre appuyée sur une combinaison astrologique. Le nombre 7, qu’on ne parvint à compléter qu’en comptant le Soleil parmi les planètes, avait dans l’antiquité des vertus mystérieuses, et était l’objet d’un véritable culte : ce n’est pas impunément qu’on se fût hasardé en Égypte, en Grèce, à Rome, à annoncer l’existence de plus de sept planètes, c’eût été un attentat aux prérogatives du nombre 7 qui eût paru digne de toutes les malédictions de la religion : on n’aurait pas manqué de le punir de mort.

  1. C’est-à-dire composés chacun de deux lignes droites et d’un arc de cercle.