Atlas universel d’histoire et géographie/Gaule ancienne

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CARTES Nos 16, 17 et 18.

LA GAULE ANCIENNE.

gallia a. c. j. cæsaris tempore usque ad theodosi magni tempus ; — i. pars superior ; — ii. pars inferior ; — iii. alpes cottiæ, maritimæ, penninæ, narbonensis ii et viennensis.

gaule depuis l’époque de césar jusqu’au règne de théodose. — 1re  carte : gaule septentrionale. 2e carte : gaule méridionale. — 3e  carte : les alpes, la seconde narbonnaise et la viennoise[1].
N. B. Ces trois cartes représentent les divisions de l’époque romaine.

Géographie physique, orographie. — Alpes Maritimæ, Cottiæ, Graiæ, Penninæ ou Pœninæ dont les noms modernes diffèrent peu des anciens. Dans ces dernières, le Summum Penninum, l’Adula, au point central du système Alpin, est représenté par le St.-Gothard. Les Alpes Bernoises n’avaient pas de désignation spéciale. Le Jurassus, le Jura ; le Vosagus est la chaîne des Vosges ; enfin les Pyrenæi ; telles sont les seules montagnes qui méritent d’être mentionnées.

Détroit. — Le Fretum Gallicum, Pas-de-Calais, qui séparait la Gaule de la Bretagne.

Fleuves. — Rhenus, le Rhin, traversant le Lacus Venetus, lac de Constance, se jetant dans le L. Flevo, Zuyderzée, par l’Isola, Yssel, et dans la mer Germanicum, mer du Nord, par 2 autres embouchures ; il reçoit, à droite, le Nicer, le Necker, et, à gauche, l’Arula, l’Aar ; la Mosella, la Moselle, grossie elle-même du Saravus, Sarre ; Mosa, la Meuse ; grossie, à gauche, de la Sabis, Sambre. — Dans l’Océan : Scaldis, l’Escaut ; Samara, la Somme ; Sequana, la Seine ; qui reçoit, à droite, Matrona, la Marne ; Isara, l’Oise, grossie elle-même de l’Axona, Aisne ; à gauche, Scauna, l’Yonne ; — Liger, la Loire, qui reçoit, à gauche, Elaver, l’Allier ; Vigenna, la Vienne ; Garumna, la Garonne, qui reçoit, à droite, Tamis, le Tarn, Duronius, la Dordogne. — Dans la Méditerranée : Atax, l’Aude ; Rhodanus, le Rhône, grossi, à droite, de l’Arar, la Saône, qui reçoit elle-même le Dubis, le Doubs ; à gauche, Isara, l’Isère ; Druna, la Drôme et Druentia, la Durance ; — Varus, le Var.

Forêt. — Sylva Arduenna, Forêt des Ardennes.

Ethnographie. — La première phrase des Commentaires de César est une indication ethnographique : « Gallia in tres partes divisa est… » La Gaule est divisée en trois parties : 1o  La Belgica au N. ; 2o  la Celtica au centre, et 3o  l’Aquitania au S. O. Les plus anciens peuples de la Gaule sont les Celtes dont l’origine indo-européenne n’est pas douteuse et qui occupèrent d’abord tout le pays. Les Iberi-Ligures, qui vinrent du Sud, par l’Espagne, occupèrent les versants septentrionaux des Pyrénées et s’étendirent jusqu’en Italie en suivant les côtes de la mer ; origine controversée, probablement africaine. Les Belgæ ou Kymris, peuple de la même souche que les Celtes, mais détachés postérieurement du rameau principal et assimilables aux nations indo-germaniques. Ils vinrent occuper le Nord de la Gaule et refoulèrent, surtout au viie siècle, les Celtes vers le centre. De là les émigrations de Bellovèse en Italie et de Sigovèse dans la vallée du Danube.


1re  Époque : jusqu’à César. — La première conquête est celle du consul Q. Opimius, lorsqu’il vint au secours de Marseille contre les Ligures ; la lutte continua en 125 par les expéditions de M. Fulvius Flaccus (125) et de C. Sextius Calvinus en 123, fondateur d'Aquæ Sextiæ, qui reçut garnison, et non colonie romaine. Alliés des Éduens, les Romains pénétrèrent dans l'intérieur. Les Allobroges furent défaits, ainsi que les Arvernes, par Cn. Domitius Ahenobarbus, en 121, et par Fabius Maximus (Allobrogicus), la même année. Nous voyons, par les détails rapportés par Strabon, d'après Posidonius, sur les Arvernes, au temps de Bituitus et de Luernius, c'est-à-dire à cette même époque, que toute la Gaule était unie dans une vaste confédération en présence d'un danger commun, comme elle le fut une seconde fois au temps de Vercingétorix. La première province créée en Gaule fut la Narbonnaise du nom de la colonie romaine de Narbo-Martius, fondée en 118 (la ville existait auparavant et était une des plus prospères de la Gaule, au rapport de Polybe). La guerre de Marius contre les Cirnbres et les Teutons eut pour théâtre la nouvelle province entre Arausio, Orange, où le consul Cépion avait perdu 80,000 bommes (107) et Aquæ Sextiæ, Aix (107-102). Rome se contenta de ces possessions jusqu'au temps de César.

II. Époque de César. — En 59, César, cbargé du gouvernement des deux Gaules et de l'Illyrie, entreprit la conquête de la Transalpine entière. Il lui fallut huit campagnes, de 59 à 51, pour en amener la soumission : I Dans la première, il empêcha les Helvetii de sortir de leur pays par Genève, et les battit entre Bibracte et Cabillonum, Chalon-sur-Saône, et en refoula les débris dans leur pays ; il marcha ensuite sur les Suevi d'Arioviste, peuple de Germanie, qui avait franchi le Rhin et envahi la Gaule, et, après les avoir défaits et repoussés au delà du fleuve, il établit ses quartiers d'hiver à Vesontio, Besançon. — II. La deuxième campagne eut pour objet de soumettre les peuples de Belgique, en se ménageant l'alliance des Remi (Reims). Ces peuples sont : les Suessiones (Soissons), les Bellovaci (Beauvais), avec leur place de Braluspantium (vers Breteuil), les Ambiani (Amiens), les Atrebates (Arras), les Veromandui (Vermand, Vermandois), les Nervii (rive droite de l'Escaut : Bavay, Tournai, etc.), les Aduatuci (Namur, leur oppidum, sur le Mont-Falhize) ; César fit faire les campements d'hiver à Juliomagus, près de la Loire. — III. D. Brutus défait les Armoricains : Veneti (Vannes) ; Crassus, les peuples de l'Ouest, jusqu'à la Garonne ; Sabinus, les Aulerci, divisés en deux peulades : Cenomani (Maine), les Eburovices (Évreux), les Unelli (Cotentin, dans le département de la Manche), les Lexovii (Lisieux). En Belgique, les Morini (côtes de l'Océan, de Boulogne à l'embouch. de l'Escaut) et les Ambiani se soulevèrent. — IV. En Belgique, César repousse au delà du Rhin les Usipii et les Tincteri qui avaient traversé ce fleuve ; première expédition en Bretagne, embarquement a Itius Portus (Wissant). — V. Deuxième, expédition en Bretagne, traité avec Casivellaunus. États de Samarobriva (la chaussée Tirancourt, près d'Amiens). Distribution des légions : une chez les Essui (au N. d'Alençon), quatre chez les Treveri (Trêves), les Eburones (bords de la Meuse, pays de Tongres, de Liège, de Maestricht), les Nervii, les Atrebates, etc. Soulèvement de la Belgique : Eburones, Treveri, Aduatuci, Nervii. Massacre de la légion de Sabinus ; Q. Cicéron assiégé dans son camp ; victoire de César ; délivrance de Q. Cicéron. — VI. La guerre continue en Belgique ; nouvelle assemblée de Samarobriva. Guerre contre les Senones (Sens), les Carnutes (Chartes), les Eburones, les Treveri. Extermination des Eburons, soumission des autres peuples. — VII. La septième campagne, contre Vercingétorix et toute la Gaule révoltée, est la plus célèbre. Deux légions chez les Treveri, deux chez les Lingones (Langres) et six chez les Senones. Massacre des Romains à Genabum ou Cenabum (Or-


léans) par les Carnutes ; soulèvement général ; Vercingétorix reconnu pour chef de tout le pays. César part d'Italie, traverse la Provence, passe les Cévennes, ravage le pays des Arverni (Auvergne) quand Vercingétorix était chez les Bituriges (Bourges), et, à l'arrivée de ce dernier, repasse les Cévennes, prend, à Vienna, dans la Province, un corps de cavalerie, suit la rive droite du Rhône, de la Saône, Arar, traverse le pays des Ædui, Eduens (Autun) et gagne Cenabum, tandis que Vercingétorix était à Gergovia du Nord (S.-Pierre-le-Moutiers), chez les Boii, clients des Éduens. Elle est prise. Il enlève Noviodunum, ville des Bituriges (Neuvy-sur-Baranjon), puis Avaricum (Bourges), détache Labiénus contre les Parisii dont la ville est brûlée et qui sont battus ainsi que leurs voisins ; César marche sur Gergovia des Arverni, où il est repoussé par Vercingétorix. Les Ædui abandonnent César qui se trouvait entre la Loire et l'Allier. Il passe la Loire et gagne le pays des Sénons, où Labiénus le rejoint. L'armée se dirigeait vers la Province par les frontières du pays des Lingons, en marchant dans la direction de Séquanie, lorsque Vercingétorix vint proposer la bataille à César qui fut vainqueur, le poursuivit jusqu'à Alesia des Mandubii (Alise sur le Mont-Auxois en Bourgogne, ou, selon d'autres, Alaise en Franche-Comté), où le chef gaulois s'enferma avec son armée, attendant celle de toute la Gaule qui devait venir le délivrer. Toute la Gaule prit part, en effet, à la campagne, sauf trois peuples : les Lingones, les Remi et les Treveri. Les peuples armés pour la cause nationale et qui envoyèrent leurs contingents sous le murs d'Alise, sont mentionnés dans le chap. 75 du viie liv. des Commentaires. Ce sont : les Ædui avec leurs clients, les Segusiavi (le Lyonnais), les Ambivareti ou Amblua reti (position inconnue), les Aulerci Brannovices (rive droite de la Saône, selon les uns, et rive gauche selon les autres), les Brannovii (peut-être dans la vallée de la Brenne) ; les Arverni, avec leurs clients, les Eleutheri, Cadurci (Quercy, Cahors), les Gabali (Gévaudan, Mende), les Vellavii (Velai, le Puy) ; les Sequani (Franche-Comté), les Senones (Sens), les Bituriges, les Santones (Saintonge), les Ruteni (Rouergue, Rodez), les Carnutes, les Bellovaci, les Lemovices (Limousin), les Pictones (Poitou), les Turones (Touraine), les Parisii, les Helvetii (Suisse), les Ambiani, les Mediomatrici (Metz), les Petrocorii (Périgueux), les Nervii, les Morini, les Nitiobriges (environs d'Agen), les Aulerci-Cenomani, les Atrebates, les Veliocasses (Vexin), les Lexovii, les Aulerci-Eburovices, les Bauraci (où fut Augusta Rauracorum, à l'E. de Bâle en Suisse), les Boii (au S. du Nivernais), les peuples d' Armorica : Curiosolites (S.-Brieuc), Redones (Rennes), Ambibarri (Avranches) ; Caletes ou Caleti (pays de Caux), Osismii (Finistère), Lemovices (pays de Retz au S. de la Loire, à son embouchure), Unelli. Défaite de ces peuples et prise d' Alesia par César. — VIII. La Gaule est soumise ; César achève de réduire les Bituriges, les Carnutes, les Bellovaci, pacifie la Belgique ; les Andecavi (Anjou) donnent des otages et les Cadurci sont enfin soumis après la prise d' Uxellodunum (Luzech).

IIIe Époque : Auguste. Organisation de la Gaule. — Après la conquête de la Gaule, durent être créés trois nouvelles provinces, administrées ensemble militairement, de 48 à 46, par D. Brutus. César les répartit en trois gouvernement et nomma, peu avant sa mort, trois gouverneurs. Mais ce fut Auguste qui en fixa l'organisation, l'an 27 avant J C., à Narbonne. Les quatre provinces furent :

1° La Narbonensis, ou ancienne province, d'abord réservée à l'Empereur, à cause de la station navale de Forum Julii où étaient les débris de la flotte d'Actium. Elle fut donnée au Sénat, en 22, et administrée par un proconsul proprætore annuel, assisté d'un quæstor et d'un legatus.

2° L’Aquitania, entre les Cévennes, les Pyrénées, la Loire et l'Océan, gouvernée par un Legatus Augusti proprætore, assisté d'un procurator, comme province impériale prétorienne (voy. l'explication de ces magistratures, tabl. 21).

3° La Lugdunensis, entre la Loire, le Rhin, les Alpes, la Rhône supérieur et la partie septentrionale du bassin de la Seine, avec un Legatus Augusti proprætore, assisté d'un procurator.

4° La Belgica, entre la Lugdunensis, la mer et le Rhin, avec un Legatus Augusti proprætore, assisté d'un procurator.

5° et 6° Ces provinces virent s'accroître leur nombre de deux, avant la mort d'Auguste : la Germania superior ou Ire, avec Moguntiacum (Mayence)


pour ch.-l., et la Germania inferior ou II, avec Colonia Agrippina (Cologne) pour ch.-l., formant ensemble une longue bande de terre étroite et ayant le caractère d'une frontière militaire, dont le but était de tenir en respect les barbares d'outre-Rhin. Aussi le gouvernement en fut-il confié à des Legati Augusti proprætore consulares pouvant commander plusieurs légions, le nombre de ces légions cantonnées sur les bords du Rhin était considérable et ces 2 gouvernements étaient souvent confiés à des princes de la famille impériale.

7. Enfin Auguste avait encore créé une petite province équestre l'an 14 av. J. C : les Alpes maritimæ, administrés par un Procurator Augusti.

A la mort d'Auguste, en 14 apr. J. C, il y avait donc en Gaule 7 provinces : 1 du sénat, 6 de l'Empereur.


Prov. Sénatoriale. Narbonensis, prétorienne, c'est-à-dire gouvernée par un ancien préteur.
Prov. Impériales. 2 Consulaires

3 Prétoriennes

1 Equestre, procuratorienne.

Germania

Germania II°

Aquitania,

Lugdunensis,

Belgica,

Alpes maritimæ.

Ces trois provinces étaient désignées ensemble. par excellence, sous les mots de Tres provinciæ Galliarum.

Quant aux peuples des Alpes, qui formèrent, plus tard, deux nouvelles provinces équestres sous les noms d'Alpes Pœninæ et Alpes Cottix, ils n'étaient pas incorporés et firent un pacte avec Auguste, à la charge pour quelques-uns d'entre eux, sujets du Roi Cottius, de pratiquer une route dans les Alpes entre Suze et Briançon (Mont-Genèvre). Deux monuments font connaître les noms de ces deux groupes de peuples. Le Ier existait à l'endroit appelé Tropæa Augusti près de Nice et Pline nous l'a conservé. L'autre se lit encore sur la frise de l'arc de Cottius, à Suze.

Voici la première de ces inscriptions (Voy., pour la position de ces peuples, la carte des Alpes n° 18 et celle de l'Italie supérieure, n° 11) :

imperatori • caesari. divi • f • avg • pontifici maximo • imp • xitii • tribvniciae • potestatis xvii. s • p • q • r • qvod • eivs • dvctv • avspiciisque gentes • alpinae • omnes • qvae • a mari • supero • adinfervm • pertinebant. svb • imperium • pop • rom • svnt • redactae • gentes • alpinae • devictae • trivmpilini camvni • venostes • vennonetes • isarcibrevni • genavnes • focvnates • vindelicorvm • geàtes • qvatvor • consvanetes • rucinates • ligates • catenates • ameisvntes rvgvsci • svanetes • calvcones • brixentes • lepontii • viberi • nantvates • sedvni • veragri • salassi • acitavones • medvlli • vceni • catvriges • brigiani • sogivntii • brodiontii • nemaloni • edenates • esvbiani • veamini • gallitae • trivllati • ectini • vergvnni • egvitvri • nementvri • oratelli • nervsi • velavni • svetri.

(Plin. Hist. nat., liv. III, c. xx (xxiv).

Inscription de l'arc de Suse.

imp • caesari • avgvsto • divi • f • pontifici • maxvmo • tribunic potestate • xv • imp. xiii

L'identification de ces noms de peuples avec les positions modernes correspondantes est un travail difficile qui a été entrepris par beaucoup de savants, et notamment par M. Walckenaër dans sa Géogr. des deux Gaules ; mais les résultats obtenus ne pré-


sentent pas assez de certitude pour figurer ici. C'est ce qui fait que la position approximative des peuples des Alpes n'a été indiquée sur la carte n° 18 que pour une partie d'entre eux.

Organisation des 7 provinces, de la mort d’Auguste à la fin du Ier siècle. — Cités.

I. Province impériale consulaire de Germania Superior. Elle paraît avoir été séparée de la Germania inferior par la Nahe ; le Rhin lui servait encore de limite à la mort d'Auguste. C'est sous Donatien que le Rhin fut franchi, et, probablement sous Hadrien, que la muraille tracée sur notre carte fut conduite entre Mayence et Ratisbonne.

II. Province impériale consulaire de Germania inferior. Sa capitale, Colonia Agrippina, Cologne, s'appelait d'abord Oppidum Ubiorum. — Les deux provinces ont été réunies souvent sous le même commandement. Quant au service des finances, impôts directs, il était administré par un procurator Augusti qui étendait son action sur ces deux provinces et même sur la Belgique, à la fois.

III, IV, V. — Les tres provinciæ : Belgica, Lugdunensis, Aquitania. Elles furent divisées par Auguste, en 27 av. J. C, en 60 cités d'après les circonscriptions territoriales des anciens peuples gaulois. Ces cités, qui n'avaient point de centre pour la plupart (quelques exceptions sont très-connues Avaricum, Bibracte, Agedincum) s'en formèrent un : delà, le nom de l'ancien peuple transporté à la ville et servant encore aujourd'hui à la désigner : Turones, Tours ; Redones, Rennes ; Suessiones, Soissons. etc. Il n'y eut ni colonies ni municipes dans les 3 provinces, mais simplement des Civitates. et les habitants étaient désignés par l'appellation, ayant ici un sens particulier, de Cives, ce qui ne veut point dire qu'ils obtinrent d'abord le jus civitatis, droit de cité ; puisque c'est seulement au temps de Claude que les primores des Ædui, c'est-à-dire ceux qui avaient exercé des charges locales dans leurs cités, obtinrent le jus optimo jure (Tables claudiennes de Lyon), mais le droit accordé en bloc aux citoyens de chacune des cités des Tres provinciæ, était assez varié. Les unes étaient dites liberæ. les autres fœderatæ ; ce qui signifiait, pour ces dernières, qu'elles avaient le droit de disposer librement de leur revenu sans autorisation spéciale du magistrat de la province ; mais presque toutes ces cités jouissaient, vers le milieu du iie siècle, du jus latinum, acheminement déjà important à la plénitude du droit de cité qui devait consommer l'assimilation des vaincus aux vainqueurs. On établit, à la colonie de Lyon, Colonia Augusta Lugdunensis, un temple de Rome et d'Auguste, pour les trois provinces qui y entretenaient un grand prêtre, sacerdos, et des représentants religieux pour chaque cité. (Toute la partie de la ville comprise entre le Rhône et la Saône, là où est le centre actuel, formait la ville religieuse ; la colonie était sur les coteaux de Fourvières, rive droite de la Saône). Le service financier s'exerçait de la même manière dans les trois provinces que dans les provinces de Germanie.

VI. La Narbonensis, province du sénat depuis l'an 22. Narbo-Martius fut colonisée de nouveau par César l'an 46. Puis, vinrent s'ajouter les colonies suivantes : Forum Julii, Fréjus ; Arelate, Arles ; Bæterræ, Béziers ; Arausio, Orange ; Valentia, Valence ; Vienna, Vienne. Il y avait dans cette province un grand nombre de villes de droit latin. Plus tard, sous Hadrien, le titre de colonie fut donné à Avenio Avignon ; à Cabellio Cavaillon ; à Tolosa, Toulouse ; à Reii Apollinares, Riez ; à Ruscino. Marseille resta libre.

VII. Prov. procuratorienne des Alpes maritimæ. Néron lui accorda le jus Latii.

Du droit de cité concédé à la Gaule — César concéda le jus honorum, — c'est-à-dire le droit de cité aux citoyens qui avaient exercé les charges municipales, — à toute la Narbonnaise. Claude le donna aux Æduii, Galba à plusieurs parties de la Gaule ; Othon aux Lingones ; Vespasien restreignit les concessions faites avant lui ; mais Hadrien accorda le jus Latii à presque toute la Gaule et le jus civitatis aux cités qui avaient déjà le droit latin.

Divisions financières — Pour le service des impôts directs, il y avait dans les provinces du sénat le quæstor proprætore, et dans les provinces de l'Empereur les procuratores Augusti ; pour les impôts indirects, les procuratores Augusti vigesimæ hereditatum, préposés à la perception du 20e des successions ; le procurator Augusti quadragesimæ Galliarum, préposé à la perception des droits de douane (droit du 40e de la valeur déclarée des marchandises). Il existait d'ailleurs une union douanière pour les cités de la Gaule. Les procuratores quadragesimæ avaient sous leurs ordres des vérificateurs ou percepteurs, appelés Statores.

Pour les postes des routes de la Gaule, il existait un magistrat, chevalier romain, appelé præfectus vehiculorum per Gallias.

Division religieuse. — Dans la Narbonnaise et les Alpes maritimes il y avait un flamen augusti, pour la province, et, dans chaque cité un Flamen Augusti d'un degré inférieur. A l'époque chrétienne, le flamen de la cité devint le cvrator civitatis. Partout où il y avait flamen avgvsti, il y eut un èvêque ; et, de même que le flamen était curator, l'évêque devint defensor. De même que le Flamme était nommé par la curie, l'évêque fut nommé par le peuple. Par la tolérance religieuse, par la concession du droit de cité, enfin par la destruction des anciens liens politiques et reli-


gieux, la Gaule se fit romaine. Chaque divinité avait son culte particulier. Puis venaient les confréries du culte des Lares rétabli par Auguste et confondus avec le culte de la divinité de l'Empereur. De là l'association universelle des seviri avgvstales, Sevirs Augustaux, qui formaient en outre une sorte de Conseil de Prud'hommes.

Division des provinces en cités et administration municipale. — Les provinces se divisaient en cités et les cités en pagi ou cantons. Il y avait différentes espèces de cités.

En Narbonensis, outre les villes grecques, il y avait des Municipes, des colonies et des villes alliées fœderatæ.

Colonies. — Originairement une colonie était une ville fondée sur un territoire conquis et peuplée de citoyens romains. Mais, sous l'Empire, pour former une colonie on partagea le territoire d'une cité entre un petit nombre de citoyens romains et les habitants, qui étaient en beaucoup plus grand nombre d'ordinaire, et qui se trouvaient, par le fait, élevés à la dignité de citoyen romain.

L'administration de la colonie était composée d'un conseil de Décurions de cent membres. Pour être décurion, il fallait avoir 100 000 sesterces de capipital. C'était l’Ordo. Le Conseil ou Ordre des décurions était complété, passé en revue par les Quinquennales (voy. plus bas).

Les magistrats étaient nommés par le peuple curia, parmi les centumvirs ou décurions. Il y avait 6 magistrats annuels.

C'étaient d'ordinaire : les Duumviri juridicundo, iiviri • ivri • dicvndo, chargés de la justice et de l'administration de la cité. Ceux qui étaient nommés l'année du recensement étaient appelés qvinqvennales. Les Duumviri juridicundo se sont appelés d'abord praetores coloniae.

Pour le service de la voirie des marchés, etc., il y avait deux édiles coloniæ, appelés quelquefois aussi Duumviri aedilicia potestate.

Deux qvaestores étaient chargés des finances..

Quelquefois il y avait des Duumviri dans les colonies au lieu de Quatuorviri.

Municipes. — Dans l'origine, quand les Romains admettaient une ville alliée du Latium au droit de cité ou à une partie de ce droit en lui laissant ses institutions, cette ville était dite Municipe. Il y avait d'ailleurs peu de différence entre les institutions municipales de ces cités alliées entre elles, et celle de Rome, cité latine elle-même.

Les autres villes du reste de l'Italie admises au droit de cité et recevant le titre de municipe, se dépouillèrent peu à peu de leurs anciennes institutions, pour entrer le plus avant possible dans le jus civitatis.

La lex Julia municipalis, rendue par César en 47 avant Jésus-Christ, régularisa la constitution des municipes dans tout l'Empire. C'est cette loi qui les régissait au temps d'Auguste. Dans chaque municipe, il y avait, comme dans les colonies, un conseil de décurions de 100 membres.

Les magistrats des municipes étaient d'ordinaire désignés sous le nom de Quatuorviri, ivviri, dont 2 étaient dits ivviri • ivri • dicvndo, et 2, ivviri • aedilicia. potestate.

Quant aux sc-qvaestores}}, ils n'étaient pas sur le même rang, et ces fonctions salariées étaient quelquefois remplies par des esclaves publics.

Nîmes était officiellement désignée sous le nom de colonia • avgvsta nemavsensivm ; elle avait été fondée par Auguste et était inscrite dans la tribu Voltinia. Magistrats.

ivviri (Quatuorviri)

2 ivviri • ivridic ; 2 ivviri • ab – aerario.

2 aediles ; — 1 praefectvs • vigilvm • et • armorvm, chef des pompiers.

Magistrats.
Nîmes, quoique colonie, avait donc des Quatuorviri, dont le collège se partageait en deux groupes, portant chacun le titre de ivviri : les ivviri • ivridic • et les ivviri • ab • aerario. Ce qui peut être considéré comme une nouvelle exception, car l'édilité était plutôt une magistrature que la questure. Il y avait aussi des aediles, mais en dehors du collège des ivviri, seuls magistrats officiels de la colonie.
Vienne, [[sc|colonia ivlia • viennensis}}, fondée par les triumvirs, comprenant le territoire des Allobroges, inscrite dans la tribu Voltinia, ayant des vici importants dans sa dépendance et dans son territoire : Cularo, Augusta-Prœtoria et Genova. Ivviri Quatuor-viri : 2 ivviri • ivridi-cvndo ; 2 ivviri • ab • aerario • (On les appelle aussi iiviri, (Duumviri) ivridic. Iiviri • ab • aerario.

2 aediles. — 1 stator • xl (Quadragesimæ) galliarum, employé de la douane.

Narbonne. colonia ivlia paterna narbo-martivs decvmanorvm. Colonie fondée en 118 par Marcius Rex. (Julia indique les triumvirs ; Julia Paterna, César ; Julia Augusta (Auguste). Elle reçut, en 46, une colonie militaire de César, soldats de la 10e légion, Decumani ; de là son surnom. Ils avaient été envoyés avec Claudius Tiberius Néron, d'où : colonia ivlia paterna clavdia narbo marcivs. iiviri • ivri • dic., (Duumviri) iiviri. Aedilicia • potestate.

iiviri • quaestoria • potestate

Aix. colonia ivlia avgusta aqvis sextiis. Colonie en même temps que Nîmes, Arles, etc. iiviri • ivri • dicvndo.

2 praetores.

2 aediles.

Cité des Voconces. colonia dea avgvsta vocontiorum. Il y avait 2 capitales : Lucus Augusti ou Dea Augusta (Die) — et Vasio, Vaison. Id.
Riez, colonia ivlia avgusta apollinarivm reiorvm, colonie du Ier siècle. iiiiviri. (Quatuorviri).


Cités des tres provinciæ galliarum.

Lyon, colonia clavdia copia • avgvsta lvgdvnensivm, inscrite dans la tribu Galeria, fondée par Munatius Plancus en 43 avant Jésus-Christ. iiviri (Duumviri) ivri dicvndo.

2 aediles.

2 quaestores.


Il y avait à Lyon un grand nombre de corporations industrielles, telles que : les navtae • rhodanici • rhodano • navigantes ; — les navtae • ararici • arare • navigantes ; — les condeates • lvgdvni • consistentes ; — les navicvlarii • marini ; — les fabri • tignarii ; — les negotiatores • mvriarii ; — collegivm • negotiatorvm • vinariorvm ; — negotiatores • frvmentarii ; — centonarii • lvg • consistentes, etc. — Chaque corporation importante avait un cvrator, un praefectvs, des quinqvennales.

La Cité des petrocorii, Périgueux, avait des iiviri.

La Cité des bitvriges, Bourges, des iiviri, etc•

La Gaule sous les successeurs d'Auguste.

Sous Tibère, 14-37, eut lieu la révolte de Sacrovir et de Florus. En mémoire de la victoire des légions, on éleva l'arc d'Orange.

Caligula, né chez les Treveri, Séjourna à Lyon.

Claude, né à Lyon, favorisa l'aristocratie militaire pour abattre le Druidisme. L'accès au Sénat et aux grandes dignités devint possible aux Gaulois. La plénitude du droit de cité fut accordée aux magistrats municipaux des Éduens.

Sous Néron, c'est de la Gaule que part le mouvement qui le renverse.

Sous Vespasien, soulèvement des Bataves avec Civilis. Sabinus, Classicus, JuliusTutor trouvent pour adversaires les Gaulois Séquanes, les Rémois, etc.

Rien n'égala la prospérité de la Gaule sous les Antonins ; fondations littéraires, industrielles, etc.

Sous Hadrien, fondation des arènes de Nîmes, de la Basilique de Plotine. (Il est démontré aujourd'hui que la Maison carrée est du règne d'Auguste.)

Sous Marc Aurèle, l’édit provincial amène l'uniformité de la loi dans l'empire romain. L'extension du droit de cité et la conformité de législation consommèrent l'unité du monde.

Au iie siècle le christianisme se répandit dans la


Gaule ; les premiers apôtres sont même de la fin du Ier.

Au iiie, quelques-uns des 30 tyrans agitèrent la Gaule et les bords du Rhin.

Sous Aurélien, furent fondées des colonies et créée la province des Alpes Pœninæ ou Penninæ.

IIIe Epoque. IIIe et IVe siècles.

De la fin du iiie siècle, datent les grandes réformes de Dioclétien et la nouvelle division des provinces (voy. le tableau n° 23).

Constance-Chlore fonda Constantia (Coutances).

Sous Constantin, la paix de l'Eglise amène l'apparition des évêchés et l'organisation religieuse de la Gaule chrétienne (voy. le tabl. des Évêchés, n° 38).

Pour les divisions du ive s., nous nous bornons à en donner le tableau ici :

Lugdunensis : 5 prov, (Lyonnaise) Lugdunensis, i°.

Lugdunensis, ii°.

Lugdunensis, iii°.

Lugdunensis Senonia ou iv°.

Maxima Sequanorum.

Belgica : 2 prov. Belgica i°.

Belgica ii°.

Germania i° ou Germania superior.

Germania ii° ou Germania inferior.

Narbonensis : 3 prov. Viennensis. Narbonensis, i°.

Narbonensis, ii°

Aquitania : 3 prov. Aquitania, i°.

Aquitania, ii°

Novempopulania.

Alpes maritimæ.
Alpes Cottiæ.

Alpes Penninæ.

Alpes Graiæ.

Voy., pour le détail, les tabl. et les cartes 21, 23 et 24, géogr. de l'empire romain à trois époques différentes.

Sur notre carte n° 16, nous avons indiqué le tableau des légions qui ont stationné sur le Rhin, et, dans la carte elle-même, les juridictions des comtes et des ducs, conformément à la Notitia Dignitatum, et en prenant pour guide la récente édition de l’Atlas ancien de Spruner et Menke.

Les itinéraires de la Gaule.

itinéraire maritime.

A Lero et Lerino-Forum Juli. Des îles Lerins à Fréjus (portus). 24

A Foro Juli Sinum Sambracitanum. De Fréjus à la plage de S. Tropez. 25 20

A Sinu Sambracitano Heracleam Caccabaria. De la plage de S. Tropez à la tour de Camarat. Porbaria (portus). 16

Ab Heraclea-Caccabaria Alconem. De la tour de Camarat à la pointe de la Chappe. 12

Ab Alconis Pomponianas. De la pointe de la Chappe au château de Giens (portus). 30

A Pomponianis Telonem Martium. Du château de Giens à Toulon (portus). 15

A Telone Martio Taurvenlum. De Toulon à Tarente (portus). 12 28

A Taurvento Carsicas. De Tarente à la Ciotat (portus). 12 6

A Carsicas Citharistam. De la Ciotat à Cassis (portus). 18 8

A Citharista Portu Æmines. De Cassis au port Sormiou (positio). 6

A Portu Mmines Immadras. Du port Sormiou à l’île de Jaros (positio). 12 7

Ab Immadris Massiliam Græcorum. De l’île de Jaros à Marseille (portus). 12

A Massilia Græcorum Incarum. De Marseille à Incarus, sur la côte, à l’E. du port Megean (positio). 12

Ab Incaro Dilim. D’Incamus au port Sausset (positio). 8


Dili Fossas Marianas. Du port Sausset à Fos-lès-Martigues (portus). 20 15

A Fossis ad Gradum Massilitanorum. De Fos--lès-Martigues au Gras-de-Fos (Fluvius Rhodanus). 16

A Gradu per Fluvium Rhodanum Arelatum. Du Gras-de-Fos, par le Rhône, à Arles. 30


2° les voies romaines de la Gaule.


Strabon nous apprend qu’Agrippa avait fait de Lyon le centre des voies de la Gaule. De ce point central partaient quatre grandes voies qui, avec leurs embranchements, atteignaient tous les points importants du pays.

L’une allait de Lyon aux côtes de la Manche (réseau nord-ouest).

Une autre, de Lyon à l’Océan dans la direction de Saintes (réseau central).

Une troisième, de Lyon au Pyrénées (réseau du midi).

Une quatrième, enfin, de Lyon aux embouchures du Rhin (réseau de l’est).

Nous savons aussi par le même géographe que l’on pouvait entrer d’Italie en Gaule par trois points : 1° Nice ; 2° Suze et Briançon ; 3° les Alpes Penines et le Valais.

Nous ne pouvons donner ici le tableau des itinéraires de la Gaule. Ces documents précieux, bien étudiés, renferment la clef de presque toutes les identificalions des lieux anciens avec les noms modernes. C’est le guide le plus sûr de l’archéologue et du géographe. La difficulté est de faire concorder entre eux ces documents ou expliquer les divergences qui les séparent. M. Walckenaer l’avait tenté après d’Anville. La commission de la carte des Gaules l’a essayé récemment avec plus de succès, en laissant toutefois beaucoup à faire encore après elle.


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PL. 16 GALLIA SUPERIOR ACJ TEMPORIS CAESARE

PL. 16 GALLIA SUPERIOR ACJ TEMPORIS CAESARE

PL. 17. GALLIA INFERIOR ACJ TEMPORIS CAESARE

PL. 17. GALLIA INFERIOR ACJ TEMPORIS CAESARE

Pl. 18 ALPES COTTIAE, MARITIMAE, NARBONENSIS II. VIENNENSIS

  1. Sources et documents : Les textes anciens, surtout César, dépouillement géographique ; les itinéraires, les monuments épigraphiques et archéologiques ; — D’Anville, Walckenaër (Les Deux Gaules), les travaux de la commission de la Carte des Gaules, surtout pour les itinéraires, etc.